J'ai mal aux maths !

Tamara, en CE2, cumule le double défaut d’être fille ET nulle en maths. Pas comme son frère Charles, promis à l’X, la prestigieuse Ecole Polytechnique, en digne fils de leur père !

Au fil des sept chapitres, Elisabeth Brami fait un tour de la question : garçons et filles devant les sciences et la littérature. Elle dessine à grands traits toute la famille : le père très irrité par cette fille décevante ; la discussion entre parents : « elle est comme toi / comme moi ». Elle évoque les pièges du bon sens dans lesquels tombe Tamara : courbe ou droit, quel est le chemin le plus court ? Elle explicite les leçons mal apprises mal comprises : on ne mélange pas les torchons et les serviettes disent toujours les maitres, alors pourquoi additionne-t-on les prix d’éléments différents ? Elle dénonce la course scolaire au sein d’une même famille : entre Charles, le frère et Tamara ou Sullivan le cousin et elle ; le surinvestissement des parents….
Quelques raisons de ne pas comprendre les maths sont égrenées au cours du récit : peur et manque de confiance, peur de décevoir son père ; déterminisme sexiste : les filles, « ça fait pas des maths ! « lui dit-on, en contradiction avec les faits : sa tante, aussi, est polytechnicienne. Ce petit roman sur les clichés les met en lumière sans les ruiner : Tamara se résout à sa « nullité » supposée et décide qu’elle sera « écrivaine », chute un peu facile qui consolera peut-être certains, à condition qu’ils aient le sentiment de leur excellence sur un point quelconque. A la fin de ce récit plaisant à défaut d’être convaincant, on se demande à qui s’adresse ce livre ? Aux enfants pour les consoler, aux parents pour les éclairer, aux enseignants pour les édifier ? Alertement mis en images par Rémi Courgeon, ce petit roman, comme A,B,… C.P. de Susie Morgenstern pour la lecture, peut ouvrir à quelques discussions sur les difficultés de l’apprentissage et la relation que chacun d’entre nous entretient avec les savoirs scolaires.