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Date de publication
Age-cible

Garde à vie

Abdel Hafed Benotman
Roman
à partir de 14 ans
: 9782748510621
10.50
euros

L'avis de Ricochet

Hugues a quinze ans et, parfois, franchit la ligne. A la suite d’un rodéo à bord d’une voiture volée avec son copain, il est arrêté par la police, violemment, chez lui, devant sa mère atteinte d’un cancer. Sa chambre est retournée, il est menotté et emmené en garde à vue. Il refuse de dénoncer son ami.
« La pièce est froide, fonctionnelle, sans aucun confort pour les fonctionnaires. Dès l’entrée dans ce commissariat on sent que l’architecture est pensée pour le malaise des inculpés et non pour les aises de l’institution policière. La façade extérieure, fortifiée elle- même, est grillagée d’un maillage métallique serré agencé à la manière d’une toile d’araignée, non pas par crainte d’éventuelles émeutes populaires mais bel et bien pour mettre dès le départ les présumés innocents dans l’ambiance de cette conserve dont la justice se fait, ou pas, ouvre-boîte. »
Dès les premières lignes et ces premières phrases saisissantes, le ton est donné, l’ambiance est installée. Hugues, l’adolescent qui se croyait immortel, invincible, est confronté à la réalité impitoyable de l’univers carcéral. Il finit par s’endormir sur le bat-flanc inconfortable de sa cellule et cauchemarde. Il rêve d’une autre cellule, dans une prison cette fois, où il se retrouve avec Jean, un prisonnier guère plus âgé que lui, tatoué, qui lui impose sa loi, ses mots durs, sa haine, sa tyrannie. Hugues subit humiliations et vexations, racket, cruauté. Personne ne l’aide, personne ne l’écoute malgré ses supplications. Hugues est en enfer …
On lit ce roman très noir d’une traite et l’écriture, à fleur de peau, nous happe rapidement. A.H. Benotman sait bien de quoi il parle, il a passé dix-ans dans l’univers carcéral dont il dénonce les horreurs, les travers, sans aucune concession.
On est bien loin ici des fantasmes que certains jeunes entretiennent entre eux, de la prison qui seraitune case obligée dans un parcours de vie, pour devenir quelqu’un, un homme. Non, la prison est une machine à détruire, à broyer l’individu. C’est bien ce que montre Benotman, qui met ainsi les jeunes en garde, par cette évocation hallucinante et hyper réaliste. A faire lire, à discuter, à débattre.

Abdel Hafed Benotman est né à Paris en 1960. Très jeune, un parcours de révolte l’amènera à connaître, dès l’âge de seize ans, l’univers des prisons où il purgera en tout dix-sept années en trois incarcérations.
Militant et activiste, il co-fonde le journal de luttes anti-carcéral « L’Envolée » et anime une émission de radio du même nom sur « Fréquence Paris Pluriel ». Frappé par la dite double peine, il vit sans papiers jusqu’à aujourd’hui. Il continue de lutter contre tous les enfermements. Il joue au théâtre et au cinéma pour lesquels il écrit également.
Il est l’auteur de deux fictions autobiographique : « Marche de nuit sans lune » (2008) et « Eboueur sur Forcenés » (2003) et de deux recueils de nouvelles « Les Forcenés » (2000) et « Les poteaux de torture » (2006), tous publiés aux éditions Rivages / Noir.