L'arbre et le poteau

Au fin fond de la campagne, l'arbre est là depuis longtemps, veillant sur les habitants du village. Arrive le poteau. Les intempéries lui glissent dessus et personne ne vient se réfugier près de lui. Pris de pitié, l'arbre cherche à nouer une relation. Mais il ne parvient pas à consoler son voisin, ni même à tendre une branche ou une racine vers lui (les hommes viennent l'élaguer). Jusqu'au jour où un petit oiseau cherche un endroit où faire son nid...

Comme pour mieux signifier la distance entre l'arbre et le poteau à chaque bout de l'image, le format de lecture est à l'italienne (tandis que la tranche du livre reste classique, en hauteur). Assez long, le texte se mérite d'une lecture savoureuse en bouche, empreinte des petites choses de la vie, de longues attentes et de minuscules joies. En dessous, les délicats dessins en ressortent éclairés, volontairement statiques (le temps passe lentement), crayonnés, collages et confettis pastels tout à fait originaux.

Sur fond de « langage des êtres immobiles », il est question de saisons renouvelées, de solitude et de mal-être, d'amitié qui réchauffe et entoure. Dans cet album, la poésie est reine, l'émotion fait mouche. Même si leur rôle dramatique est important, les hommes y seraient presque de trop tant la nature se suffit à elle seule ou plutôt accommode avec une tendre raison les constructions humaines. Une réussite esthétique et existentielle.