Hubert Jegat

Ricochet : Comment est né le projet de cet album ?

Hubert Jegat : Heu est né de la rencontre avec Grégoire Charbey, plasticien-scénographe, avec qui je travaille depuis 5 ans. Nous nous sommes retrouvés sur cette envie de raconter des histoires, que ce soit sous la forme livresque ou théâtrale. Nous avons abordé ce travail sur l'album comme pour la création d'un spectacle : comme deux artisans ou deux laborantins, avec patience et exigence.

Ricochet : Quel est ton parcours ?

Hubert Jegat : Tous les matins, je vais chercher du pain à ma boulangère qui me sourit. J'emprunte la petite rue où j'habite, sans me presser : la boulangerie ne ferme qu'à 19h. Ensuite je retourne à la maison, embrasse la femme que j'aime, et commence à travailler. Enfin, ça, c'est les journées tranquilles, classiques et plutôt agréables. Sinon, je cours beaucoup en fait.

Ricochet : Vous sortez simultanément Heu en album et en théâtre d'images, pourquoi ce choix ?

Hubert Jegat : C'est Jean-Luc Burger, notre éditeur qui nous l'a proposé. J'avoue qu'avant qu'il nous en parle je ne connaissais pas cette forme. En travaillant sur le projet d'album, nous ne pensions pas que Heu se retrouverait sur scène, dans un petit théâtre en bois. A croire que le théâtre nous poursuit, même lorsque l'on essaye de lui échapper !

Ricochet : Votre spectacle "Pépé Polak" mettait en scène une personne âgée. Avec Heu, c'est un tout jeune garçon. Pourquoi une chose semble les unir, les problèmes de communication. Ce manque de communication semble est central dans votre travail ?

Hubert Jegat : Sans vouloir dénoncer un monde où l'on ne communiquerait plus avec son voisin de palier ( ou alors par mail ), nous nous posons certainement la question des échanges, des rapports humains. Comment transmettre à ses enfants, comment donner à ses amis, comment être entendu ? Il est très facile de parler, de s?exprimer, m ais comment être entendu ? Nous croyons au bonheur, sans cynisme et sans douleur, et même si les voix se perdent parfois dans le désert, les cailloux les entendent.

Ricochet : Vous jouez sur les couleurs et la matière. Qu'apporte selon toi l'univers de la marionnette à l'album jeunesse ?

Hubert Jegat : Je crois que les deux expressions peuvent se nourrir l'une de l'autre. Les esthétiques que l?on trouve dans la marionnette sont tout aussi riches et variées que les graphismes des albums jeunesse. Mais l?une ou l?autre forme d?expression ne survit pas sans propos, sans histoire à raconter, sans matière à rêver. On retrouve la même synergie nécessaire dans ces deux expressions : faire entendre et faire voir.

Ricochet : Quels sont vos projets ?

Hubert Jegat :
Etre heureux.