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Panorama d’un siècle de fiction et de la littérature jeunesse et de la presse des jeunes à l’aube du XXIème siècle
Deux ouvrages de référence signés Raymond Perrin

Catherine Gentile
5 décembre 2007


Littérature de jeunesse et presse des jeunes au début du XXIème siècle, de Raymond Perrin

L’Harmattan, 2007

42 euros

Raymond Perrin, qui fut enseignant documentaliste, a publié en six ans deux ouvrages indispensables consacrés à la littérature de jeunesse. Le premier est paru en 2001 chez L’Harmattan, balayant un siècle de fictions pour les 8 à 12 ans, de 1901 à 2000. Le second, tout aussi important quant au nombre de pages, s’intéresse à la littérature de jeunesse et à la presse des jeunes de 2001 à 2006 ! Six ans seulement de productions traités en quelques 550 pages ! C’est dire si l’édition jeunesse en ce début du XXIème siècle est vivante, importante, mouvante, réactive et qu’elle propose aux enfants, aux adolescents et aux jeunes adultes, un choix énorme de fictions de tous genres et de tous calibres. C’est dire aussi la difficulté pour les adultes peu familiers de ce territoire aux limites parfois floues, ou aux enseignants qui n’y ont pas été formés, de trouver leurs marques, de repérer les « bons » livres, de suivre les auteurs intéressants.


Cette étude se propose d’esquisser un état des lieux de ce que sont aujourd’hui la littérature de jeunesse, la presse pour les jeunes et la bande dessinée, y compris le manga.

Raymond Perrin, dans ses propos liminaires, souligne tout d’abord la légitimité acquise par la littérature de jeunesse depuis une vingtaine d'années, son dynamisme et sa créativité, et l’augmentation croissante de ce secteur de l’édition. 10 000 livres ont été publiés en 2006 ! Mais que l’on ne s’y trompe pas. La littérature de jeunesse, victime aussi de son succès, est lancée dans une folle course en avant, et la recherche du profit ne va pas toujours de pair avec la qualité, le livre produit occupant souvent plus de place que le livre de création.


Il s’attache ensuite à en montrer les mutations récentes : elle possède des frontières de plus en plus floues, dont les ambiguïtés sont entretenues par l’irruption massive des ouvrages en grand format. Il rappelle les principaux événements éditoriaux de ces six dernières années, marquées par une concentration accrue, tout comme dans la littérature générale, une augmentation sensible du prix des livres, une industrialisation croissante, où dominent souvent le marketing et les seules contraintes de rentabilité. Sont évoquées ensuite les collections fondatrices de la littérature de jeunesse moderne : Folio junior, chez Gallimard, Le Livre de poche jeunesse, chez Hachette,et toutes ses déclinaisons, Castor poche, chez Flammarion, Pocket jeunesse, chez Pocket et ses collections de séries ; puis les autres collections juvéniles, apparues à partir de 2000 et qui, parfois, ont connu une existence éphémère.


R. Perrin s’intéresse bien évidemment à l’album jeunesse, qui se distingue peu à peu du livre illustré, en rappelle l’histoire à partir de 1735, puis s’attache à souligner la grande qualité et la variété de la production française, défendue par de très nombreux éditeurs : L’Ecole des loisirs, Pastel et Kaléidoscope bien sûr, mais aussi le Seuil jeunesse, Albin Michel, Gallimard, Actes Sud, Le Rouergue, Thierry Magnier, Rue du monde, Sarbacane, L’Atelier du poisson soluble, Grasset, qui rassemblent au sein de leurs catalogues des illustratrices et illustrateurs particulièrement talentueux.


Le chapitre suivant est consacré aux bienfaits et aux risques d’une scolarisation accentuée de la littérature de jeunesse, entrée à l’école depuis une quinzaine d’années seulement, prescrite par le canal de Listes de références, pour les différents cycles, avec l’aspect incitatif et les limites de telles listes bien sûr.


Les différents genres fictionnels et leurs évolutions sont également analysés par l’auteur qui remarque l’ascension irrésistible des domaines du merveilleux : le conte, le fantastique, mais surtout la fantasy, fortement marquée par la vague des trilogies, des cycles et des courtes séries ; la stagnation de la science-fiction malgré quelques collections de très grandes qualités, dont les « Autres mondes », chez Mango, créée et dirigée par Denis Guiot ; la reconnaissance de ce « mauvais genre » qu’est le roman policier, relancé en 1986 par les éditions Syros qui créent la fameuse « Souris noire », que développent dans la foulée la plupart des éditeurs ; la permanence du roman historique qui est à nouveau particulièrement dynamique et qui n’hésite pas non plus à puiser aux sources des récits mythologiques, policiers et fantastiques.


Le chapitre XII s’intéresse au « roman pour ados », dont les contours ne sont pas toujours aisés à cerner, et qui s’épanouit au sein de collections précises dans les catalogues des éditeurs : Tribal, chez Flammarion, Les Uns les autres, chez Syros, doAdo, au Rouergue, Lampe de poche, chez Grasset, pour les plus anciennes, et dans lesquelles publient des écrivains qui ne travaillent pas uniquement en jeunesse. Il analyse aussi les thématiques qui y sont abordées, parfois dérangeantes, souvent nécessaires : sexualité, homosexualité, problèmes familiaux, condition féminine, maltraitances, viol …


La bande dessinée et le manga sont abordés dans le chapitre suivant : héros, éditeurs, fragilité de la presse spécialisée, irrésistible ascension du manga, son arrivée en France et sa présence importante dans tous les catalogues d’éditeurs de bande dessinée.

Enfin,le dernier chapitre est consacré à l’étude de la presse, dont Raymond Perrin souligne qu’elle est de plus en plus ciblée et diversifiée.


Le tout est très solidement étayé de listes d'ouvrages, de chronologies, de présentations d'ouvrages jugés particulièrement intéressants. On trouvera ainsi quelques repères très précieux : la chronologie des fictions jeunesse, de 1901 à 2000, avec dix titres proposés par année, de Richelieu, écrit par Théodore Cahu en 1901, jusqu'à Le Passage, de Louis Sachar, publié en 2000 à L'ecole des loisirs ; les fictions primées au cours des six dernières années ; des listes d'albums recommandés par l'Education nationale ; des bibliographies thématiques ; des filmographies ; des listes de mangas accessibles aux jeunes.

En fin d'ouvrage également, une bibliographie très complète.


Cet ouvrage est passionnant, complet, très documenté et agréable à lire aussi. Il permet réellement de prendre la mesure de ce qu'est aujourd'hui la littérature de jeunesse en France, de se faire une idée de la production, de se construire de solides repères. Indispensable pour les étudiants, les enseignants, l'ensemble des médiateurs du livre. Un travail remarquable.




Un siècle de fictions pour les 8 à 15 ans (1901-2000), de Raymond Perrin

L’Harmattan, 2001

Curieusement, alors que la littérature de jeunesse a pris un essor considérable depuis une trentaine d’années, qu’elle a fait son entrée dans les écoles, les collèges et lycées, dans les programmes scolaires, elle est encore très méconnue de ceux qui sont censés l’enseigner et la promouvoir, elle ne fait pas encore partie intégrante des cursus universitaires, du moins de manière significative, et ne fait l’objet que de très peu d’études de chercheurs.


Ce ouvrage impressionnant par la qualité et la quantité de sa documentation comblera quelque peu ces lacunes. Raymond Perrin, documentaliste, a réalisé ici un travail passionnant et considérable, en parcourant de manière très détaillée un siècle de productions pour les 8-15 ans. Histoire des éditeurs, panorama des auteurs et des collections, sans négliger l’importance de la presse enfantine et de la bande dessinée, il passe tout en revue en treize chapitres fournis, étayés par une solide documentation : Du début du Xxème à 1914 : les illustrés en rivalité avec le roman juvénile jusqu’à un Etat succinct des lieux avec les dominantes et les tendances actuelles. Il montre bien les enjeux qui ont animé et animent toujours ce secteur de la production littéraire, balançant entre les romans d’éducation, volontiers moralisateurs, la littérature d’évasion, la transmission du patrimoine littéraire et/ou les produits marketing. Il met aussi en évidence l’importance des idéologies sur la production, notamment en période de crise. Emergent enfin différentes visions de l’enfance : des enfants un peu simplets à qui l’on inculquait des cours de morale aux adolescents d’aujourd’hui, auxquels on accorde un statut de personne mais aussi de consommateur.


Cette étude mérite vraiment sa place dans toutes les bibliothèques, les CDI, les IUFM et elle pourra très utilement aider et inciter les enseignants à s’aventurer sur ce territoire foisonnant qu’est la littérature de jeunesse et où il n’est pas toujours facile de se faire des repères.


Interview de Raymond Perrin

CG - Lorsqu'on lit votre bio/bibliographie, on apprend que vos activités de chercheur dans le domaine de la littérature concernent en premier lieu Verlaine et Rimbaud, puis les littératures de l'imaginaire. Vous avez aussi beaucoup travaillé sur l'oeuvre de Pierre Pelot. Alors expliquez-nous votre parcours, qui vous a amené à la littérature de jeunesse. Cela a-t-il un rapport avec vos activités professionnelles ?


RP - Mes premiers intérêts littéraires portent effectivement sur Rimbaud et je n’ai pas cessé depuis plus de 40 ans de « suivre » et de lire les éditions et les essais qui se rapportent à un poète dont la modernité me paraît toujours aussi évidente. J’ai pu suivre ainsi tous les progrès dans la recherche poétique mais aussi toutes les errances d’un mythe délirant.

Mais l’enseignement du français en collège m’a aussitôt révélé l’état pitoyable, à l’époque, des bibliothèques et la méconnaissance générale des ouvrages susceptibles de créer chez les élèves un intérêt véritable et un indispensable plaisir de lecture. C’est ainsi qu’est née mon orientation vers la « littérature jeunesse », renforcée par la naissance des collections pour adolescents (depuis « Plein vent » en 1966) et des collections de poche à la fin des années 70. La lecture de Pelot, auteur de ma région vosgienne qui publie des livres juvéniles dès 1966, mais aussi de Christian Grenier, un peu plus tard, m’ont ouvert sur la science-fiction, le fantastique, le policier, le roman historique, l’aventure, les récits pour adolescents…

Mes interventions (bénévoles) sur les listes d’accompagnement du collège, sur la demande du ministère de l’éducation et de la recherche, ont renforcé mon intérêt et la fin de mes activités professionnelles m’a enfin donné la disponibilité qu’exigeait pour moi l’écriture.

CG - Vous venez d'écrire deux gros volumes consacrés à la littérature de jeunesse, l'un pour le XXe me siècle paru en 2001 et celui-ci consacré au début du XXl ème. C'est un travail colossal et précieux. Aviez-vous conscience de l'énormité de la tâche lorsque vous avez commencé à travailler sur le premier ? Vous avez eu beaucoup de retours après la parution du premier volume ?


RP - Curieusement, le premier essai, Un siècle de fictions pour les 8 à 15 ans, s’est construit aisément et s’est révélé assez facile à écrire car, sans m’en rendre compte, j’en avais accumulé et mémorisé les éléments au fil de trois ou quatre décennies. La participation à un comité de lecture au CDDP d’Epinal et la constitution de la bibliothèque du CDI de mon collège, à Cornimont, quand j’ai exercé les fonctions de documentaliste, ont constitué des motivations supplémentaires et m’ont familiarisé davantage avec les auteurs et les collections.


Le second essai, Littérature de jeunesse et presse des jeunes au début du XXIe siècle a exigé un tri progressif dans l’immense production des fictions parues dans les années 2000-2006. Ce travail bibliographique, accompagné de nombreuses lectures et de classements par toujours évidents selon les genres et les thèmes, a constitué un indispensable travail préparatoire. Mais la conception générale de l’ouvrage s’imposait aisément du fait qu’il continue le livre précédent en exigeant que l’on fasse le point sur l’évolution des éditeurs, la naissance, la mort ou les changements dans les collections. Il était aussi passionnant de voir apparaître les nouveaux auteurs et illustrateurs absents du 1er volume

Si le livre a bénéficié de multiples présentations toujours globalement très positives dans les journaux et revues, un tel résultat a été obtenu à la fois par le jeu des rééditions, les tirages de l’Harmattan étant plutôt faibles, grâce à la bienveillance indulgente des chroniqueurs et par une intense activité de ma part pour tenter de « lancer » le livre, ce qui n’était pas évident en raison de son coût et du fait qu’il se trouve chez l’éditeur au milieu d’une profusion de titres.

CG - Comment avez-vous procédé pour ce travail ? Vous avez dû passer énormément de temps à lire des ouvrages, à compulser les catalogues, les sites d'éditeurs et d'auteurs, les revues et sites spécialisés ?


RP - Je prends mon bien partout où je peux le trouver. Aussi bien dans les catalogues d’éditeurs, les études spécifiques, les journaux, les revues, en particulier Citrouille, Inter-CDI, Livres jeunes aujourd’hui, Lire au collège, Nous voulons lire, La Revue des livres pour enfants …, les sites spécialisés et d’abord l’incontournable Ricochet. Les 6 pages de bibliographies reflètent assez bien tous les domaines explorés puisqu’il s’agit d’un ouvrage généraliste ouvert à tous les types de récits et à tous les supports de la fiction. Les livres « coups de cœur » sont malheureusement trop nombreux pour qu’on puisse rendre compte de tous et ce travail doit plus à la synthèse qu’à l’analyse. Alors que le premier ouvrage nécessitait surtout une recension et une description synthétique des diverses collections nées au fil des décennies, le second insiste, grâce à des sortes d’agendas, sur l’édition dont les tumultes furent nombreux lors de ce dernier septennat, avec des répercussions sur le secteur jeunesse, sur la vie des collections et des journaux pour jeunes, (un domaine étant trop peu étudié aujourd’hui). Mes ouvrages se distinguent des autres en ce sens qu’ils sont « plurigenres » et à la fois thématiques et chronologiques. Ni dictionnaires, ni anthologies, ni nomenclatures, ce sont plutôt des larges panoramas qui essaient de mettre un peu de clarté et de repères dans une production pléthorique et incontrôlable.


CG - Dans le 2ème volume, vous vous êtes intéressé aussi à la bande dessinée et au manga. Pourquoi ?


RP - En fait, les deux livres traitent de la bande dessinée. Le premier le fait depuis la naissance de l’illustré vers 1904 jusqu’à la présentation des groupes de presse et de la gamme des âges, à la fin du XXe siècle. Un temps fort est constitué par les répercussions négatives de la loi de juillet 1949, tuant des journaux comme Zorro, Tarzan et Donald et empêchant l’importation de certaines bandes dessinées belges, pourtant bien innocentes, comme certains albums de Lucky Luke, de Johan et Pirlouit ou même de Boule et Bill !

Le 2e livre distingue dans des chapitres spécifiques une bande dessinée bien portante en dépit d’une presse fragile, voyant disparaître J’aime lire la BD, Pavillon rouge et Capsule cosmique et le manga dont la déferlante ne cesse de croître. A propos du manga, je me suis rendu compte que ses détracteurs utilisaient les mêmes préjugés, les mêmes procédés et clichés de mauvaise foi et d’ignorance du sujet, utilisés 50 ans plus tôt pour dénigrer la bande dessinée. Au manga japonais s’ajoutent le manwha issu de Corée et le manhua de Chine, Or, ces supports qui admettent tous les genres, mieux connus aujourd’hui dans leur richesse esthétique et thématique, méritent aujourd’hui attention et intérêt.


CG - On constate que la LJ a parfois d'incertaines frontières, c'est-à-dire que certaines oeuvres s'adressent tout autant à des adolescents qu'à des adultes. Etes-vous d'accord avec cela ?



RP - L’ « effet Harry Potter », positif a bien des égards, a encouragé chez les éditeurs la publication d’œuvres autant conçues pour les ados que pour les adultes. Des mouvements de convection poussent des livres dans l’un ou l’autre sens ou sont publiés dans les deux domaines, comme Le Clan des Otori de Lian Hearn, Le Bizarre incident du chien pendant la nuit de Mark Haddon ou, récemment, La Voleuse de livres de Markus Zusak.

La Trilogie de Bartiméus de Jonathan Stroud entre dans le Livre de poche des adultes et, inversement, Effroyables jardins de Michel Quint a rejoint Pocket jeunesse. Ce phénomène n’a rien d’inquiétant si l’on se souvient qu’à toutes les époques, des livres pour adultes ont été adoptés par les jeunes et vice versa.

Comme je l’ai écrit, malgré un « chaînage » de plus en plus précis, surtout dans la presse : « Bien malin qui pourra définir maintenant les limites de plus en plus extensibles, et la « segmentation » adéquate censée enfermer cette « jeunesse » dans le carcan des âges, fixé autrefois par les institutions religieuses et scolaires et souvent abandonné à la fantaisie et au gré des seuls éditeurs. »

Les ouvrages en grand format entretiennent une ambiguïté voulue par les éditeurs, entre livres juvéniles devenus parfois « plurigénérationnels » et ouvrages pour ceux qu’on nomme aujourd’hui « jeunes adultes », voire « adulescents ». Les frontières entre les divers publics sont de plus en plus poreuses, surtout dans les livres hors collections et dans le grand format. Le flou des âges et celui, très étudié, de certaines collections, s’accompagnent du flou et de la confusion des genres. Il en résulte une culture doublement à deux vitesses, l’une élitiste, l’autre populaire, qui s’ajoute d’ailleurs au fait que les grands éditeurs hégémoniques dominent des petits éditeurs qui peinent à garder leur indépendance. Les lecteurs des familles aux revenus modestes ne peuvent acheter les fictions « grand format », vendues de 15 à 30 euros et doivent attendre la sortie en « poche », parfois après plusieurs années ou se contentent des séries bon marché et répétitives qui inondent les grandes surfaces.

CG - Quels sont à votre avis les atouts de la LJ en France aujourd'hui et ses faiblesses ?


RP - L’atout apparent, c’est le fait que la plupart des éditeurs ont aujourd’hui un département jeunesse. Mais il serait souhaitable que la création de ce secteur ne soit pas seulement motivé par l’appât du gain, les phénomènes de mode et l’exploitation du filon « Harry Potter » provoquant, jusqu’à saturation, des livres interchangeables exploitant jusque dans leurs titres, les mots « magie », sorcier », « dragon » ou « merveilleux ».

Le véritable atout, c’est l’existence d’auteurs et d’illustrateurs qui ne se prennent pas la tête et qui, en dehors des médias qui souvent les ignorent, conçoivent des livres toniques, clairs et attrayants, aux antipodes du nombrilisme des affligeantes autofictions pour adultes. Ils sont en outre illustrés avec talent et imagination mais on peut regretter l’absence de plus en plus fréquente d’illustrations intérieures ou la disparition de la couleur. En plus de l’indispensable Salon de Montreuil, Les salons du livre de jeunesse provinciaux se multiplient partout et c’est heureux lorsqu’ils font appel aux livres des « vrais » libraires de la région… La qualité des romans « jeunesse » est évidente et l’on peut seulement regretter la frilosité de certains éditeurs qui guettent les tendances, les modes et contraignent parfois certains auteurs à changer d’éditeur pour poursuivre les aventures de certains de leurs personnages. Il est (trop) coutumier de dire que la censure n’existe pas tout simplement parce que l’on ne peut estimer l’autocensure des auteurs ou les contraintes éditoriales de ceux qui « savent » ce qui plaît ou se vend, sous-estimant les caprices du goût ou les capacités critiques ou d’ouverture des jeunes lecteurs . 


CG - Que diriez-vous sur le phénomène des séries, souvent très formatés, et ce qui va avec, la segmentation des romans : ceux pour filles et ceux pour garçons ? N'est-ce pas cantonner chaque sexe dans un rôle plus que traditionnel ?


RP - Le phénomène est loin d’être nouveau puisque les séries juvéniles sont surtout nées en France à partir de 1955, quand Hachette a lancé les ouvrages du genre d’Enid Blyton et du collectif baptisé Caroline Quine, (mais la série Bob Morane est née en Belgique en 1953).

Il faut, je crois distinguer les trilogies ou tétralogies et même les séries courtes dont le dénouement final a déjà été conçu par l’auteur, des séries interminables, commerciales ou alimentaires, écrites souvent sans plan général préconçu, dont le succès repose surtout sur le conformisme de certains lecteurs qui ne veulent pas regarder « ailleurs » ou sur des thèmes jugés accrocheurs comme la danse, le cheval, le sport ou aujourd’hui, les princesses.

Reconnaissons toutefois que certains « petits » lecteurs ont trouvé dans un volume de série le livre-amorce qui déclenche enfin le plaisir de lire ou même le premier livre « lu entièrement », ce qui n’est pas rien !

En outre, le clivage entre lectures de garçons et lectures de filles, inexistant lors de la longue mode « unisexe » née au lendemain de mai 68, reparaît, à la fois dans la presse, dès la naissance des magazines créés par Milan Presse, depuis Julie en 1998, et dans la littérature jeunesse où Milan crée, dès 2001, « Les Romans de Julie ». Est-ce une régression ou le respect de la distinction fondée sur la différenciation croissante fille/garçon et sur la bipolarité masculin/féminin ou encore une simple mesure commerciale ? On assure que les garçons, souvent moins grands lecteurs que les filles, sont plus attirés par les sports, les jeux vidéo et l’informatique et semblent plutôt intéressés par le documentaire, les récits d’aventures ou policiers ou de science-fiction tandis que les filles paraissent majoritairement portées vers la fantasy et la fiction des romans sentimentaux et du roman-miroir intime.

CG - La LJ doit-elle être selon vous une littérature engagée ?


RP - La notion d’engagement, qui me renvoie aux temps de l’engagement idéologique ou sartrien et de la contestation, suscite en moi plus d’interrogations que de réponses claires. D’abord parce que je crois, qu’en dépit des efforts d’éditeurs courageux, la « littérature jeunesse », inconsciemment bridée par la loi de 1949, loi obsolète, inadéquate mais toujours présente, telle une invisible épée de Damoclès que certains feignent d’ignorer, sera toujours plus ou moins « conservatrice » et conforme à une certaine « morale » dont elle n’observe les progrès qu’avec prudence et circonspection. Pour s’en convaincre il suffirait de voir comment elle introduit dans son champ, prudemment et récemment, les diverses sexualités. Faut-il trouver « engagés » des éditeurs comme Thierry Magnier quand il publie certains romans de Guillaume Guéraud ou L’Ecole des loisirs proposant des récits de Christophe Honoré ou d’autres récits « subversifs » de la collection « Médium » ? Les éditions Rue du monde sont-elles « engagées » quand elles développent une conscience citoyenne ? Dans le domaine de l’album, L’Atelier du poisson soluble est-il plus « engagé », dans la forme et le contenu, que Panama ou Le Rouergue ? Je préfèrerais parler d’audace, d’innovation car l’engagement me paraîtrait en fait suspect vis-à-vis d’un jeune lectorat. Il supposerait que l’auteur veuille imposer sa vision, sa thèse ou son système de valeurs à son lecteur, ce qui pose problème quand on s’adresse à un lecteur fragile. Il est rare qu’un auteur écrive « pour » la jeunesse », (dans ce cas, on veut dire qu’il adapte sa syntaxe, adopte un style moins elliptique, un récit plus linéaire). Oui, l’auteur et l’éditeur ont un rôle légitime d’éveilleur et de passeur en abordant, sans tabou mais avec tact, tous les aspects du monde d’aujourd’hui. En fait, l’auteur écrit d’abord pour lui, en exprimant son monde intérieur que tout lecteur partage ou refuse. Oui à l’éducatif, non à la « pédagogite » aiguë !

CG - Vous abordez dans un chapitre les bienfaits et les risques d'une scolarisation accentuée de la LJ. Que la LJ entre à l'école (et c'est un argument de vente important pour les éditeurs qui publient leurs listes d'ouvrages sélectionnés par l'Education Nationale) ne vous paraît pas une bonne chose ?


RP - Ce n’est pas d’hier que la littérature jeunesse est entrée dans les écoles mais il lui fallait peut-être une reconnaissance « officielle » et ministérielle pour accéder à une véritable légitimité. Or, deux types de listes sont adoptés. Celles qui concernent le collège sont des « listes d’œuvres de littérature pour la jeunesse » purement «  indicatives » et pas obligatoires, une nuance importante. Elles ne font qu’accompagner les programmes. En revanche, la liste des ouvrages de littérature du cycle III des écoles primaires, (du CE 2 au CM 2), qui comporte aujourd’hui 300 titres, aide les choix des enseignants dans leurs dix ouvrages d’une année de lecture. Il leur faut, en plus du choix pour l’année de « deux classiques de l’enfance » et de « huit œuvres contemporaines », se soumettre à une autre contrainte, « en choisissant un ouvrage au moins dans chacune des six catégories » de la liste, à savoir, un album, une bande dessinée, un conte, un roman ou récit illustré, une œuvre poétique, une œuvre théâtrale.

Ce caractère d’obligation peut choquer, surtout que certains éditeurs sont privilégiés et leurs ouvrages « recommandés » se vendent mécaniquement, d’autres sont lésés ou franchement « oubliés ». Autant on peut se réjouir de la rencontre de l’école et du livre jeunesse et de ses auteurs, autant on peut craindre une scolarisation excessive de cette littérature, un saucissonnage et un décorticage éhonté et excessif des œuvres, comme il se produit dans certaines revues pédagogiques. Redoutons l’écriture de « romans pédagogiques », bourrés de « bonnes intentions », choisis dans les listes par les « prescripteurs », pour peu que ce renouvellement des listes existe puisqu’il devait avoir lieu en 2007 ! Redoutons la confection de parcours trop balisés, souvent réducteurs et pédants. Le plaisir de la lecture suppose la possibilité de braconner ses lectures, de suivre des chemins buissonniers.

CG - On remarque et vous le dites que la fantasy a le vent en poupe en France. Comment jugez-vous la production, souvent traduite d'ailleurs ?


RP -C’est encore, indubitablement, un « effet Harry Potter », renforcé par des films comme Le Seigneur des anneaux, Le Monde de Narnia ou Eragon.

Personnellement, je me réjouis du développement français de la fantasy dont l’unique forme auparavant reconnue était l’heroic fantasy des Conan et consorts. Le genre reste difficile à distinguer du merveilleux du conte et du fantastique moderne. Néanmoins, les auteurs français, longtemps bridés par le rationalisme hexagonal, sont aujourd’hui plus nombreux à intégrer cet enchâssement du merveilleux intemporel et irrationnel dans un Moyen Âge réinventé ou fantasmatique, ou dans un univers réaliste contemporain bien fictionnel, en reconnaissant cet héritage anglo-saxon. Rappelons-nous qu’au début du XXe siècle, au moment où les Anglais goûtent sans aucune réticence au charme de Peter Pan de James M. Barrie, les jeunes lecteurs de la France cartésienne et scolaire doivent apprendre à lire dans le seul best-seller hexagonal de l’époque, aux antipodes de l’imaginaire : Le Tour de la France par deux enfants de G. Bruno, qui vient juste d’être laïcisé.  

Après Eric Boisset, Jean-Pierre Andrevon, Gérard Moncomble, à partir de 2001, on a vu apparaître dans le genre des auteurs français passionnants comme Erik L’homme, Pierre Bottero, Serge Brussolo, Frank Krebs, Sophie Audouin-Mamikonian, Patrick Delperdange, Audrey Français, Pierre Grimbert, Laurent Genefort, Hervé Jubert, Henri Loevenbruck, Eric Simard, Arthur Ténor, Emmanuel de Viau et bien d’autres…

Certes, il est parfois difficile de rivaliser avec les oeuvres de Philip Pullman, Katherine A. Applegate, Clive Barker, Terry Brooks, Raymond E. Feist, Cornelia Funke, Erin Hunter, Brian Jacques, Elizabeth Kay ou Dianna Wynne-Jones, Michelle Paver, Paul Stewart, Christopher Paolini, Jonathan Stroud ou Kai Meyer… Mais tout ce monde déployé comme une fête pour l’imaginaire mérite qu’on s’y attarde et qu’on s’y attache autant qu’aux romans dits réalistes, l’autre courant tout aussi légitime mais antagoniste de la « littérature jeunesse »!


CG - Par contre la SF bénéficie de moins de collections. Cela veut-il dire qu'elle se porte moins bien ?

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RP - La science-fiction connaît une évolution un peu en dents de scie depuis quelques décennies. Est-ce le fait qu’elle ne soit ni coupée de la réalité, ni du présent qui rendent son approche moins aisée que celle des autres littératures de l’imaginaire ? En fait, comme la mention « mondes imaginaires » a souvent remplacé l’indication SF, le jeune lecteur ne se soucie guère de savoir si le livre qu’il lit appartient en fait au fantastique, à la fantasy ou à la SF. Heureusement, le genre ne se cantonne pas seulement dans les collections spécifiques et peut se nicher dans les collections de poche, « semi-poche » généralistes ou « grand format ». En ce début du XXIe siècle, les frontières se révèlent perméables, le merveilleux glissant du conte ou de la légende vers le roman épanoui dans la fantasy, tandis que le policier et le fantastique flirtent de façon éhontée, au point de faire douter de leur genre respectif, alors que la science-fiction trouve plus difficilement sa place.

Après l’arrêt des éditions Degliame, la seule collection du genre, avant la récente sous-collection du « Livre de poche jeunesse », est l’excellente collection « Autres mondes » dirigée par Denis Guiot jusqu’en juin 2007. Depuis il est parti, chez Syros et co-dirige aussi la nouvelle collection « 15-20 », chez Intervista. Autre grand spécialiste du genre, Christian Grenier milite depuis 35 ans pour le genre, autant à travers ses romans que grâce à ses indispensables essais décortiquant le genre pour la jeunesse. Il n’y a pas lieu d’être pessimiste, même et surtout en se limitant aux auteurs français. D’une part, les auteurs féminins n’ont jamais été aussi nombreux, de Danielle Martinigol à Nathalie Le Gendre, en passant par Manon Fargetton et Frédérique Lorient. D’autre part, à côté des « baroudeurs tels que Jean-Pierre Andrevon, Alain Grousset, Christian Léourier, Jean-Marc Ligny, ou Pierre Bordage, des écrivains plus jeunes livrent des trilogies ou des romans de SF passionnants, comme Jean-Luc Bizien, Fabrice Colin, Johan Heliot, Christophe Lambert, Erik L’Homme, Xavier Mauméjean ou Loïc Le Borgne…

CG - Quelles sont les qualités que doit posséder selon vous un roman pour enfants ? un roman pour adolescents ? un album ?


RP - La qualité commune aux trois supports, c’est de savoir raconter une histoire, que ce soit par le texte, par l’image ou par l’association des deux.

Pour les plus jeunes, le récit doit favoriser davantage les péripéties que les éléments descriptifs et il n’est pas de bonnes histoires sans émotions. J’aime « la règle des 3 A » de Danielle Martinigol : Aventure, Amour, Ailleurs, applicable à bien des récits

Le roman « jeunesse », quand il n’est pas formaté ou écrit « sur mesure » », (par exemple, dans certaines séries), offre souvent aujourd’hui une variété et une qualité d’écriture, une exigence dans l’agencement de l’histoire, une grande richesse imaginative et thématique. Le seul vrai problème est souvent que les parents qui détiennent les cordons de la bourse risquent parfois de faire peser le poids de leur conformisme ou de leur nostalgie et de ne pas faire suffisamment confiance à leurs enfants qui ont sur le sujet des connaissances parfois très étendues.

Il est fréquent de limiter le récit pour adolescent au pseudo-réalisme des romans-miroirs ou des récits restituant enfances, adolescences ou tranches de vie de tous horizons, Or, tous les genres les intéressent, la fantasy avec la collection « Wiz », la SF des « Autres mondes », le roman historique, le policier des collections spécifique ou épars dans d’autres collections « seniors », les tranches de vie de la collection « Mon bel oranger »…

Certes, les adolescents sont évidemment intéressés au premier chef par des thèmes concernant aussi bien leur évolution physique, psychique ou sociale que leurs rapports à la famille, à l’entourage proche ou plus lointain. Ils se posent des questions existentielles et s’interrogent. Amour ou haine, douleur ou joie, peur et soif de liberté et d’aventure, argent, identité sexuelle et construction de la personnalité les intéressent comme les sujets de société contemporains, de la condition féminine dans le monde aux souffrances de l’enfance et de l’adolescence, aussi bien physiques que psychologiques ou sociales. Ne sont plus tabous ni la maladie, ni la mort, ni les relations frère-sœur, enfants-parents ou grands-parents. Au-delà de ces secrets de famille, sont abordés le racisme, la violence, la discrimination, la différence ou le handicap… 

L’album est un support si riche, si multiple, débordant souvent la catégorie des âges, qu’il est impossible de résumer les rapports du texte et de l’image (ou de l’absence de texte). On ne peut qu’appeler à une véritable Histoire précise et fouillée sans laquelle on ne pourra pas élaborer une véritable culture de l’album. Le livre de Sophie Van der Linden, Lire l’album, ouvre de multiples perspectives et constitue une excellente introduction actuelle à l’album contemporain.


CG - Quelle initiative éditoriale a retenu particulièrement votre attention très récemment ?


RP - A l’heure où les gros livres se multipliaient, j’ai apprécié l’initiative à contre-courant de Thierry Magnier, créateur de la collection « Petite poche », des petits volumes de 48 pages clairement écrits en particulier par Hanno, Mourlevat, Mathis, Yann Mens ou Thomas Scotto… La collection « Confessions » est une réussite appréciable chez La Martinière. Dans le monde de l’imaginaire, je me réjouis de la naissance des sous-collections Fantasy et Science-fiction dans « Le Livre de poche jeunesse ». Dans la défense du patrimoine, rappelons l’initiative de Thierry Magnier et de la Joie de lire pour ressusciter René Guillot ou Lucie Rauzier-Fontayne et les rééditions d’ouvrages par Le Navire en pleine ville.

Puisque les nouvelles collections policières se font rares, apprécions celle qui est née chez Oskar Jeunesse où Yves Pinguilly se trouve fort bien.

Le dernier septennat est particulièrement riche en albums en tout genre puisque la plupart des éditeurs de jeunesse, petits, moyens ou grands, ont leurs collections. Dans ces conditions, il est difficile de distinguer certaines initiatives dans une telle production, généralement de grande qualité.

CG - Quels sont les illustrateurs/trices et auteur(e)s prometteurs ?


RP - En toute subjectivité assumée, je dois avouer que je porte une particulière attention au « gang » des artistes « descendus » à Marseille, souvent issus de l’Ecole des arts décoratifs de Strasbourg et formés par Claude Lapointe et Christian Heinrich. Mon fils Renaud Perrin, illustrateur de mes essais et sa compagne, Catherine Chardonnay, font partie de cette belle équipe où l’on remarque aussi les membres de l’atelier Pan.

En fait, trop de noms « prometteurs » me viennent à l’esprit pour que je puisse faire un choix. J’ai d’ailleurs dû me résoudre à faire une liste dans mon livre pour les « oubliés » du rédactionnel qui précédait, malgré la profusion de titres et de noms déjà inclus. Que le lecteur curieux s’y rapporte.


CG - Vous abordez tous les genres fictionnels, mais pas du tout le secteur documentaire. Cela fera-t-il un jour l'objet d'une autre étude ? Comment jugez-vous la place du documentaire dans l'édition pour la jeunesse ?


RP - L’absence d’une approche du support documentaire est uniquement provoquée par un problème de choix et de cohérence et surtout de place. Les deux ouvrages s’attachent à présenter les mondes de la fiction et la place manquait déjà pour ajouter, comme c’était prévu dans le second essai, une sélection de trilogies ou de séries sur le roman policier, sur les récits de fantasy, fantastiques et de science-fiction. La partie consacrée à la presse des jeunes a aussi été écourtée, faute d’espace. La poésie et le théâtre, brièvement évoqués à propos des listes de l’Education nationale, ont dû, aussi, à mon grand regret, être sacrifiés, comme la chronologie des héros et héroïnes de BD juvéniles et la liste des collections et des éditeurs actuels...

Or, même si je n’envisage pas de m’y consacrer dans les temps futurs, le documentaire m’intéresse et j’ai intégré dans mon livre quelques ouvrages de « docu-fiction » ou quelques albums du genre. Mon hommage à Pierre Marchand (sur le site de Citrouille) était aussi une façon de reconnaître le rôle essentiel de cet éditeur précurseur dans ce domaine.

Ce que je souhaiterais, c’est qu’il y ait moins de documentaires traduits, (je préfère observer dans un livre le plan du château de Guédelon en Puisaye plutôt que la maquette d’un obscur château anglais !) et j’apprécie qu’on fasse alors appel à de illustrateurs français comme, par exemple, Véronique Ageorges, Jacqueline Duhême, Maurice Pommier, François Michel, Philippe Mignon, Olivier Tallec, Pierre-Marie Valat, Zaü ou Thierry Desailly... Je ne me console pas pour autant d’avoir dû écarter les textes documentaires d’auteurs comme Philippe Godard, Marie Sellier ou Jean-Baptiste de Panafieu.

CG - Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Quels sont vos livres à paraître ?


RP - Mes intérêts sont peut-être trop divers. Après la participation à trois dictionnaires dont un sur la littérature de jeunesse, je viens de soumettre (une nouvelle fois) aux éditeurs la lecture d’un essai sur La Lettre de Gênes, écrite par Rimbaud en novembre 1878. J’aimerais exploiter mon abondante documentation pour proposer une bibliographie chronologique, sélective et commentée des études rimbaldiennes, étalées sur plus d’un siècle.

Je voudrais aussi approfondir un essai sur la « raconteur d’histoires », Pierre Pelot, puisque j’ai lu ses 180 romans. A moins que je ne m’intéresse à une sorte de « grammaire » du dessin d’humour centré sur l’unique thème de la télévision ! Mais je m’attache surtout actuellement à l’amélioration de mes deux essais afin d’en éliminer certaines petites imperfections et en élaborant l’index des noms de personnes du dernier livre paru.