Ricks le hérisson

Dans le monde de Baja, la cité souterraine des hérissons est menacée par les activités humaines. Une seule solution : récupérer la Noix d’argent qui anéantira les hommes. Ricks le hérisson est choisi pour cette quête, dans laquelle le rejoint bientôt une petite humaine, Julia. Mais qu’est exactement cette Noix mythique, détenue par un ours muet ?
Première oeuvre d’un tout jeune auteur, Ricks a été écrit pour permettre « l’évasion dans des contrées imaginaires » (quatrième de couverture). C’est donc un roman fantastique de détente, fonctionnant classiquement sur une quête, quête dont la finalité est de sauver un royaume. L’originalité réside ici dans l’aspect écologique : les hérissons de la forêt, de concert avec les araignées et les serpents, se protègent de l’envahissement des hommes qui voudraient domestiquer la nature (on pense fortement au film d’animation Pompoko, d'Isao Takahata). Un narrateur omniscient alterne les points de vue de chapitre en chapitre, passant de Julia puis Ricks dans leurs aventures à la cité des hérissons qui se prépare à la grande bataille finale… Le chemin du doux mais volontaire petit Ricks est d’abord semé d’épreuves pour récupérer des armes magiques, dont il se servira finalement peu dans la deuxième partie de la quête, relativement facile (linéaire, elle ne souffre pas de contretemps). Julia suit elle une voix et un parcours loin de sa maison pour rejoindre l’élu, c’est-à-dire notre (anti-)héros : on s’étonnera un peu de la facilité avec laquelle elle se laisse emmener, malgré le besoin narratif évident. Son personnage reste beaucoup moins attachant que celui de Ricks. L’épisode avec l’ours, et le symbole de paix que véhicule la Noix, reste - volontairement ? - nébuleux. Les répétitions de langage assez fréquentes (« tout ceci », p. 34) agacent, et les fautes d’orthographe encore plus. C’est surtout dans la construction du roman et son rythme que l’auteur excelle, glissant d’un personnage à l’autre avec art, faisant coïncider les événements de façon très calibrée. Premier roman prometteur, Ricks le hérisson se rapproche, dans le style pérégrinations animalières fantastiques, de la trilogie Le Royaume d’Outrebrume de Margaret McAllister (Gallimard).