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La collection l’Abécédaire aux éditions de L’Edune

13 novembre 2008


Parcours libre à travers les lettres de l’alphabet, les mots et les univers graphiques d’une vingtaine d’illustrateurs. La collection l’Abécédaire, dirigée par Régis Lejonc, déploie des imagiers originaux et ludiques quis’avèrent être de véritables espaces de création.

Découverte. Portée par les éditions de l’Edune, une petite structure d’édition spécialisée dans les albums, la collection l’abécédaire est née en 2007 et est pilotée par Régis Lejonc. Ces petits albums carrés permettent une entrée ludique dans les lettres. Chaque titre évoque une lettre et a été confié à un illustrateur. De A à Z, voici donc 21 illustrateurs (7 d’entre eux se voient confier deux lettres) qui ont eu carte blanche pour représenter entre 20 et 30 mots commençant parune lettre identique.

Particularité de ces ouvrages les mots représentés ne sont pas inscrits sous l’image mais répertoriés à la fin dans un index. Et le résultat pourra surprendre puisque plusieurs mots peuvent correspondre à l’image représentée. A la fin des ouvrages, Régis Lejonc présente l’univers des illustrateurs choisis.

Entre abécédaire et imagier, cette collection permet en outre de dresser le portrait d’illustrateur et de découvrir une palette d’univers graphiques et de techniques. Un concept novateur et ludique.



Questions à Régis Lejonc

- Comment avez-vous choisi les illustrateurs qui figurent dans cette collection ? Avez-vous
fait le choix de jeunes talents, d’artistes plus confirmés ? Avez-vous cherché à
mettre l’accent sur des styles graphiques et des techniques très différents ?

La collection L'ABÉCÉDAIRE est pour moi le fruit de 15 ans d'illustration, de la découverte d'un monde artistique brillant, riche et pourtant méconnu et mésestimé au regard d'autres formes artistiques. Ma connaissance de ce milieu, du travail d'illustrateur et mes envies de lecteurs sont les composants de ma démarche. Ensuite la rencontre avec les éditions l'Édune à un bon moment a permis la concrétisation de ce projet. Dès le début cette collection a été définie en 20 titres pour des raisons à la fois financières et surtout pour que les lettres difficiles ne deviennent pas des entraves à la liberté de création des participants. Par ailleurs, il y a bien plus de 20 illustrateurs dont j'admire le travail. Il m'a donc fallu effectivement faire des choix. J'ai procédé par cercles concentriques, partant de proches amis pour aller vers ceux que je connaissais moins ou pas. J'avais aussi envie d'un certain équilibre entre des illustrateurs dont on connaît bien le travail et d'autres qui sont des découvertes. Je souhaitais aussi une variété graphique d'un univers à l'autre, et puis voir ce que certains feraient de cet espace de liberté offert.




- Les créateurs ont-ils une contrainte particulière dans le choix des mots ? Les techniques utilisées? Pouvaient-ils par exemple reprendre des images qu’ils ont déjà publiées dans de précédents ouvrages ?

Les mots d'ordre sont LIBERTÉ ET PLAISIR.


Deux notions qui ne sont pas toujours possibles dans la création jeunesse parce que souvent contraintes au texte, au thème et aux enjeux commerciaux. Ici le thème de la collection sont les illustrateurs eux-mêmes. Une collection sur mesure pour permettre aux illustrateurs de nous ouvrir leur univers sensible et aux lecteurs de se plonger dans leur monde et leur cheminement
mental.

Dès lors, une fois leur(s) lettre(s) attribué(es), les illustrateurs ont fait librement le choix de leurs 19 à 38 mots. J'ai veillé à l'équilibre entre mots simples et mots savants ou compliqués. Trop de facilité ne retiendrait pas suffisamment l'attention du lecteur sur les images et trop de mots difficiles serait décourageant.

Pour le choix de leur représentations, là encore, les illustrateurs sont libres comme l'air. Ils choisissent les techniques de leur choix, peuvent faire de la photo, de la peinture, du numérique... tout ce qu'ils veulent, sans contrainte ni direction artistique. Le choix initial est mon implication personnelle en tant que directeur de collection, je ne commente par la suite leur production que lorsqu'on le demande et mon avis est consultatif et non imposé au final. Si
certains veulent utiliser des images pré-existantes, c'est leur droit bien sûr dans les limites de la liberté d'utilisation des images en question.





- L’abécédaire vous paraissait-il un genre approprié pour cet espace de création
libre?


Le support de l'abécédaire est pour moi une évidence à plusieurs titres.

Tout d'abord avec un abécédaire on touche fondamentalement au dessin qui fait sens, à la source même de la faculté humaine à représenter le monde pour le communiquer à l'autre. Il s'agit de partage sensible.

Le dessin est à l'origine de l'écriture et l'écriture engendre maintenant du dessin... Une boucle logique et puissante existe d'emblée dans l'abécédaire.


Ensuite c'est un imagier.

L'imagier est le support de base en jeunesse pour communiquer aux petits la transition du dessin vers le mot. C'est aussi la base pour un illustrateur qui, dans l'exercice de l'imagier, n'a pas d'autres questions à se poser que celles de la représentation graphique et plastique du monde qui l'entoure. Savoir représenter, c'est pouvoir raconter par l'image.

Et comme cette perception est hautement subjective, la sensibilité de chacun peut facilement transparaître et être partagée.





- Sur le site, vous utilisez les termes « alphabet affectif et graphique ». Pourquoi affectif
?


C'est une collection affective en tout point. Tout d'abord parce que les éditions l'Édune m'ont offert le luxe d'exprimer librement mes goûts de lecteur. C'est une chance rare. J'ai débuté aux éditions du Rouergue avec Olivier Douzou qui a bénéficié en son temps d'une carte blanche similaire. J'ai été d'emblée sensibilisé à ce fonctionnement éditorial : un interlocuteur unique décisionnaire, quelqu'un qui a une vision et surtout en qui on peut avoir confiance parce que connaissant intimement les processus de création de l'image.

J'ai pu choisir des gens que j'aime, dont j'admire l'art. Ce choix est intuitif, sensible et parfaitement subjectif de ma part. Ma volonté est dès lors de partager mes goûts. C'est pour ça que j'écris un petit article signé en fin d'ouvrage. Je veux éclairer et faire aimer ces
artistes-là.

Ensuite parce qu'étant moi-même un illustrateur, cette collection me permet d'exprimer ma passion pour cet art. Je peux ici déclarer fortement mon amour pour l'illustration et là encore, sensibiliser les lecteurs de tout âge à cette forme artistique. On ne connaît qu'une petite part de la création des illustrateurs car c'est un art appliqué qui se réduit souvent aux supports narratifs, aux contraintes techniques, aux volontés encore trop souvent pédagogiques et aux volontés encore trop souvent pédagogiques et aux entraves commerciales. Nombre d'illustrateurs savent faire des choses qu'on ne voit presque jamais faute d'espaces adaptés pour
ça.

Et c'est enfin et encore un alphabet affectif parce qu'il y a des enjeux humains forts dans cette aventure éditoriale : confiance aveugle de l'éditeur et confiance aveugle des participants à mon
égard. Je veux également susciter cette même confiance chez les lecteurs. J'ai travaillé avec des amis proches et découvert humainement des artistes que ne connaissait que par leur travail. Et puis j'aime l'idée qu'un éditeur se mette pleinement au service des ambitions des auteurs plutôt que l'inverse.




- Pourquoi avoir confié deux lettres pour un même illustrateur et parfois deux
illustrateurs pour une seule lettre ?

L'association de deux lettres permet d'élargir le champ de liberté des illustrateurs. Certaines lettres sont trop étriquées. En leur associant une autre lettre, il y a plus de mots pour plus de
choix. Le choix des mots n'est pas anodin. Il raconte déjà sur l'illustrateur avant même qu'il ne
dessine.

Concernant la complicité entre Christophe Merlin et Jean François Martin, c'est leur choix, leur envie de réaliser leur album à 4 mains. Quelque chose de rarement possible, là
encore.





- Pourquoi avoir confié deux lettres pour un même illustrateur et parfois deux
illustrateurs pour une seule lettre ?

L'association de deux lettres permet d'élargir le champ de liberté des illustrateurs. Certaines lettres sont trop étriquées. En leur associant une autre lettre, il y a plus de mots pour plus de
choix. Le choix des mots n'est pas anodin. Il raconte déjà sur l'illustrateur avant même qu'il ne
dessine.

Concernant la complicité entre Christophe Merlin et Jean François Martin, c'est leur choix, leur envie de réaliser leur album à 4 mains. Quelque chose de rarement possible, là encore.

Propos recueillis par Charlotte Javaux en Juin 2008

A comme Olivier Latyk


Voici la liste des illustrateurs de la collection :

Olivier Latyk, Alfred, Rascal, Henri Meunier, Thierry Murat, Carole Chaix, Richard Guérineau, Nathalie Choux, Séverine Assous, Ingrid Monchy, Martin Jarrie, Marc Boutavant,Claire Franek, Blex Bolex,Célestin, Marc Daniau, Frédérique Bertrand Régis Lejonc, Olivier Tallec, Jean-François Martin, Christophe Merlin.




Le site de la collection

http://labecedaire.editionsledune.fr/

Le site de Régis Lejonc

http://web.mac.com/regis.lejonc