Le cueilleur de fraises

Simone Redleff, une jeune fille de 18 ans, est retrouvée assassinée. Son corps a été poignardé à sept reprises, et le tueur a emmené son collier. Le commissaire Bert, chargé de l’enquête, fait le lien avec deux autres meurtres non résolus en Allemagne du Nord.
Caro, Jette et Merle sont trois jeunes étudiantes partageant une colocation. Quand Caro, rescapée d’une enfance douloureuse, recommence à se mutiler, ses amies tentent de lui parler sans la brusquer. Elles apprennent que Caro est amoureuse, d’un homme qui l’encourage à garder le secret sur leur relation, et dont elle ne connaît même pas le nom. Peu de temps après, Caro est retrouvée morte, tuée par le « tueur aux colliers ». Merle et Jette sont anéanties. A l’enterrement, Jette défie le tueur. Elle jure de le traquer et de venger son amie. Sa mère, auteur de polar très connue, et le commissaire Bert s’inquiètent de l’inconscience des deux jeunes filles. Le tueur, de son côté, est bien décidé à relever le défi. Mais lorsqu’il rencontre Jette, il en tombe amoureux. Il espère qu’elle ne le décevra pas, comme l’ont fait les autres…

Malheureusement, ce roman n’est pas vraiment crédible. Alors qu’elle traque le tueur de son amie, Jette tombe sur un homme qui correspond tout à fait à la description du dernier petit ami et tueur présumé de Caro. Elle le recroise et ils tombent amoureux. Pas une fois elle ne fait le lien lorsqu’il lui demande de garder leur amour secret. On a un peu de mal à y croire.

D’autre part, les personnages sont stéréotypés : la mère de Jette, auteur renommée de polars, Bert le vieux flic blasé, Caro, la rescapée de parents violents qui se mutile et tombe amoureuse d’un tueur en série…
Le mobile du meurtre aurait pu donner lieu à une réflexion sur le crime passionnel, sur les notions si proches de mort et d’amour. Mais le lecteur doit se contenter de phrases toutes faites et de poèmes mièvres soi-disant écrits par Caro. Le personnage du tueur s’appuie sur des préjugés : saisonnier vagabond, battu dans son enfance… Un tueur passionnel aurait pu davantage inspirer l’auteur.
Le roman s’appuie sur les points de vue de plusieurs personnages : Jette, sa mère, le commissaire, et le tueur. Le fait de connaître les sentiments et projets de chacun appauvrit le suspens. On sait qui est le tueur, qui sont ses anciennes et futures victimes. Jette se jette littéralement dans la gueule de celui qu’on sait être le loup.
Ce jeu de points de vues risque de mettre le lecteur mal à l’aise. Il y a quelque chose de malsain à être témoin d’une telle machination sans pouvoir avertir les personnages.
Enfin, le texte figurant en 4e de couverture raconte les ¾ du récit, ce qui est bien dommage pour un roman à suspens.

« Le cueilleur de fraises » trouve sa place dans une production de romans pour adolescents très orientés vers le polar/faits divers. Si on peut le comparer à par exemple « L’affaire Jennifer Jones », il n’en a pas l’habileté narrative.