Eutopia

La grande catastrophe a coupé l'humanité restante en deux : un millier de privilégiés confinés dans Eutopia, cité radieuse où les plus âgés renaissent dans des corps jeunes, et tous les autres, les hommes et femmesGM, qui cultivent le bléGM nécessaire à l'énergie d'Eutopia, et se nourrissent d'aliments frelatés dont ils survivent grâce à un (cher) vaccin. Suite à un incident, le bel Orian décide de quitter Eutopia en compagnie de sa promise un peu contrainte et forcée, et surtout de Wouane, une filleGM à la curiosité aussi grande que la sienne. Sa découverte du « dehors » ne sera qu'une première surprise avant le retour vers la cité, ou plutôt ses coulisses.

Jean-Marie Defossez n'invente rien avec ce roman d'anticipation, ce roman dystopique, comme l'on voudra. Certes, il est de très bonne facture, construit solidement, avec un narrateur externe attentif, parfois drôle ou empathique, avec des personnages un peu naïfs ou schématiques, que nous suivons pourtant sans difficultés. Mais l'impression de déjà-vu guette.
L'auteur fait alors un choix étonnant : insister sur l'ici et le maintenant du lecteur, et sur la prévention à résonance écologiste. Il émaille les discours des héros de notes de bas de page donnant des informations actuelles, il prend le temps de détailler les façons dont on en est arrivé à la situation qu'il décrit. Les comportements du lecteur envers son environnement – OGM et énergies en tête – sont donc interrogés, ainsi que leurs inévitables conséquences sociales quand les ressources se raréfient. Sur un tome unique, l'idée est très intéressante, ambitieuse et mérite au moins un détour.