POURQUOI SUIS-JE DEVENU ILLUSTRATEUR
Il faut peut-être chercher la réponse tout au long des pages illustrées de mon premier livre de lecture. J’avais six ans. Le livre porte la date de 1941.
COURS DE LANGUE FRANÇAISE
Cours Préparatoires Classes de 11e et 10e
Éditions École et Collège, 11, rue de Sèvres Paris VIe
(Pour la petite histoire, cette adresse est aujourd’hui celle des éditions L’École des loisirs)
Le petit volume est abondamment et tout-à-fait bien illustré. Pour une fois, le nom de l’illustrateur figure, discrètement, sur la première de couverture : Dessins de D. COLLASSON. L’ayant conservé grâce à ma mère, j’ai pu constater qu’un certain nombre de ses planches illustrées m’avaient durablement impressionné. Pas nécessairement les tiers de pages qui ornent le début de chaque chapitre, mais surtout les bandeaux illustrés en bas de page, un sur chaque page de droite.
Le livre en contient une quarantaine. L’enfant que j’étais se montra sans doute très intéressé par le fait que chaque bandeau offrait une solution presque ludique au sujet dessiné qu’il traitait. Mise en place équilibrée et géométrique, inventive à petite échelle et très efficace au plan de l’imagerie. Les bandeaux ont tous les mêmes dimensions : 2 x 10,5 cm. Le principe de répétition me plaisait tant que j’en inventais d’autres et copiais de toute façon ceux qui me semblaient les plus amusants. Le principe de répétition mis en jeu, la petite taille des dessins, éveillaient ma capacité d’observation de façon plus efficace que lorsqu’il s’agissait des simples illustrations cadrées en haut des pages. Je demeurais étonné. Cet étonnement me conduisit sans doute bien plus tard à envisager le dessin d’illustration comme un jeu... L’origine de cet état de pensée se trouve, à n’en plus douter, dans la fascination qu’exercèrent sur ma sensibilité, les “frises” illustrées ces bandeaux, de mon premier livre de lecture.
GL, 28 novembre 2011
D. COLLASSON