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Entretien avec Sophie Giraud - Hélium éditions

16 avril 2009


Et voici Hélium, une nouvelle structure d’édition dont les premiers titres sont en librairie depuis ce mois d’avril. Pilotée par Sophie Giraud, cette maison d’édition totalement indépendante proposera 15 à 20 livres par an, en majorité des livres jeunesse, des jeux d’auteurs et des livres-objets. Des lectures à plusieurs étages, emplies de vitalité qui seront suivies dès l’automne par des publications adultes.


L’hélium a des propriétés surprenantes. C’est léger aussi. Ces caractéristiques se retrouveront-elles à travers votre ligne éditoriale ? Pouvez-vous nous la dévoiler ?

Ce qui me plaît dans l’hélium, c’est que ce gaz a été découvert dans une éclipse du soleil. J’aime l’idée que nos livres aient une énergie un peu solaire, en tous cas, qu’ils soient pleins de vitalité.

Et bien sûr, il y a la fantaisie et la légèreté de la création.

Ce sont des choses importantes à mon sens, à communiquer aux enfants. Surtout en période de crise économique sinistre.

Hélium est né en 2008, les premiers livres sont sortis ce 1er avril 2009. Combien de titres publierez-vous ? Lancerez-vous les publications jeunesses et adultes en même temps ?

Nous publierons 15 à 20 livres par an, en majorité des livres jeunesse, des jeux d’auteurs et des livres-objets (livres à systèmes, livres animés). Mais les publications adultes (environ un quart du programme) commenceront dès l’automne 2009 avec un premier ouvrage passionnant et illustré, dirigé par Maylis de Kerangal et Joy Sorman, Les Femmes et le sport.

Vous semblez accorder une belle place à l’illustration. Quels vont être les formats, le ton et le public visé concernant votre catalogue jeunesse ?

En fait, nos livres doivent plaire autant aux adultes qu’aux enfants, avec des lectures à plusieurs étages, des illustrations graphiques, des objets-livres dont notre directeur artistique Gérard Lo Monaco a le secret. Nous sommes ouverts à tous les styles — ce qui importe, c’est l’adéquation entre l’idée, le texte et la forme. Cependant, le graphisme ne prime pas : je suis très attentive au texte et à l’idée proposée et veille à ce que chacun ait sa place dans cette aventure du livre illustré.

Vous développerez aussi de la fiction pour la jeunesse. Est-ce des traductions ? Des auteurs français ?

Nous publierons à partir de 2010 de la fiction française et étrangère pour jeunes adultes. Nous allons faire travailler des auteurs français de littérature mais avec le souci du rythme, comme chez les anglo-saxons.

En septembre 2009, nous publierons le premier livre pour la jeunesse de François Bégaudeau, L’Invention du jeu : un petit roman illustré à partir de 9 ans. Il a pour sujet le football et c’est une pépite littéraire.

Vous annoncez aussi des objets papier et des jeux graphiques ? Qu’entendez-vous par ce terme ? Est-ce un espace d’expression qui vous semble peu exploité ?

Il y a eu de grands prédécesseurs dans ce domaine comme Enzo Mari ou Bruno Munari. Ce sont des créateurs qui ont eu le souci de faire jouer les enfants pour les conduire à la lecture.

C’est exactement ce que nous voulons faire : Serge Bloch a choisi de créer un jeu de cadavre exquis : Les Méli-molos et Delphine Chedru, un jeu de collage : L’Oiseau patate. Dans les deux cas, il s’agit de créer des personnages ; c’est donc déjà le début d’une histoire.

Pourquoi avoir choisi de publier pour les adultes et les enfants ?

Par goût, parce qu’énormément de choses m’intéressent et aussi parce que pour moi, tout se tient et qu’un genre nourrit l’autre. Comme je l’ai fait précédemment, je souhaite mélanger les genres, mélanger les auteurs. Jean-Luc Fromental, l’auteur de Oups ! qui vient de Métal hurlant apporte son parcours atypique et son art du scénario dans le récit pour enfants. Didier Cornille, l’auteur de Mini Maxi est un professeur de design qui dessine des lampes, dont c’est le premier livre pour la jeunesse. D’un côté, nous aurons des auteurs qui ne sont pas usuels pour la jeunesse, de l’autre nous essaierons d’apporter au domaine adulte, un savoir-faire de l’objet plus courant en jeunesse.


Mini Maxi, Didier Cornille, à paraître 27 mai 2009


Parmi les auteurs et/ou les illustrateurs que vous allez publier, travaillerez-vous avec des auteurs et des illustrateurs que vous connaissez déjà ?

Ce sera un équilibre entre de nouveaux talents, en illustration comme en texte (Julia Wauters, Didier Cornille...) et des auteurs avec lesquels je travaille, pour la plupart, depuis que j’ai été éditrice chez Albin Michel Jeunesse (Serge Bloch, Joëlle Jolivet, Benjamin Chaud, Ramona Badescu…).

Pouvez-vous nous annoncer quelques noms ? Est-ce des auteurs et des illustrateurs confirmés ou vous tournerez-vous vers de jeunes créateurs ?

Nous publierons tout autant des auteurs totalement inédits (deux d’entre eux sont même encore étudiants) que des écrivains et des illustrateurs connus — François Bégaudeau, Serge Bloch, Joëlle Jolivet,...

Hélium est-il un label, une structure indépendante ? C’est aussi une petite équipe  bien expérimentée. Pouvez-vous nous la présenter ?

Nous sommes totalement indépendants mais soutenus par Flammarion pour la diffusion-distribution.

L’équipe est composée de passionnés qui se connaissent bien et voient le travail d’édition de la même manière :

À mes côtés, à l’éditorial, il y a Gilberte Bourget qui m’accompagne depuis Albin Michel et Naïve, et qui sera en charge de la fiction étrangère. De plus, Maylis de Kerangal dirigera une collection de fiction française jeunes adultes à paraître en 2010.

Côté fabrication et direction artistique, Gérard Lo Monaco et Emma Giuliani, des Associés réunis, m’accompagnent aussi depuis longtemps. C’est avec eux que j’ai bâti le catalogue Naïve livres.

Enfin, pour la presse, Sylvie Chabroux qui est indépendante, et pour les relations avec les libraires et bibliothécaires, Ilaria Conni qui vient du magazine Page et de la prestigieuse association Hamelin de Bologne.



Oups! Jean-Luc Fromental, illustrations Joëlle Jolivet


Les Associés réunis est le studio graphique qui vous accompagne. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Gérard Lo Monaco est plus qu’un simple directeur artistique, c’est un artiste amoureux des livres, qui a le sens de la mise en scène et de l’objet livre : il tient cela de son expérience dans le décor de théâtre. C’est lui qui a créé les pochettes de disques de Renaud, le charmant pop-up du Petit Nicolas et qui depuis ses passages chez Tchou et Pauvert dans les années 60 puis chez Syros dans les années 80, a apporté beaucoup au livre jeunesse et au livre-objet.


Emma Giuliani, son associée dans le studio graphique, est très douée pour inventer des fabrications soignées ; elle est très sensible à l’illustration pour les tout-petits.


Ces deux-là font la paire pour nous concocter des surprises au service du contenu du livre.

Au moment où les premiers livres arrivent dans les librairies, êtes-vous confiante ?  Vous reste-t-il des appréhensions ?

Qui n’en aurait pas ?! Dans cette période de grand trouble. Mais nous voulons faire un pied de nez en proposant des livres singuliers et pleins de vie. La foire de Bologne qui a été un grand succès pour hélium (plusieurs titres ont été vendus en 5 langues au moins) nous donne l’espoir que notre production éditoriale ne laissera pas indifférent.

Et au fond, une toute petite structure très organisée, centrée sur un petit nombre de livres bien travaillés, pourra peut-être mieux laisser passer l’orage qu’un grand groupe !!


Voir le site Hélium Editions


Propos recueillis par Charlotte Javaux