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Susie Morgenstern

1 mars 2006

Les romans de Susie Morgenstern ont toujours un petit goût d'amour et de famille. Pour la sortie de son dernier livre, Une mère, comment ça aime ?, aux édition de La Martinière jeunesse, elle a accepté de nous parler de son propre statut de maman, de ses projets,...Le tout avec sa passion habituelle !

 

 

 

 

 

 

Ricochet - Comment vous est venue l'idée de votre dernier livre, Une mère, comment ça aime ? Etait-ce une idée à vous, ou vous a-t-on sollicitée spécialement ?
Susie Morgenstern - Je n'ai jamais d'idées pour des documentaires. Si j'ai une idée c'est plutôt pour un roman. J'ai déjà traité de la mère dans plusieurs livres (surtout "Terminale ! Tout le monde descend" à l'Ecole des loisirs). Je suppose que c'est pour cela que Béatrice Decroix m'a téléphoné un beau jour pour me demander d'écrire un livre sur les relations mère/enfant/ado pour sa collection Oxygène. Je venais d'avoir un accident et j'étais immobilisée. J'ai accepté parce que je pensais que j'aurais la disponibilité de réfléchir et d'écrire ce livre au lit. C'était donc une commande. J'adore les commandes parce qu'elles te forcent à aller là où tu ne serais pas forcement allé.

 

 

Ricochet - Vous êtes-vous inspirée de votre relation avec votre mère, de celle avec vos enfants, ou des deux ?
Susie Morgenstern - Sûrement tout ça ! Mais j'ai essayé de sortir un peu du modèle de ma famille pour recouvrir d'autres sortes de relations.

Ricochet - Pour écrire ce livre, il a fallu de votre part aussi un certain effort de recul et d'autocritique (vous avez inséré des témoignages de vos propres filles). N'est-il pas difficile de parler de soi, de parler d'une relation aussi personnelle que celle d'une mère avec son enfant ?
Susie Morgenstern - Parler de moi est mon fond de commerce. Si c'était trop difficile j'aurais fait faillite il y a longtemps. Mais c'est vrai que ce livre était très difficile à écrire pour moi, pas parce que c'est personnel, mais parce que je ne suis pas une psychologue ou une sociologue ou un psychiatre. N'empêche que j'ai posé les questions de "la carte d'identité de ta mère" à toutes mes copines et elles étaient très heureuses d'en parler et de chercher les réponses correspondantes à leurs mères.

Ricochet - Comment avez-vous réuni les lettres d'adolescents qui ouvrent chaque chapitre ?
Susie Morgenstern - J'ai écrit, inventé toutes les lettres soi-disant des ados. C'est ma partie fiction du livre. (Sauf la lettre de ma véritable fille).
 

 

Ricochet - Comment vos enfants ont-ils réagi face à votre projet ?
Susie Morgenstern - Ma fille Mayah avait très peur de ce projet, car, me dit-elle, on ne pense pas que sa propre mère puisse servir d'exemple. Maintenant, elle l'a lu, et elle m'a dit que c'était moins pire que ce qu'elle pensait, et que ce livre pourrait servir à quelque chose dans ce monde. Ma fille aînée, ma chère correctrice, a trouvé le livre original mais un peu bourgeois.

 

Ricochet - Pour vos premiers romans, vous vous inspiriez de vos enfants. Aujourd'hui qu'ils sont grands et mariés, est-ce le tour de vos petits enfants d'être vos " muses " ?
Susie Morgenstern - Oui, mes petits-enfants ont pris le relais. Ils m'inspirent beaucoup. J'ai écrit de nombreux livres sur eux.

Ricochet - Dans Une mère, comment ça aime ?, vous faites justement une dédicace à vos petits-enfants. Comment se passe cette relation : jouez-vous à la " mamie-gâteau " avec eux, en leur racontant des (ou vos) histoires au coin du feu ?
Susie Morgenstern - Je suis une jeune grand-mère, très active et occupée. Je vois souvent ma petite fille qui est à Nice et je suis là pour "grandmerder" quand il faut. Je parle beaucoup et j'écris des emails à mes deux grands à Paris. On passe les vacances ensemble. Mais je suis loin d'être la mamie gâteau, d'abord, si j'étais amenée à faire un gâteau, je mangerais la pâte avant même de le mettre au four.

Ricochet - Finalement, votre guide sur les mamans permet aux enfants de mieux les comprendre, mais il contient par la même occasion des conseils implicites destinés aux mères. Conseilleriez-vous aux mamans de lire aussi votre livre ?
Susie Morgenstern - C'est mon but. C'est un livre qui, j'espère, peut aider les deux membres du couple à se comprendre.

Ricochet - Pour ce nouveau livre, vous changez de registre et surtout de genre. Après avoir écrit de nombreux romans, souhaitiez-vous aborder un autre aspect du livre ?
Susie Morgenstern - Pas vraiment, mais c'était intéressant de travailler d'une autre façon. Je préfère dire des choses avec des personnages, une intrigue, des dialogues, une histoire.

Ricochet - En quoi la démarche est-elle différente entre l'écriture d'un roman et d'un essai comme Une mère, comment ça aime ? ?
Susie Morgenstern - Je m'amuse mieux dans un roman. Je pars à l'aventure avec mes personnages. Je ne sais jamais d'avance où je vais arriver. Je m'envole. Un essai suppose une connaissance de son sujet. Ca me met mal à l'aise. J'ai vraiment eu le trac en écrivant "Une mère". Je n'avais pas beaucoup de confiance en moi.

Ricochet - Selon vous, quel genre d'écrivain êtes-vous ?
Susie Morgenstern - Un oiseau mazouté qui essaie de s'envoler.

Ricochet - Quels sont vos prochains projets ?
Susie Morgenstern - J'écris une série de livres sur une fille de 4 ans - Emma. Je suis en train d'écrire un roman qui, j'espère, va être très drôle. Et je termine un roman pour … adultes !

Ricochet - Vous arrive-t-il de mener de front plusieurs livres différents ?
Susie Morgenstern - Oui, je suis une usine !

Ricochet - Êtes-vous parfois insatisfaite de ce que vous écrivez ? Y a-t-il ainsi des livres de vous que nous ne lirons jamais ?
Susie Morgenstern - La moitié de ma production a été refusée par mon éditeur. Ces manuscrits (morts) sont entassés dans une malle-cimetière. D'habitude j'aime ce que j'écris. Je ne suis pas un écrivain tourmenté qui s'arrache les cheveux. Mon mari m'appelait "un imbécile heureux".

Ricochet - Ecrivez-vous tous les jours ? Vous imposez-vous un rythme d'écriture ?
Susie Morgenstern - Oui, je suis très disciplinée, et surtout, je ne peux pas vivre sans écrire.

Ricochet - Vous inspirez-vous de personnages vrais pour donner des traits de caractère à vos héros ?
Susie Morgenstern - Plus ou moins. Pas toujours. Et puis, en fin de compte, assez souvent.

Ricochet - Y a-t-il un écrivain que vous suivez actuellement avec intérêt ?
Susie Morgenstern - Je lis tout ce qu'écrit Philip Roth. Il est pour moi LE grand écrivain américain. Je rêve de le rencontrer.

Ricochet - Lisez-vous beaucoup de livres pour enfants ? Lesquels en ce moment ?
Susie Morgenstern - Je lis beaucoup de livres pour la jeunesse. Je viens de lire tous les livres d'Olivier Adam. Wow !

Ricochet - Quel genre de lectrice étiez-vous, enfant ?
Susie Morgenstern - Vorace !

Ricochet - Quelles différences fortes remarquez-vous entre les livres pour enfants aux Etats-Unis et en France ?
Susie Morgenstern - Tous les bons livres américains et anglais sont traduits en France. Le contraire n'est malheureusement pas vrai. Je pense quand même que dans mon palmarès de grands livres pour enfants, les anglo-saxons sont de loin meilleurs. Je pense à Louis Sachar, Robert Cormier, Philip Pullman, etc.

Ricochet - Vous verriez-vous écrire pour les adultes ?
Susie Morgenstern - Le roman que je viens d'écrire pour adultes est une exception. Je n'ai pas comme ambition de devenir un écrivain pour vieux. Je suis complètement engagée pour les enfants. Ce n'est pas une promotion pour moi d'écrire pour adultes, j'avais simplement envie de parler de sexe.

Ricochet - Et alors...dites...à quand le guide des grand-mères ?!
Susie Morgenstern - N'en parlez surtout pas à Béatrice Decroix !
 

Une mère, comment ça aime ?, La Martinière jeunesse, 2006, coll. Oxygène, 10 euros

 

Susie Morgenstern dédicacera son livre sur le stand des éditions De La Martinière, le samedi 18 mars à partir de 15h00, au Salon du Livre de Paris.

 

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Illustration d'auteur

Susie Morgenstern

française,
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