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Romain Simon, un talent sûr d’illustrateur animalier originaire de Lorraine

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Raymond Perrin
2 janvier 2010


Depuis six décennies, tout enfant de France aura eu entre ses mains, le plus souvent en l’ignorant, au moins un livre écrit ou dessiné par l’auteur-illustrateur Romain Simon


Né le 5 janvier 1916, à Malzéville, ville de la région nancéenne, le Lorrain est à la fois d’origine française par son père et russe par sa mère.

Il était si modeste et discret que l’on ne trouve nulle part une biographie ou une bibliographie exacte ou satisfaisante1 le concernant alors qu’il a mis en images, de 1937 à 2005, plus de 250 livres, aux couvertures souvent renouvelées au gré des rééditions.

Le cadet d’une famille d’exception, dans sa traversée du XXe siècle


Son père Pol Simon, né à Commercy en 1880, a fondé avec son épouse Elisabeth Gontcharov, une famille exceptionnelle d’artistes, de journalistes ou d’écrivains lorrains, trop oubliés aujourd’hui. Chef de travaux de mathématiques à la Faculté des sciences de Nancy, dès 1905, et aussi professeur à l’institut électrotechnique, Pol Simon ne limite pas ses activités à cette discipline même s’il publiera en 1922, une savante étude sur La Recherche des lieux géométriques en géométrie analytique. Sa curiosité intellectuelle s’étend aux arts plastiques, à l’architecture et au théâtre.

Journaliste et artiste, il écrit parfois sous le pseudo de Simpol.


Il intervient dans les lieux culturels à l’époque de l’Ecole de Nancy qu’il défend ardemment avec Gallé, Meixmoron ou son ami meusien Adrien Lecouvreur. En 1906, il a épousé la petite nièce d’Ivan Gontcharov, l’auteur d’Oblomov (1859). Quatre fils naissent de ce mariage2: l’écrivain et journaliste Sacha, né en 1908 en Russie, comme son frère, l’acteur, romancier et chansonnier Louis, né en 1911, l’écrivain et traducteur Boris, né en 1913 à Malzéville, comme l’auteur et illustrateur Romain.


Pol, « Lisa » et les enfants sont venus passer les vacances de juillet 1914 en Russie, dans la propriété de Douchka, grand-mère maternelle des enfants et nièce de l’écrivain Ivan Gontcharov, l’auteur d’Oblomov. Survient l’ordre de mobilisation pour Pol Simon. Comme on croit que la guerre ne va pas durer, Sacha et Boris vont rester chez la grand-mère Douchka dans le village de Pokrowskoïé, non loin de la petite ville de Perimichl, dans les environs de Moscou. L’exil dure de 1914 à 1921, à la fois en raison de la guerre mais aussi de Révolution russe de 1917 et de ses conséquences. Romain, âgé de cinq ans, va enfin connaître, ses deux autres frères.


Pol Simon, toujours sur la brèche, n’aura pas le temps d’assurer l’éducation de ses quatre enfants puisqu’il meurt très tôt, en 1922, à l’âge de 42 ans. Une vente aux enchères au profit de ses enfants est alors organisée par ses amis et artistes de l’Ecole de Nancy et les enfants sont, dès 1922, adoptés par La Nation. Elisabeth Gontcharov (Smolensk, 1883-Nancy, 1947) élève seule ses enfants puisque sa mère Douchka, dépossédée de ses biens en Russie et venue en France, est tuée par un express sur le quai d’une gare, près de Nancy.

Parmi les Comédiens routiers de Léon Chancerel


Celui qui est l’un des plus grands créateurs animaliers de ce siècle pour les œuvres juvéniles ne semble pas s’être lancé très tôt, du moins officiellement, dans le monde de l’illustration. On sait qu’il a fait partie d’un groupe créé par le père jésuite nancéen Brandicourt, connu pour ses spectacles de marionnettes mais après la guerre de 39-45.


Elève du grand maître cartonnier et tapissier Jean Picart le Doux (1902-1982) et du peintre figuratif Maurice Mazo (1901-1989), très attaché à la perfection technique et formelle et à la représentation, Romain Simon apprend auprès d’eux son sens de la composition, son goût très sûr pour les couleurs tout en développant son sens naturel de la fantaisie et du bonheur de vivre.


On connaît sa participation, avec son frère Louis, à la troupe des Comédiens routiers transformés en acteurs accomplis par l’homme de théâtre et pionnier Léon Chancerel (1886-1965), disciple de Jacques Copeau. De 1929 à 1939, ces comédiens aguerris animent le Théâtre de l’enfance pour lequel Léon Chancerel crée le personnage de l’Oncle Sébastien. Ce théâtre itinérant est d’autant plus populaire que Radio-Luxembourg diffuse en 1937 les 27 épisodes des Aventures de Ludulu. Les éditions Bouasse Jeune publient dès 1936 les « Albums de l’oncle Sébastien » illustrés par trois dessinateurs dont Romain Simon, seul auteur et illustrateur de Ludulu Messager mais il a mis aussi en images Pouique le glouton. Il semble avoir participé à l’album Ludulu fait des heureux (1937). Comme Romain réalise aussi les décors de ce théâtre pour la jeunesse, on perçoit déjà son désir de dessiner et, éventuellement, d’écrire pour les plus jeunes. Maryline Romain note dans son essai sur Léon Chancerel3 que Romain Simon, « comédien inventif, se révèlera de surcroît excellent dessinateur et sculpteur de masques »

Des années de guerre et de captivité aux premières illustrations animalières


En 1938-39, Romain Simon quitte l’équipe théâtrale pour le service militaire. Pendant le conflit, il est fait prisonnier. Après les années de guerre et de captivité, Romain Simon dont on a retrouvé des dessins réalisés pendant la guerre sur des ouvrages militaires, aurait dessiné pour des journaux mais on ne sait s’il s’agit de publications juvéniles ou adultes. Il s’est marié en 1943 à Florac, en Lozère.

(On sait aussi qu’il a réalisé en 1951, pour le quotidien L’Espoir de Lille, une bande dessinée muette et sans titre et l’on connaît sa participation à La Semaine de Suzette, en 1952).



L’illustrateur des albums novateurs du Père Castor


Si la première rencontre décisive fut celle de Léon Chancerel avant la guerre, une deuxième personne va sans doute infléchir plus tard la carrière de Romain Simon. C’est Paul Faucher (1898-1967)4, alias Paul François, « Le Père Castor », inventeur de l’album moderne au début des années 30, très attaché à l’éducation moderne, qu’il rencontre vers 1947-1948. Ces contacts fructueux débouchent sur la publication, dès 1949, de plusieurs « Albums du Père Castor », (la plupart des titres publiés cette année-là). Dans ces albums, souvent didactiques, s’affirme ce qu’Olivier Piffaulft5 a pu appeler « le réalisme pédagogique, non exclusif de poésie ».





Après Le Pèlerinage de la pauvre fourmiguette, Romain Simon s’inspire de textes de Paul François (Bravo tortue, Chante Pinson), adaptant lui-même des Fables de La Fontaine (Le Lièvre et la Tortue, La Cigale et la fourmi). il illustre des textes de l’épouse et collaboratrice de Paul François, Lida (Lida Durdikova, 1899-1955), comme Poulerousse et La Grande nuit d’été), et d’A. Telier (ce pseudonyme amusant désigne en fait les auteurs de l’Atelier du Père Castor), tels Boucle d’or, La Chèvre et les biquets ou réalise seul texte et dessin (Le Petit âne, et le célèbre Rataton). Notons que certains albums, tels Le Singe et l’hirondelle, Les Trois petits cochons et Poulerousse, seront repris par d’autres illustrateurs.


S’il reste trois ans dans l’équipe du Père Castor avant de voler de ses propres ailes, notons que François Faucher reprendra contact avec lui lorsqu’il reprendra les rênes, en 1967, de l’Atelier du Père Castor à la mort de son père, en s’appuyant sur les « auteursmaison »6. Le nouvel éditeur republie certains albums (La Famille Rataton, devenu une animation diffusée à partir de 1993), ou en accepte de nouveaux (Où est maman ?, Chats perchés…). Romain Simon participe surtout activement à la collection « Roman des bêtes » en illustrant des textes de Vassilissa (alias Rose-Marie Vassalo, Le Grand cerf et le lapin des champs, 1972, Une histoire d’ours et d’élans, 1974, Le Jamais content !), de Laurence Delaby (Toum Toum le manchot empereur), Colette Sébille (La Plume du caneton), Danièle Prévost, Anne Fronsacq, Andrée-Paule Fournier (Skir le renard) ou en signant texte et dessin. Sa participation s’étendra encore aux collections « Les Petits Castors » (Les Cinq oursons, 1985, Le Canard grognon) et « Premières lectures (La Plume du caneton, 1995) et il était encore tout désigné pour participer à L’Imagier des animaux (1999).





Ces divers albums « délicieusement illustrés », selon la critique de l’époque, ont permis de souligner, outre son grand talent d’animalier, tantôt la finesse et la fantaisie des images, tantôt leur dynamisme, leur drôlerie et leur inventivité.

Chez Hachette et chez d’autres éditeurs


Au début des années 50, même si Romain Simon travaille d’abord et surtout pour les éditions Hachette, il multiplie ses participations chez plusieurs éditeurs fort différents.


On le rencontre aussi bien chez Mame (pour mettre en images Les Trappeurs de l’Alaska de Gustave Aimard en 1953 et pour la couverture de En panne sur Mars de J. Carey Rockwell, en 1955) que chez G. P. en 1955 (pour Bel-OEil, histoire d’un petit âne qui avait les oreilles trop courte de Marguerite Clément) ou chez Gédalge pour des Fables de La Fontaine. S’il n’illustre d’abord que les Contes et légendes indiens de Mme Foure-Selter (1958) chez Nathan, sa participation aux éditions Bias sera plus fournie.


Les éditions Bourrelier font appel à l’illustrateur pour deux rééditions de Charles Vildrac dans l’excellente collection reliée « L’Alouette ». Des illustrations en couleur agrémentent ainsi L’Île rose en 1956 et La Colonie en 1957.


Après Les Contes du fraisier sauvage de Henri Pourrat et Les Contes du lutin de Jehanne Roche, il met en images deux aventures de La Poulette blanche de Marguerite Soleillant en 1958, un an avant l’illustrer quelques Fables de mon jardin de Georges Duhamel. Au cours des années 60 et 70 s’ajouteront en 1965, les illustrations des Contes de l’hiver et Contes de mon chalet de Paul-Jacques Bonzon, de La rencontre de Poucet et Petit-Bec du Néerlandais Jaap Ter Harr et de Mon ami l’écureuil de Maurice Genevoix. Notons trois couvertures différentes pour Trois contes (anciens et nouveaux). Ses dernières collaborations avec les éditions Bias, après un retour sur La Fontaine en 1977, avec Trois fables racontées par Ghislaine Laramée,  se concrétisent en 1979 par les albums Gentils animaux et Missouri, le petit siamois.


Chez Hachette, bien qu’il ne soit pas très à l’aise vis-à-vis de la littérature fantastique ou de fantasy car il est accoutumé à la représentation réaliste, l’illustrateur se charge du mieux qu’il peut des images de deux romans des Chroniques de Narnia de Clive Staples Lewis, et du Magicien d’Oz de Frank L. Baum pour la « Bibliothèque Rose ».

Sans doute préfère-t-il la mise en images, en 1952, d’une réédition des Contes de mon père le jars de Léonce Bourliaguet et du récit Au pays des cinq rivières de George Cory Franklin. Il participe surtout aux collections « Albums roses », dès 1953 avec Les Fables imagées de La Fontaine et à la collection « Gentil coquelicot ». Le fabuliste lui inspire quatre « Albums roses » dans lesquels éclate la souplesse de son trait malicieux et comique. Désormais, il développe avec beaucoup d’humour et de fantaisie, libéré de toute préoccupation pédagogique cette fois, les histoires de l’âne Picotin, depuis Picotin et ses amis (1955) jusqu’à Picotin autour du monde (1959), celles de Nénuphar le chimpanzé (de 1956 à 1960) ou du chien basset Mirabelle, de Mirabelle au bois (1958) à Mirabelle et ses amis (1960), bien avant les aventures du chien Ploum, parfois sur des textes d’Axelle Porm.

S’il adopte le nécessaire dessin caricatural, il ne le fait jamais aux dépens de son sujet ou de ses personnages et son trait laisse toujours apparaître beaucoup de tendresse, de malice et d’humeur joyeuse.


Ce sont ses illustrations qui accompagnent les adaptations d’Odette Larrieu, dans la collection « Idéal Bibliothèque » pour Les Fables de La Fontaine et pour Le Roman de Renard (également présent dans « Le Jardin des rêves »).


La collaboration avec Hachette se poursuit dans les années 60 et 70 lorsqu’il s’agira de mettre en images, dans des albums ORTF ou dans la « Bibliothèque rose » plusieurs épisodes des aventures de Nounours, le personnage télévisuel connu de Claude Laydu. Souvent sur des récits écrits aussi par André Delmont, paraissent au moins sept livres ou albums, de Nounours parachutiste (1966) à Nounours acrobate (1969).


Ajoutons deux participations aux « Albums joyeux » et, en 1979, à au moins cinq épisodes de la collection « Les Poussins », tels Le Chat-Tigre ou Croco le vaniteux, et, finalement, au recueil de Jean-François Deniau, Mes Plus belles histoires, édité en 2004.

Des images bien adaptées aux textes de Marcelle Vérité


Il faut croire que la conteuse et romancière Marcelle Vérité avait apprécié les images de Romain Simon fournie pour son ouvrage documentaire, Le Monde des plantes paru chez Hachette, l’année où le même illustrateur se charge de son roman Alerte aux cimes, deux ouvrages parus chez Hachette en 1957. En effet, ces deux livres marquent le début d’un long compagnonnage créatif entre le Lorrain et la Béarnaise d’origine.


Au début des années 60, dans la série « Il était une fois… », l’illustrateur livre des images très documentées pour La Forêt et ses bêtes et Une rivière. Il est davantage présent dans la série des « Animaux » (depuis Animaux des montagnes en 1962 jusqu’à Animaux voyageurs en 1976, en passant par ceux de la mer, du cirque, de la ferme ou de la jungle, ces ouvrages étant regroupés dans la collection « Albums Marcelle Vérité » …


Toujours au cours des années 60, Romain Simon participe aux collections « Les albums puzzles » et « Les albums merveilleux » en répondant à la question : Qui habite la mer ? la montagne ? la forêt ? la rivière ? Il compose aussi des histoires, depuis Le Petit ours désobéissant jusqu’à Amadou le petit faon, privilégiant une fois de plus les animaux.


De la fin des années 60 à la fin des années 80, Marcelle Vérité et Romain Simon vont alimenter la collection « Premiers livres » de nombreux albums évoquant quelques animaux familiers (Malinou le cocker, Mirliton le poulain) mais surtout des animaux sauvages : le renard Flamme des collines, le canard vert Flip des marais, Gris le loup, Fanou le petit faon, Gabiette la mouette… Certains animaux sont plus rares ou lointains, tels Vif, le petit zèbre, Kango le petit kangourou, Han-Han le panda ou Bola, l’hippopotame. Janine Despinette7 note à propos de ces albums que Romain Simon, qualifié par elle d’ « artiste de grand talent », prolonge le texte de la narratrice par ses illustrations « remarquables ».

L’illustrateur de « classiques » et de contes pour la jeunesse


Romain Simon paraissait en outre tout désigné pour illustrer des grands classiques (souvent abrégés, ce qui été sévèrement critiqué à l’époque alors que le fait échappait à la volonté de Romain Simon), mettant surtout en scène quelques exemples de la faune. C’est ainsi qu’il se charge d’illustrer (une fois de plus), Fables de La Fontaine, Croc-Blanc de Jack London, Le Livre de la jungle et Histoires comme ça de Rudyard Kipling.


Chez l’éditeur G.P., bien après Bel-Œil, Histoire d’un petit âne qui avait les oreilles trop courtes de Marguerite Clément, dans la « Rouge et bleue », illustré, nous l’avons vu, en 1955, c’est surtout au cours des années 70 que l’on remarque ses illustrations pour une réédition d’Amadou le bouquillon (1973) de Charles Vildrac, pour Picky printemps (1971) de Jean-Côme Noguès et quatre romans de la série « Suzy » de Gretha Stevns, de Suzy en pleine forme à Suzy et la petite inconnue, pour la collection « Dauphine ». La collaboration avec l’éditeur s’arrête après les illustrations de L’Etrange petit poney de Rumer Godden, paru en 1980.


Chez Delagrave, de 1961 à la fin des années 70, Romain Simon met en images des textes et des auteurs connus, voire « classiques ».

C’est dans la luxueuse « Bibliothèque des belles œuvres » que paraissent Histoires de bêtes et Nouvelles histoires de bêtes de Louis Pergaud bénéficiant d’illustrations en noir et blanc et en deux tons et couleurs, aujourd’hui recherchées. D’Alexeï Tolstoï, il illustre La Jeunesse d’Igor en 1962 (il avait doté d’images un autre texte d’un auteur russe, Un enfant de l’Oural d’Aksakov, chez André Bonne, en 1950). En 1967, quand paraît Ratapla, renard de Camargue, (avant Salicorne et Saladelle), les images de Romain Simon accompagnent aussi Un roman de Renart et La Princesse, la biche et le chevalier de René Guillot.

Plus tard, l’auteur recourt encore au même artiste pour Monsieur le cheval (1969) et, en 1969, pour une nouvelle édition de Sama, prince des éléphants8 aux images très soignées De Pompon, le petit âne des tropiques au Cirque Zigoto, quatre livres de lectures écrits par Paul-Jacques Bonzon sont agrémentés d’images gaies et colorées de l’artiste qui donne en particulier vie à l’âne Pompon, un animal qu’il a toujours aimé dessiner depuis 1949.


La participation de Romain Simon aux éditions Casterman s’effectue surtout de 1959 à 1968, même si certains ouvrages seront réédités plus tard. Une fois de plus, pour Marcelle vérité, il illustre de courts récits comme Le Voyage des éléphants (1962) ou Mamou Marmot (1963).


Pour la collection « Plaisir des contes », illustrée en couleurs, justement dirigée par Marcelle Vérité, il met en images Bras-de-fer (1959) d’Henri Bosco et trois recueils de Louise Bellocq, de Contes de mes bêtes au vent (1962) à Contes de mes bêtes à l’aventure (1968).


Romain Simon, après une unique participation en 1958, retrouve les éditions Nathan, au cours des années 70 et 80, pour de nombreux « albums Coccinelle ». Ces livres privilégient les jeunes animaux, tels Le Petit renard et les animaux des bois (1971), Le Petit chamois dans la montagne (1972) ou Le Petit ours du Grand Nord (1973). Aux animaux familiers ou domestiques : chat, chèvre, âne ou chien…, s’ajoutent des petits animaux plus rares, comme le fennec, la gazelle, le panda, le renne ou l’hippopotame... De 1971 à 1983, on compte plus de 25 albums animaliers illustrés par Romain Simon.


Signalons encore, aux Deux coqs d’or, l’association de six textes de Brigitte Delpech et des images de Romain Simon, en 2000, pour des albums très joyeux, comme Pas de blague, Quelle journée ! et Que d’eau ! Que d’eau ! Romain Simon a renouvelé son style, plus léger, plus souple mais toujours aussi tendre et malicieux. Retiré dans le Sud de la France, en Provence, au pays du renard Ratapla, du taureau Salicorne et du cheval Saladelle, au cours des années 1990, Romain Simon est décédé à l’âge de 91 ans à Salon-de-Provence, le 4 avril 2007 sans que le fait soit signalé par ses nombreux éditeurs qui ignorent ou cachent cette disparition 9.


En dépit d’une œuvre considérable (le nom des illustrateurs a été longtemps absent des premières de couverture), Romain Simon est oublié des Histoires de la littérature de jeunesse. Quand, en 2009, l’ouvrage Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe siècle10 le cite 10 fois, il n’assure que le minimum.


Souhaitons que sa Lorraine d’origine11 et en particulier Nancy et la région nancéenne (ou sa région d’accueil, la Provence), lui rendent rapidement l’hommage qui lui est dû, par exemple, lors du prochain Livre sur la place en 2010, à Nancy.


Notes et références :

1 En 1967, La Bibliothèque idéale des enfants de Didier-Jacques Duché, aux Editions Universitaires, ignore Romain Simon alors que des livres cités de P.-J. Bonzon et Marcelle Vérité sont illustrés par lui. En 1969, le Dictionnaire des écrivains pour la jeunesse, publié chez Seghers, le fait naître à Nancy et référence 23 titres, uniquement publiés chez Hachette.
L’AZ : Répertoire des écrivains pour la jeunesse (CRILJ. années 80) commet deux erreurs, l’une sur le lieu de naissance (Nancy), l’autre en indiquant : « Première publication en 1950 ». La bibliographie assez copieuse (41 titres) ne reprend que « les titres parus après 1970 ».

Les ouvrages spécialisés ou les guides sur les illustrateurs du XXe siècle n’en font guère ou pas du tout mention. En 1992, le catalogue Livres mon ami. Lectures enfantines 1914-1954 (A. Renonciat, V. Ezratty, F. Lévêque) signale seulement sa participation à l’illustration de L’Encyclopédie pour les enfants de France (Hachette, 1954). En revanche, Le Dictionnaire des écrivains français pour la jeunesse de Nic Diament (Ecole des Loisirs, 1993) signale 12 auteurs illustrés par Romain Simon.

2 Les frères de Romain Simon méritent d’être brièvement présentés. Sacha (Russie, 1908-Joué-les-Tours, décembre 1988) coupeur de bois et garde forestier au Gabon, atteint par le paludisme, se fait soigner à Lambaréné par le docteur Schweitzer. Journaliste à L’Est Républicain, il raconte ses souvenirs d’enfance en 1936 dans Jeunesse blanche en Russie rouge et dans Le Plus beau village du monde, en 1956. Grand reporter pour L’Est Républicain dès 1946, il assiste au procès des criminels nazis à Nuremberg, avant d’être correspondant du Figaro, de 1954 à 1962.

Louis Simon (Nancy, 5 janvier 1911-24 septembre 1988) est surtout connu dans le monde du scoutisme français même s’il est aussi journaliste et auteur de romans scouts (comme Boris). On connaît ses chansons scoutes, sur une musique de César Geoffray, comme Clair matinou La Belle fille.

Boris Simon (Malzéville, 8 janvier 1913-Saint-Cloud, 14 avril 1972), en khagne à Nancy, se lie d’amitié avec l’écrivain Henri Thomas. Convalescent de la tuberculose, Boris Simon rencontre l’Abbé Pierre et passe des années à promouvoir son œuvre. On connaît son récit-témoignage : Les Chiffonniers d’Emmaüs, paru en 1954. Il est aussi connu pour ses traductions de l’allemand (en particulier, de Thomas Bernhard).

3Maryline Romain : Léon Chancerel : portrait d’un réformateur du théâtre français (1886-1965) L’Âge d’homme, 2005. 429 p.

4 Collectif (dont Yvon-Marcel Fargeas) : Paul Faucher (1898-1967), un Nivernais inventeur de l’album moderne (Colloque de Pougues)

Conseil Général de la Nièvre, 1999.

5 Olivier Piffault : Babar, Harry Potter & Cie : Livres d’enfants d’hier et d’aujourd’hui BnF, 2008. p. 221

6 Claire Delbard : Le Père Castor en France (1980-1990) ou comment innover sans trahir ? L’Harmattan, 2007.

7 Janine Despinette : Enfants d’aujourd’hui, livres d’aujourd’hui Casterman, 1972

8 C’est le seul ouvrage signalé dans le Guide des livres pour enfants et adolescents de Jacqueline Held, (Hachette, 1987), avec une erreur pour l’éditeur puisqu’il ne s’agit pas de Gallimard mais de Delagrave.

9 La seule publication mentionnant sa disparition, c’est, semble-t-il, Ensemble : le journal municipal de la ville de Salon-de-Provence, n° 61, de l’été 2007, signalant laconiquement dans les décès : Romain Simon – 91 ans.

10 Raymond Perrin : Fictions et journaux pour la jeunesse au XXe siècle L’Harmattan, 2009. Voir les pages 162, 163, 164, 191, 216, 235, 236, 248, 252, 276

11 Romain Simon est absent de l’ouvrage de Félix Vazemmes : Graveurs et illustrateurs de Lorraine (Ed. Jean-Marie Cuny, 1986).


Raymond Perrin Décembre 2009

Raymond Perrin remercie chaleureusement les Services des archives des villes de Malzéville, de Nancy et de la Meurthe-et-Moselle, pour leur aimable dévouement, leur patience et les documents qu’ils ont généreusement fournis.