Une saison goût citron

La tante de Rory, qui travaille pour une riche famille dans les Hamptons, obtient de faire venir sa nièce durant tout un été. En échange de menus services, Rory sera logée, nourrie, et oubliera les responsabilités que lui confie en temps ordinaire sa mère, un peu fofolle. La maison est luxueuse, l'accueil chaleureux, quoique Rory soit rapidement mise en garde par les autres domestiques : elle n'est pas chez elle, et ne fait pas partie du monde des Rule. Néanmoins, elle se lie d'amitié avec le mouton noir de la famille, la jolie Isabel qui a exactement son âge. Elle tombe aussi amoureuse de Connor, le plus jeune fils, mais se refuse à assumer cette relation. Quant à Isabel, elle pense rencontrer l'homme de sa vie en la personne d'un surfeur, fils d'agriculteurs du coin...

Le procédé est maintenant archi-classique dans la littérature adolescente : une oie (pas si) blanche jetée en pâture parmi les heureux de ce monde, et qui va dessiller les yeux de quelques rejetons ultra-fortunés. Le tout sur fond estival, avec festival de jolies robes et de tomates anciennes bio. Oui, mais tout le monde n'a pas la plume suffisamment alerte pour tenir sans niaiserie sur quelques trois cent cinquante pages. Joanna Philbin maîtrise son sujet, et malgré quelques répétitions d'écriture, a le sens du détail (voir par exemple la petite chienne Trixie), l'art des personnages attachants, le goût de la répartie.
Elle a la bonne idée de faire évoluer en parallèle deux héroïnes – une riche, une « normale » - afin de montrer aux lecteurs les deux petits bouts de la lorgnette. Au passage, elle évoque les embouteillages polluants, la spéculation immobilière sur une terre pourtant censée être préservée, et elle s'appesantit presque davantage sur les techniques du surf que sur les kilos en trop de ces demoiselles. Cela donne un ouvrage sans doute plus dense dans la légèreté, si l'on peut dire, et en tout cas fort distrayant. Cette saison goût citron semble estampillée premier tome, et on sera gentiment curieux des goûts fraise, vanille...

Rory à propos du Georgica, un club hyper-select : « Et vous savez quoi d'autre ? Le seul truc qui fait que cet endroit est cool, c'est que personne ne peut y entrer. Manger sur des plateaux en plastique ? Même le restaurant d'un centre commercial est plus classe que ça. » (pp. 242-243)

Sophie Pilaire

Présentation par l'éditeur

Sous le soleil des Hamptons, la vie est douce et le beau temps semble éternel dans la luxueuse maison de la plage. C’est ce que se dit Rory qui vient d’être engagée au service de la famille Rule. Elle succombe au charme de Connor, le fils aîné de la famille, devient amie avec Isabel, la sœur de ce dernier. À elle les virées en voitures de luxe et les fêtes sur la plage. Jusqu’au moment où les rivalités s’attisent. On lui rappelle qu’elle vient d’un milieu plus modeste et ne fait pas partie de la famille. Un premier été au goût de citron, à la fois frais et acide.