Rio Diablo

Martin Pawley, délégué aux affaires indiennes, est chargé d’escorter le chaman Tu-Tanka dans le cadre d’une affaire de justice. En route, ils s’arrêtent pour la nuit à Rio Diablo. Les habitants sont très hostiles, une bataille éclate et les deux hommes sont emprisonnés. Le chaman fait alors appel à ses pouvoirs pour se libérer. Interrompue abruptement, l’incantation se transforme en cauchemar : des morts-vivants envahissent la ville et tuent tout le monde ! Pawley, Tu-Tanka et quelques autres, dont la jolie chanteuse Linda, seront les seuls survivants, en s’enfuyant sur le prototype de dirigeable d’un inventeur du coin.

Le roman débute comme une aventure dans le Far-West et tire peu à peu vers le fantastique le plus sanglant qui soit… L’action est concentrée dans le temps (à peine 24 heures) et dans le lieu (quelques rues de Rio Diablo), renforçant encore le suspense et l’angoisse ! Le mélange des genres n’est pas indigeste, le glissement se fait imperceptiblement et c’est toujours le côté « western » qui domine finalement. Les héros sont humains, avec des faiblesses prétextes à des traits d’humour bienvenus (le shérif prépare le ragoût de ses prisonniers, se désole de leur peu d’appétit…, p. 51). Le petit groupe parvient à s’échapper mais la fin est en demi-teinte : Tu-Tanka et le shérif sont morts, la ville est rasée. Il ne s’agit toutefois pas de fatalisme désespéré, mais d’une acceptation de la vie dans toute sa rudesse, qui correspond bien à l’état d’esprit des hommes de la conquête de l’Ouest. Comme dans tout roman d’aventures classique, l’amour symbole d’avenir est là, évoqué en filigrane par l’attirance Linda/Martin. L’écriture est simple, vivante (beaucoup de dialogues). Les allusions à Rio Bravo, le chef-d’œuvre cinématographique de Howard Hawks, sont légères : les héros se cloîtrent dans la prison, les morts-vivants jouent le De Guello, musique de combat sans quartier… tout comme dans le film. Une petite fiction d’aventures inventive, originale et très maligne !