Frères d'un soir - Noël 1914

Ils sont quatre jeunes gens d'à peine vingt ans, perdus dans la Grande Guerre, quelque part du côté des Flandres, en plein hiver. Parce que le XIXe siècle avait apporté l'éducation avec lui, ils ont pu prendre leurs carnets, et écrire, écrire, comme pour exorciser tout ce qu'ils voyaient. En ce soir de Noël, il y a beaucoup à dire. Greg le Britannique et Karel le Belge, chacun dans leurs tranchées, écoutent les Allemands chanter des cantiques. Un peu plus loin, Kurt l'Allemand échange des cadeaux avec les Anglais et Maurice le Français s'interroge : « Pauvre petit Dieu d'amour, né cette nuit, comment as-tu pu aimer les hommes ? ».

Il s'agit de témoignages authentiques (retranscrits avec la gracieuse autorisation des ayants-droit, comme il se doit) que Géraldine Elschner a traduits dans les quatre idiomes des soldats concernés. Si les typographies sont différentes selon les langues, le français est à chaque fois mis en exergue (en gras), ce qui peut perturber lorsque Kurt s'exprime, par exemple. Mais l'idée reste lumineuse, lien entre les hommes par-delà la Tour de Babel. Le tout petit livre se veut soigné, avec des photos en médaillon des héros et une postface aussi sobre qu'émouvante donnant des informations sur leurs jeunes vies. Certains sont morts à la guerre, d'autres pas...
Ce minuscule ouvrage, à la couverture saisissante, s'adresse avec évidence, et bonheur, aux scolaires : prix très abordable, fiches pédagogiques sur le site de l'éditeur. Didactique par l'exemple, ouvert sur la grande Histoire à travers la petite, dégagé de toute once de lyrisme ou de larmes, il atteint son but avec une grâce toute simple. « Tout cela était bien merveilleux et étrange », comme le dit Kurt.