Geneviève De Gaulle : l'odeur de magnolia

Elle a tout juste vingt ans lorsque la guerre éclate, mais déjà une âme bien trempée, portée par un nom, les de Gaulle, et des convictions dépassant même sa foi chrétienne. Geneviève n'hésite en effet pas un instant : elle résistera à l'occupation allemande, au péril de sa vie. Elle sera une de ces femmes qui marquera l'Histoire parmi tant d'autres anonymes. Quitte à connaître constamment la peur, et à tomber malade à Ravensbrück. Puis, la guerre finie, ce sera l'engagement contre la misère à travers ATD Quart-Monde, et la reconnaissance au Conseil économique et social.

C'est cette vie que raconte Isabelle Wlodarczyk, démarrant abruptement en 1940, finissant en épilogue admiratif au bidonville de Noisy-le-Sec. Le ton se veut vivant, mais ne sonne pas très juste, comme un peu forcé, préférant le discours général à l'individualisation. L'équilibre entre faits et lyrisme est certes difficile à trouver, mais Geneviève de Gaulle ne « revit » pas vraiment sous les mots exprimés.
Les deux dossiers – un sur la Résistance, un sur ATD Quart-Monde – seraient davantage réussis, eux complètement documentaires. On eût peut-être aimé une insistance sur son caractère de femme, cette moitié de la population reléguée à l'époque à des tâches obscures, que la jeune Geneviève a su tranquillement, dignement (le magnolia est le symbole de la dignité) sublimer. Reste qu'il n'existe pas ou peu de livres jeunesse s'intéressant à celle qui entrera au Panthéon avec Germaine Tillion en 2015, et que cet ouvrage-ci joue son office.