André François

Médiathèque Jean Moulin – Photos Jane Amboise, 2011

Abrité sur la mezzanine toute neuve de la Médiathèque Jean-Moulin, le Centre André François, Centre Régional de Ressources sur l’Album et l’Illustration a pour vocation de conserver, faire vivre et mieux connaître le territoire du livre illustré. Son public sera majoritairement composé de professionnels du livre, des bibliothèques, de l’enseignement et de la petite enfance, mais aussi d’étudiants et de chercheurs venus consulter ses collections ou participer à des journées de formation.
Le grand public et les enfants ne seront bien sûr pas oubliés. Lors des résidences d'artistes qu'elle organisera régulièrement, des expositions et des ateliers seront ouverts à tous gratuitement.
Prenant le nom d’André François, ce Centre présentera légitimement, quelques expositions, rencontres, conférences et journées de formation consacrées à cet artiste phare du XXème siècle dont il conservera prioritairement les oeuvres sur papier. Après le dramatique incendie de son atelier en 2002, cette collecte institutionnelle revêt un caractère d'urgence.

En l'automne 2010, il a accueilli, en avant-première, l’auteur-illustrateur Jean-Charles Sarrazin, pour une résidence conjointe portée par les communes de Compiègne et Margny-lès-Compiègne, dans le cadre du dispositif de résidences d’écrivains soutenu par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Picardie depuis 2003.
Du 13 novembre au 18 décembre, fut accrochée à ses cimaises toutes neuves l'exposition Jean-Charles Sarrazin, un auteur-illustrateur en Compiégnois, rétrospective de l’ensemble de l’oeuvre de cet artiste, esquisses et originaux d’albums, mais aussi des inédits, carnets de voyage et travaux personnels qui ne sont jamais sortis de son atelier. A cette occasion, ont eu lieu une rencontre tous publics et une rencontre professionnelle avec l'artiste, animées par Janine Kotwica, conseillère artistique du Centre.

Le vieil éléphant de son affiche était un clin d’oeil à André François auquel Jean-Charles Sarrazin voue, comme tous ses confrères, une grande admiration.
Toujours en avant-première, le Centre a organisé une formation professionnelle ouverte également au grand public sur le récit documentaire le mercredi 19 janvier 2011. Autour de Janine Kotwica ont été réunis trois auteurs illustrateurs, Emmanuel Cerisier, Fabian Grégoire et Olivier Mélano, ainsi que leur éditeur, Marcus Osterwalder, directeur de la collection Archimède de l'École des loisirs.

En juin 2011, le Centre accueillera Balade aux îles Baladar, une exposition, accompagnée d’un livret, qui raconte la turbulente collaboration d’André François et de Jacques Prévert, maîtres de l’anticonformisme, créateurs d’un album mythique paru en 1952, Lettre des îles Baladar.
Montée par Maëlle Quéré, directrice de la Maison Jacques Prévert et Janine Kotwica, elle fut présentée à Omonville-la-Petite, dans la maison de Jacques Prévert, durant l’été 2009.

En octobre, l’artiste russe Sacha Poliakova sera en résidence au Centre André François.

Le fonds André François sera disponible pour consultation à la fin du mois de mai, à la clôture de l’exposition André François Premières acquisitions. Quant au Centre de ressources, il sera opérationnel cet automne.

Photo Janine Kotwica, 2010

Le vendredi 15 avril 2005, dans un petit cimetière ensoleillé du Vexin, une pluie de fleurs de cerisier recouvrait le cercueil d’André François.

Né André Farkas en 1915, au Banat, dans une province de l’empire austro-hongrois qui deviendra la Roumanie, cet artiste naturalisé français, mondialement connu, fut l’un des grands noms des arts graphiques du XXème siècle.

Illustrateur de livres pour enfants parus surtout aux Etats-Unis et en France, il a créé, il y a près d’un demi-siècle, quelques titres inoubliables, dont Little Boy Brown, puis Les larmes de crocodile et Tom et Tabby édités par son complice Robert Delpire et, en collaboration avec Jacques Prévert, à la NRF, notre Lettre des îles Baladar, balayant d’un coup de crayon et de plume malicieux, audacieux et libérateur les mièvreries, les conventions ou les contraintes pédagogiques alors souvent attachées à ce genre.

Parallèlement, dès le début des années 50, il dessine, pour la presse adulte américaine, des croquis farfelus, d’un humour tendre, candide et joyeux, qui seront réunis en de savoureux recueils dont l’irrésistible drôlerie n’a pas pris une ride, ainsi Double Bedside Book, The Tattooed Sailor ou The Half Naked Knight.

La célébrité, il l’acquiert avec ses affiches, publicitaires (Citroën, Kodak, Gillette, Dop...) ou cinématographiques (Le soupirant, YoYo, films de son ami Pierre Etaix) et par ses nombreuses couvertures de magazines (The New Yorker, Graphis, Punch...) dont certaines ont fait date dans l’histoire du graphisme. Sa renommée s’est étendue jusqu’au Japon où il fut exposé en 1995.

Il collabora avec de nombreux journaux, Le Matin de Paris, The Observer, Le Monde (Animots), Le Nouvel Observateur (Les moutons et escargots à lunettes) ou Télérama : « Ne ciné-ronflez plus, lisez Télérama... ». La grande rétrospective de 2003 à la Bibliothèque Forney a permis de prendre la mesure de l’importance considérable de son oeuvre sur papier.

Son trait garde au fil des années son aisance souveraine, mais un arrière-plan philosophique se précise, les sources d’inspiration évoluent, s’approfondissent, s’érotisent, s’assombrissent, démultiplient leurs significations, et il crée désormais des personnages monstrueux, des sirènes voluptueuses, des clowns mélancoliques, et des situations vigoureuses et grinçantes, presque violentes, qui cousinent souvent avec un surréalisme très personnel. Sa connivence avec l’écrivain-éditeur François David et surtout avec Vincent Pachès, qui l’a introduit à la revue de santé mentale VST dont il est le directeur artistique, est à l'origine de livres forts et parfois dérangeants.

D’une créativité, d’une inventivité, d’une lucidité et d’une jeunesse impressionnantes, il fut également peintre, sculpteur et décorateur de théâtre, virtuose dans toutes les techniques : gravures diverses (lithographie, aquaforte, sérigraphie...), dessins à l’encre ou au crayon, au pastel ou au fusain, peintures à l’eau, à l’huile ou acrylique, collages incongrus de toutes sortes de matériaux, vaisselle cassée, bois flottés ou brûlés, ferraille, plomb fondu, objets détournés et mariés, dans des compositions dissonantes ou harmonieuses, avec un humour qui n’exclut ni le sens, ni l’exigence esthétique.

Son atelier et toutes les archives et oeuvres qu’il contenait ont été détruits dans un incendie en décembre 2002. Epaulé par sa femme, Marguerite, et ses enfants, Pierre et Katherine, après quelques mois d’état de choc, il surmonte cette tragédie et crée de nouveau, à 87 ans, avec une fébrilité juvénile retrouvée, en une forme d’oblation conjuratoire, des oeuvres où il a intégré les débris calcinés ou fondus ramassés dans les décombres. Ces chefs-d’oeuvre crépusculaires et particulièrement chargés d’émotion ont été montrés à Beaubourg, au printemps 2004, dans une exposition rédemptrice, L’épreuve du feu, où fut projeté le très beau film qu’il inspira à Sarah Moon.

Un courage, un talent, une énergie, une intelligence, une imagination, bref une personnalité hors du commun qui ont fait de lui la « référence » de la plupart de ses confrères.

On ne pouvait rêver parrain plus charismatique pour un Centre dédié aux arts graphiques.
JK

L’exposition présentera, du samedi 16 avril au samedi 14 mai 2011, les « Premières acquisitions » que le Centre a faites des oeuvres de l’artiste (estampes, affiches mais aussi livres d’artistes, dessins de presse, livres illustrés et documents divers), soit par achats, soit à la suite de cadeaux de généreux donateurs.
Grâce à la bienveillance des ayant droits d’André François, sa femme Margaret, qui nous a quittés depuis, ses enfants Pierre et Katherine, et ses petits-enfants, le visuel de cette exposition demeurera l’emblème du Centre.

Lors du vernissage de l’exposition, une présentation d’André François sera assurée par Janine Kotwica, spécialiste de l'illustration et commissaire de l'exposition, suivie de la projection du film André François l'artiste de Sarah Moon, qu’il sera possible de revoir durant toute la durée de l’exposition, sur simple demande.

Un catalogue sera édité pour l’occasion, enrichi des chaleureux témoignages d’amis et de collaborateurs d’André François, comme Christiane Abbadie-Clerc, Caroline Corre, François David, Etienne Delessert, Danièle Delorme, Robert Delpire, Jacques Desse, Pierre Etaix, Maurice Felt, Maurice Garnier, Arthur Hubschmid, Janine Kotwica, Georges Lemoine, Daniel Maja, Christine Morault, Vincent Pachès, François Vié, Thérèse Willer.

Deux formations-rencontres sont organisées dans le cadre de cette manifestation et sont destinées aux professionnels du livre ainsi qu’aux étudiants se spécialisant dans ce domaine. Elles restent cependant ouvertes au grand public et sont animées par Janine Kotwica.

18 avril 2011 de 14h à 17h « André François, Géant des Arts » : parcours d'André François à partir d'une projection commentée de ses images et d'une présentation de ses livres.

16 mai 2011 de 14h à 17h, « Rééditer les livres patrimoniaux » en présence de Christine Morault, directrice des Editions MeMo.
Les éditions MéMo ont une ligne éditoriale qui fait l'admiration unanime des professionnels du livre. On salue en particulier l’exigence esthétique et la qualité matérielle de leurs livres aux papiers soignés et à la typographie pertinente et raffinée. Leurs collections font une large place aux rééditions patrimoniales, en particulier d'artistes venus de l'Est.
Elles ont en projet la réédition de titres non traduits ou épuisés d'André François.

Des ateliers-découvertes (lectures, projection du film André François, l'artiste de Sarah Moon, visites commentées de l’exposition...) sont organisés, sur rendez-vous, avec des classes d'écoles élémentaires, de collèges et de lycées ou des groupes d’étudiants.

Relation Presse :
Jane Amboise, Tél. : 03.44.36.31.59
Courriel : [email protected]
Janine Kotwica, Tél 03 44 55 90 29
Courriel : [email protected]