Parole à la rencontre d'Anthony Browne

Un ciel orageux, des formes tranchantes, une perspective en contre-plongée et le rouge ardant de son costume redoublent, dans une image inédite, la colère de La Bête – que seule La Belle saurait adoucir. Qu’on ne s’y méprenne : le grand Anthony Browne n’a rien de la figure menaçante qu’il offre en couverture de ce numéro de Parole ! Et si aborder l’un des illustrateurs les plus célébrés de par le monde peut s’avérer intimidant, le « monstre sacré » que Mathilde Tellier a rencontré dans la très anglaise Canterbury se révèle aussi humble et généreux que l’attachant Marcel de ses albums. Une grandeur d’âme que lui reconnaît volontiers son éditrice française, Isabel Finkenstaedt, fascinée par ces indices visuels que l’artiste excelle à dissimuler au second plan de ses illustrations. D’une méticulosité obsessionnelle, Anthony Browne est attaché aux détails porteurs de sens.

L’envers du décor

Ces arrière-fonds signifiants, tantôt sobres, tantôt abondants, dont regorge le livre d’enfance, ont inspiré le regard expert de Sylvie Neeman, en ouverture d’un vaste dossier thématique consacré à « l’envers du décor ».
Madeline Roth complète cette analyse, s’attachant, elle, aux mises en scène photographiées dans lesquelles nombre de créateurs d’albums se plaisent à installer leurs protagonistes.
Les décors que Jean-Claude Mourlevat dresse dans ses romans pour adolescents occupent, eux aussi, une fonction capitale au service de la narration. Eléonore Hamaide-Jager s’est intéressée notamment à la manière dont l’écrivain revisite certains lieux mythiques pour y asseoir ses intrigues.
La traversée du miroir se poursuit avec une interview de Julia Chausson, prolongée d’une sélection d’ouvrages, rendant honneur à la gravure – cet « art de l’envers » aux formes premières pratiqué aujourd’hui encore pour « ses qualités expressives ».
Danielle Dubois Marcoin, pour sa part, pénètre les coulisses de l’illustration, dévoilant aux passionnés d’images le contexte de leur création.
Enfin, par un jeu de regards croisés sur des livres récents, se confirme le rôle émancipateur d’une littérature encourageant ses lecteurs à regarder de l’autre côté…

Vie du livre

Initiée dans le précédent numéro de Parole, une nouvelle rubrique pointe son projecteur sur diverses actions de promotion de la lecture et du livre pour la famille, l’école, les bibliothèques ou les garderies et invite des « acteurs de terrain » à s’en faire l’écho.
Parole prend ainsi part au dixième anniversaire du festival Préambulle de Bibliomedia, avant de suivre les pas d’une animatrice ISJM-AROLE dans les classes valaisannes bientôt contaminées par le joyeux Virus de la lecture.

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25.11.2014