Isabelle Jan vient de nous quitter
En 1962, dans un atelier d'artiste de la rue Schoelcher à Paris, Natha Caputo, critique journaliste et Isabelle Jan critique, chercheur, essayiste, qui étaient co-productrices de l'émission radio bien connue La Ronde des Livres, décidèrent de créer une association de Recherches et d'Informations sur la Litterature pour la Jeunesse ( le CRILJ).
Elles le firent en compagnie de Mathilde Leriche, de la Bibliothèque de l'Heure Joyeuse, de Marc Soriano, professeur d'Université, de Raoul Dubois , enseignant et critique de littérature jeunesse, de Raymonde Dalimier, bibliothécaire du Lycée La Fontaine à Paris, et de Janine Despinette, membre du Centre de Psychologie Comparative de l'Ecole des Hautes Etudes et critique responsable des rubriques Livres et Arts/Expositions de la revue hebdomadaire Loisirs Jeunes.
Il leur faudra attendre assez longtemps pour voir se réaliser enfin, en 1974, leurs rêves d'intellectuels, à l'issue des "Journées d'Etudes" organisées au Centre International d'Etudes Pédagogiques de Sèvres par Jean Auba, son directeur, inspecteur général de l'Education Nationale et par la Section française de l'IBBY.
Le CRILJ existe encore, avec une nouvelle génération de chercheurs, mais, pour qui sait lire, la convergence des recherches des pionniers devrait apparaître dans les travaux publiés par les uns et par les autres: le temps de l'Enfance aura toujours sa spécificité, puisque c'est en ce temps que se forme l'homme et la femme.
Les psychologues, les éducateurs, les sociologues et les Pouvoirs Publics doivent à chaque génération prendre conscience de cette réalité. Pour notre génération c'était une évidence...
Je viens de passer quelques heures à relire l’ouvrage d’Isabelle Jan Les livres pour la Jeunesse, un enjeu pour l'Avenir préfacé par Jean Gattégno et publié par les Editions du Sorbier.
Ses propos sont plus que jamais d'actualité.
Et voici ce qu’elle répondait, il y a vingt ans, à la question: “La littérature jeunesse doit-elle nécessairement être morale?”
“Avant, il ne fallait pas dire zut à sa grand-mère, se mouiller les cheveux ou être coquette ; maintenant il faut appartenir à une organisation humanitaire : c’est pareil ! La cause est peut-être plus intéressante, mais la littérature tout aussi ennuyeuse. »