Le Centre de littérature de jeunesse de Bruxelles, un véritable partenaire pour les bibliothèques et les écoles
Le Centre de littérature de jeunesse de Bruxelles (CLJBxl), créé en 2006, a comme objectif premier d’offrir des ressources (sous forme d’ouvrages théoriques et professionnels, de formations, de références bibliographiques) aux spécialistes et aux étudiants afin de promouvoir la lecture chez les jeunes.
Le Centre de littérature de jeunesse de Bruxelles (CLJBxl), créé en 2006, a comme objectif premier d’offrir des ressources (sous forme d’ouvrages théoriques et professionnels, de formations, de références bibliographiques) aux spécialistes et aux étudiants afin de promouvoir la lecture chez les jeunes.
Les deux grandes missions de l’institution sont avant tout la conservation du patrimoine et la promotion de la littérature de jeunesse. Dans le cadre d’une politique communale et régionale, ce centre de ressources dispose d’un ensemble de plus de 60 000 ouvrages: fictions, livres et revues de référence pour les professionnels de la littérature de jeunesse. Le prestigieux logo a été dessiné par Mario Ramos. Son fameux loup, plongé dans le plaisir gourmand de la lecture, a permis au Centre de se créer ainsi une véritable identité visuelle.
Pour atteindre ses objectifs, le CLJBxl cherche d’une part à renforcer les liens entre les bibliothèques et les écoles et, d’autre part, à consolider auprès du public l’image des bibliothèques. Deux grands types d’actions sont ainsi organisés pour répondre à ces attentes.
Ses actions
Rapprocher le monde des bibliothèques de celui des écoles, c’est sans doute permettre de confronter, le plus tôt possible, les enfants aux livres quel que soit le lieu. Le CLJBxl cherche à aider les jeunes lecteurs à développer ainsi leur imagination, leur curiosité et donc leurs compétences en lecture critique, seule base solide pour mieux déchiffrer le monde qui les entoure. Deux grandes opérations sont menées tous les deux ans, de manière alternée, pour toucher le public scolaire grâce à la médiation des bibliothécaires.
Celle qui touche les plus jeunes, «J’aime lire dès la maternelle» (pour les 5-6 ans, 3e maternelle), se réalise en étroite collaboration avec les institutions scolaires, les bibliothèques, les futurs enseignants et les animateurs. Cette activité se déroule durant la totalité de l’année scolaire et comporte différentes phases: la lecture, la création par les enfants de chaque classe d’une œuvre en trois dimensions mise à l’honneur lors d’une exposition au sein de la bibliothèque partenaire, l’organisation d’une journée professionnelle pour les adultes participant au projet et enfin la réalisation d’un spectacle jeune public que les enfants pourront découvrir dans un véritable théâtre.
L’autre réalisation, la «Biennale Paul Hurtmans du livre de jeunesse», est organisée pour des enfants entre 8 et 16 ans, répartis en quatre classes d’âge. À nouveau, les écoles, les bibliothèques, les animateurs sont concernés, mais aussi les hautes écoles, les écrivains et les illustrateurs qui auront l’occasion de rencontrer directement les classes dans différents lieux culturels. Le processus se déroule en plusieurs phases également, dont la première se passe en bibliothèque, la deuxième en classe et la dernière avec l’auteur ou l’illustrateur que les classes ont souhaité rencontrer. Là encore, une journée professionnelle permet aux adultes de réfléchir, ensemble, aux différentes possibilités de permettre à nos jeunes d’accéder au livre.
Dans ce même but, d’ailleurs, il est essentiel d’ouvrir les bibliothèques au plus grand nombre de jeunes et également aux parents d’enfants non encore scolarisés. Le «Festival bruxellois de la petite enfance» s’intéresse, lui, aux tout petits, dès la naissance jusqu’à 5 ans. Il permet de mieux connaître ou même de découvrir le monde des bibliothèques. Sont donc visés bien entendu les enfants, mais aussi les parents, avec les professionnels de la petite enfance (dont le personnel des crèches). Un illustrateur belge est chaque fois mis à l’honneur (l’opération a aussi lieu tous les deux ans), il réalise l’affiche, conçoit une exposition itinérante d’une bibliothèque à l’autre, anime des rencontres avec les tout petits et permet de dynamiser ainsi leurs premiers contacts avec le monde du livre.
Dans une logique cette fois plus tournée vers les familles, l’opération «Lire dans les parcs» propose, le temps des vacances d’été, de nombreuses activités dans des lieux publics parrainés par une bibliothèque, si possible des parcs. Cette organisation se déroule à Bruxelles, mais aussi dans l’ensemble de la Belgique francophone. C’est le CLJBxl qui l’organise pour la Région de Bruxelles-Capitale[1].
À côté de ces activités qui drainent un nombre parfois considérable d’enfants de tous les âges mais aussi d’adultes concernés par la lecture des jeunes, le CLJBxl gère également ses collections, organise dans ses locaux ou à l’extérieur des animations, des expositions, des formations[2], des rencontres avec des auteurs, des illustrateurs et des éditeurs, des conférences pour les professionnels[3]. De plus, il publie des bibliographies (par tranches d’âge, thématiques ou d’artistes), il cherche à soutenir les projets de leurs collaborateurs et apporte son expertise aux acteurs locaux, notamment en réalisant des recherches thématiques ciblées, ou en mettant à disposition ses ouvrages, consultables uniquement sur place, pour les professionnels du monde du livre et les étudiants concernés.
Ses partenariats, synergies et collaborations
La politique générale du Centre est tournée vers la collaboration avec le plus grand nombre d’acteurs possible du monde francophone des bibliothèques, des écoles, de la culture, mais aussi ceux du monde de l’édition, des librairies et, bien entendu, ceux du domaine de la création. C’est ainsi que les partenariats se réalisent régulièrement, ou de temps en temps, avec des institutions diverses comme la Fédération Wallonie-Bruxelles, La montagne magique, l’Académie royale des Beaux-Arts, le Centre de littérature de jeunesse André Canonne, le département pédagogique de la Haute École Francisco Ferrer, la Ligue des familles, l’Institut supérieur de pédagogie de la Région de Bruxelles-Capitale, les écoles de futurs bibliothécaires-documentalistes, la section belge francophone de l'IBBY, etc.
Il est indéniable que l’institution met particulièrement en valeur les créations des artistes belges, vivant en Belgique ou à l’étranger, n’hésitant pas d’ailleurs à valoriser aussi la production néerlandophone lorsqu’elle est accessible en français, ce qui correspond à la réalité d’une région bilingue. De plus, comme les enfants de Bruxelles font partie d’une mosaïque multiculturelle, le Centre dispose aussi d’un «kiosque à histoires», pour les 3-10 ans, comportant 98 récits dans 21 langues différentes[4], empruntables gratuitement pour tous les organismes culturels, bibliothèques et écoles (seul le transport est à charge de l’emprunteur). Dans les mêmes conditions, il est possible d’emprunter des kamishibaï (collection de plus de 300 histoires et butaï).
En quoi l’existence du Centre est-elle le signe d’une évolution significative de la perception de la littérature de jeunesse à Bruxelles?
À Bruxelles, il y a un peu plus de 100 ans, en septembre 1920, s’ouvre la première «Heure Joyeuse»[5], quatre ans avant celle de Paris. L’Instruction publique de la Ville de Bruxelles en comptera huit, créées entre 1920 et 1949. Les bibliothèques communales et les écoles sont en effet gérées par la même autorité politique. C’est sans doute grâce à l’engagement de la pédagogue féministe Lilly-Elisabeth Carter[6] que les bibliothèques «enfantines» ont été pensées en lien direct avec les écoles. Après 1978, elles deviendront des sections jeunesse des bibliothèques publiques. Il faudra attendre 2006 pour que, dans le cadre d’une de ses sections[7], le CLJBxl voie le jour. Il est le premier des CLJ en Belgique francophone, juste avant celui de La Louvière[8] et celui de Liège, quatre ans plus tard[9].
Comme dans de nombreux pays et/ou de nombreuses régions, de telles institutions ont vu le jour ou se sont développées. C’est un signe évident d’une autre approche des livres dits pour les enfants. Le fait que des pouvoirs publics, des universités et des grandes écoles prennent conscience de l’importance de la qualité de cette production montre qu’une page essentielle est tournée. Le livre pour enfants du 19e et du début du 20e siècle fut un objet culturel de luxe, réservé à une élite sociale; celui de la seconde moitié du siècle dernier fut trop souvent une simple production commerciale rentable, malgré de très belles expériences novatrices prometteuses, mais trop souvent éphémères.
Pour qu’aujourd’hui seule une littérature de qualité soit offerte à nos enfants, à tous nos enfants, il est important que nos bibliothécaires, nos chercheurs, nos enseignants et nos animateurs puissent défendre bec et ongles cette production de qualité. Ainsi, depuis le début du 21e siècle, ces différentes initiatives ont acquis une réelle reconnaissance institutionnelle: en France, le Centre national de la littérature pour la jeunesse, depuis 2008, est devenu un service spécialisé du département littérature et art de la Bibliothèque nationale de France; l’Institut suisse Jeunesse et Médias fut fondé en 2002 à partir d’anciennes instances; le Centre québécois de ressources en littérature pour la jeunesse (CQRLJ) a vu le jour un peu plus tard. À Bruxelles, donc, les pouvoirs publics ont aussi sauté le pas, suivis de peu par ceux du Hainaut et de Liège, mais précédés par ceux d’Anvers[10]. Les temps ont donc changé et l’on considère aujourd’hui que la lecture et la littérature sont indispensables au bien-être de nos jeunes. C’est un signe positif, profitons-en sans arrière-pensée, même si nous savons que toute construction humaine reste fragile.
[1] C’est la section belge francophone de l'IBBY qui gère l’opération en région wallonne.
[2] Accessibles à la fois aux bibliothécaires, aux enseignants et aux animateurs.
[3] Renseignements sur le site du CLJBxl.
[4] Grâce à l’asbl Foyer de Molenbeek.
[5] Bibliothèque destinée à la jeunesse et créée avec l’aide du Book Committee on Children’s Libraries fondé à New York, le 12 novembre 1918, par un groupe de femmes philanthropes et désireuses de participer à l’effort de reconstruction des pays occupés, la France et la Belgique, en se tournant vers leur force vive: la jeunesse.
[6] Lilly-Elisabeth Carter (1865-1937) est une féministe et pédagogue belge d’origine britannique, très engagée, qui militera activement pour l’indépendance des femmes, surtout celles des milieux défavorisés.
[7] Il s’agit de celle de la Bibliothèque de Laeken (ancienne commune rattachée en 1921 à Bruxelles-Ville), dirigée à l’époque par Luc Battieuw, fondateur du CLJBxl, avec le soutien de l’Inspection pédagogique des bibliothèques de la Ville de Bruxelles.
[8] Créé aussi en 2006.
[9] En septembre 2010.
[10] Cette ville est située dans la partie flamande du pays. Cependant, si le «Nationaal Centrum voor jeugdliteratuur» (Centre national pour la littérature de jeunesse) a bien ouvert en 1976, il a malheureusement été absorbé en 2006 dans une structure plus large qui se définit globalement par une approche pédagogique de la lecture et de l’alphabétisation («Stichting Lezen» devenue «Iedereen Leest», que l’on pourrait traduire par «tout le monde lit»).
Contacts:
Centre de littérature de jeunesse de Bruxelles (CLJBxl)
8, rue du Frontispice
1000 Bruxelles
Belgique
(métro: ligne 6, arrêt Yser)
Téléphone: 00.32.(0)2.428.74.48
Site internet: www.cljbxl.be
Adresse mail: [email protected]
Chaîne YouTube: http://bit.ly/Youtube_CLJBxl
Réseaux sociaux: Facebook et Twitter
Lettre d’information mensuelle: Un loup dans la messagerie du CLJBxl. Pour s’y abonner gratuitement, voir sur le site du CLJBxl ou cliquer ici.
*Monique Malfait-Dohet, docteure en philosophie et lettres, est conseillère scientifique du CLJBxl. Elle a donné pendant plus de vingt ans un cours de didactique du français et un autre de littérature de jeunesse à la Haute École F. Ferrer (Bruxelles) après une longue expérience au lycée. Dans ce cadre, elle a régulièrement collaboré avec le CLJBxl dont elle est devenue la conseillère scientifique. Membre du conseil d’administration de la section belge francophone de l'IBBY, elle est également rédactrice de sa revue, Libbylit, et participe au jury album pour le prix littéraire décerné chaque année.