Un chien pour toujours

Hal devrait être le petit garçon le plus heureux du monde : il fréquente une école huppée, il possède le dernier jeu vidéo à la mode, il part en vacances aux quatre coins de la planète… Oui, mais il est tout seul, entre un père sans cesse parti pour ses affaires et une mère obsédée par les apparences qui lui interdit de fréquenter qui il veut et, surtout, qui l’empêche d’avoir un chien, son rêve depuis toujours. De guerre lasse, le père va louer une petite boule de poils pour le week-end, à la boutique « Chiens pour tous ». Non informé des modalités du contrat, Hal pense qu’il va pouvoir garder son petit bâtard, Flocon, lui-même enchanté de ce nouveau maître très joueur. De fait, le lundi suivant, c’est le drame. Hal décide alors de kidnapper Flocon et de fuguer jusque chez ses grands-parents, des gens simples mais aimants. Évidemment, il va devoir emmener tous les copains du petit chien, des animaux de race au pedigree aussi long que leur envie de liberté est forte. Pippa, la dégourdie petite sœur de la soigneuse de la boutique, sera aussi du voyage… Un long périple à travers l’Angleterre commence.

On le devine d’emblée dans ce roman junior, tout finira bien. Mais c’est le voyage qui compte, une somme d’aventures au cours desquelles chacun des chiens va trouver sa place (le caniche au cirque, le berger à la ferme, etc), mais surtout démontrer que l’amitié et la solidarité priment sur toute autre considération personnelle. Évidemment, on est presque dans l’anthropomorphisme, mais n’ayons aucun doute sur la sincérité d’Eva Ibbotson, grande dame généreuse qui ne peut s’empêcher d’un petit plaidoyer en faveur du bien-être des animaux. Décrit à la Roald Dahl, le propriétaire de la boutique « Chiens pour tous » est un véritable repoussoir qui n’hésite pas à envoyer ses chiens à la fourrière lorsqu’ils ne rapportent plus d’argent. Innocents enfants (mais pas stupides), Hal et Pippa mènent eux leur troupe autant que celle-ci, avec ses petits héros sans parole et leur caractères individuels bien trempés, offre le droit chemin vers la liberté.

Le thème et le déroulement sont classiques, et pourtant, ce roman, le dernier traduit en français de la regrettée auteure, sort irrésistiblement du lot : écrit avec amour et conviction, maîtrisé jusque dans ses moindres détails et personnages, il ensoleille le jeune lecteur de son optimisme. Envers et contre tout, il nous délivre le message qu’il faut croire au vivant, à deux jambes ou à quatre pattes… Les jolies illustrations souriantes en têtes de chapitres finissent de convaincre.