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Un calibre qui se révèle une arme fatale !

 

Mis en ligne le 21 juin 2011
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Courant mai, on apprend que Calibre est en liquidation. Très mauvaise nouvelle pour les 120 petits éditeurs qui lui avaient confié leur distribution dont certains spécialisés en littérature jeunesse !

La crise est passée par là se dit-on ; pourtant le taux de mortalité des 692 maisons d'édition qui se sont créées entre 1988 et 2005 a été de 49%. Donc plus structurel semble-t-il que conjoncturel ! Dans une monographie du Ministère de la culture, sur les petites maisons d'édition réalisée en 2007, les auteurs peinent à définir la notion de « petit éditeur » ; l'examen de leur chiffre d'affaires, de leur taille, de leur production ou encore de leur catalogue ne semble pas satisfaisant. Ils en concluent que « la prise de conscience du particularisme « petits éditeurs » est venue des défaillances répétées de certaines de leurs structures de diffusion et de distribution » ! Cela semble se vérifier, malheureusement !

Calibre a été justement créé en juin 2007 à partir de ce constat, par le Syndicat National du Livre (SNE) et le Syndicat de la librairie française (SLF), soutenu par le Ministère de la Culture avec une subvention de 230 000 euros du Cercle de la Librairie.
Les prestations de Calibre SAS sont alors financées par une commission payée par les éditeurs. Son taux est fixé à 14 % dont 3 % sont pris en charge par les libraires laissant aux éditeurs un coût réel de 11 %.
Les avantages : l'éditeur reçoit des commandes groupées et n'envoie au centre de distribution qu'un ensemble d'ouvrages au lieu d'expédier autant d'envois que de commandes ; le point de vente, lui, émet une commande unique vers Calibre au lieu d'émettre autant de commandes que d'éditeurs concernés ; le point de vente réceptionne un unique envoi provenant de Calibre.

Le succès semble au rendez-vous, puisque, 130 éditeurs sont diffusés par ses soins ; les dirigeants de Calibre déclarent, en 2010, être en « croissance continue ».
Alors qu'est-ce qui a présidé à cette liquidation 6 mois plus tard ? On cherche à comprendre en quoi ce qui légitimait un engagement à soutenir les petits éditeurs ne serait plus d'actualité, 4 ans après, dans une situation plutôt dégradée et quand la diffusion-distribution reste le goulot d'étranglement.

Adélaïde Veegaert, dont la maison d'édition Il était deux fois est distribuée par Calibre, souligne la brutalité avec laquelle l'information lui a été communiquée par mail le 4 mai dans lequel on lui indique que la liquidation, dite à l'amiable, est confiée à un administrateur judiciaire. Début juin on lui annonce le versement prochain d'un acompte de 20 % sur les ventes réalisées depuis 3 mois, la privant de 80% de ses revenus pour payer ses propres fournisseurs. Elle est « pieds et poings liés », dit-elle, car le contrat d'exclusivité qui la lie à Calibre l'oblige à continuer, la liquidation n'étant pas un motif de rupture de contrat !

Interrogée, Christine de Mazières, Déléguée générale du SNE, reconnait volontiers le besoin d'information. Mais Calibre était déficitaire depuis le début, contrairement semble-t-il aux affirmations de son management, et les difficultés se sont accrues avec la disparition de l'opérateur logistique en 2009. « L'année 2010 a été catastrophique », nous dit Christine de Mazières. « En tant qu'actionnaire principal, financièrement et juridiquement, on ne pouvait plus continuer. Nous avons décidé d'une liquidation à l'amiable, la voie la plus couteuse pour les actionnaires et la plus respectueuse pour les éditeurs, car elle permettait d'une part, de continuer l'activité, et ainsi d'éviter une rupture d'approvisionnement, et d'autre part de chercher un repreneur ».
Elle nous apprend qu'une solution a été trouvée : Pollen a été retenu conjointement par le SNE et le SNF la semaine dernière parmi 3 offres de reprise de Calibre. Les éditeurs en ont été informés vendredi et ce lundi (20 juin).
Pollen, société créée en 2004, offre en plus de l'activité de distribution, des opérations de stockage et devrait, dans un second temps, proposer des activités de diffusion.

Souhaitons aux éditeurs concernés de retrouver la sérénité avec cette solution qui, nous l'espérons, leur permettra de se consacrer à l'œuvre de création pour lesquelles ils sont tellement nécessaires.

T. Grappin
21/06/2011