Range ta chambre !

Semaine ordinaire ou non ? LUNDI 7 : 25, l’ombre de Papa s’adresse à François, couché à l’abri de sa couverture. Il lui donne deux ordres. Premièrement chercher quelque chose dans sa chambre ; deuxièmement y mettre de l’ordre « ce soir ». La chambre du petit garçon, très « ordinaire », comporte un lit, une armoire, un bureau, des étagères, un coffre à jouets. Tout le nécessaire pour ordonner rationnellement un espace encombré d’objets divers, jeux éparpillés, vêtements abandonnés. L’injonction de ranger se répète jour après jour, à la même heure. Mardi, mercredi, jeudi… Papa égrène une liste d’objets à trouver en lien avec les activités du garçon : une raquette, un violon, un pull. Cela rend compte de l’incapacité du père à obtenir l’ordre et de la tendance furieusement désordonnée de François parce que jour après jour, la chambre s’encombre. On perçoit aussi la densité de sa semaine : école, musique, sport, garde par sa grand-mère, etc… Les dessins fourmillent de détails qui font vrai. On reconnaît le circuit de voiture qui se modifie jour après jour, les marionnettes qui émergent de leur coffre, les peluches. François semble de plus en plus petit au sein de ce monde d’objets et vendredi assis devant son lit, très abattu, c’est à peine si on le distingue au milieu du fatras, débordé par le monde qu’il a mis sens dessus dessous.
Comme dans la série fameuse, Où est Charlie ?, il y a un plaisir du jeu : énumérer les objets, trouver ceux que demande le père, cahier de dessin ou dominos… L’intérêt spécifique de Range ta chambre ! tient dans la progression narrative, subtilement mise en place dans le dialogue entre l’ombre paternelle et le désordre qui s’installe jusqu’au samedi. SAMEDI 9:30, le père prend corps et entre dans le jeu. Le décor s’élargit, ce qui était figé s’anime, les objets volent, François et son père jouent ensemble jusqu’à la très heureuse conclusion. Côte à côte, père et fils dominent le monde et lui impriment de l’ordre. Celui du dimanche, le septième jour ! Qu’en sera-t-il du lundi ?

Un album chaleureux, simple et cependant ouvert à des interrogations, des interprétations diverses. Un duo père – fils où se reconnaîtront nombre d’enfants, entre rigueur et fantaisie, réconfortant.