La moufle

Au milieu d’une clairière, dans une moufle rouge abandonnée sur la neige, un rat, un crapaud, un lapin, un hibou, un renard, un sanglier et même un ours trouvent refuge! Le décor, comme au théâtre, est posé. Chaque double page ouvre une nouvelle scène. Sur le principe du conte de randonnée, chaque animal plaide sa cause : le froid, la solitude, la tout petite place qu’il prendra, tels sont les arguments déployés avec mauvaise foi. Tant d’animaux dans une seule moufle, cela n’est pas raisonnable ! Ce double jeu, accumulation et déraison, fonde le comique de ce conte traditionnel très réjouissant. Les situations écrites par Bernard Villiot sont traitées avec raffinement : le vocabulaire riche, l’écriture rythmée et rimée intéresseront plutôt les lecteurs déjà un peu avertis des plaisirs de la langue. On reconnait les illustrations d’Antoine Guillopé, simples comme des papiers découpés en ombres chinoises sur des fonds sobres. Elles alternent le gros plan (voir l’œil du lapin ou du sanglier qui montre leur effarement) et le mouvement circulaire de telle sorte qu’il y a une dynamique très cinématographique. La chute finale, très maîtrisée, clôt l’histoire astucieusement. Un album dans la tradition des variations sur un thème connu qui apporte sa note particulière et plaisante.