La tache noire

Une tache noire s’invite sans raison au milieu d’un espace joyeux et rompt le rythme habituel, quotidien. Elle cache le jour et envahit les jeux, de même que les esprits d’une bande d’enfants heureux. La recherche d’explication va bon train, est-ce un fragment d’astre, un morceau de nuit, une tache d’encre...? Comment s’en débarrasser ?
La tache massive, un bloc d’étrangeté, s’oppose à la légèreté des personnages filiformes et des décors aériens quelque part au Moyen Orient, si l’on en croit la forme des bâtiments.

Le récit progresse au fil des interrogations sans réponse : on ne saura pas ce qu’elle est ni d’où elle vient. Les solutions envisagées, la dégonfler, la dissoudre, restent sans effet.
Vient ensuite le moment où la petite troupe d’enfants essaie de s’y adapter et de la rendre utile à leurs jeux. À chaque épisode, le dialogue des enfants traduit leur inventivité tout autant que leur perplexité. Dans ce livre bilingue arabe-français, la calligraphique et la mise en page appuient le récit, les mots se glissent entre les dessins, les textes se succèdent ou se font face et le tout contribue à l’atmosphère de jeu stimulant que pose l’énigme de la « tache ».
Marwan d’abord, puis Malika, à sa rescousse, ont bien une ébauche de solution, mais est-elle satisfaisante ? L’album s’arrête sur une morale malicieuse qui ne clôt pas vraiment le récit : si les enfants se sont tous réunis dans l’effort, à quoi sont-ils parvenus ?

Un album intriguant de simplicité par son illustration, son histoire, et riche de sa complexité. Une belle ouverture interculturelle.