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Date de publication
Age-cible

Le Mur et au-delà

Sélection des rédacteurs
Jean-Bernard Pouy
Roman
à partir de 12 ans
: 2701148472
12.50
euros

L'avis de Ricochet

Ali Ghiéry habite la grande Cité Saint-Marc. Il est choisi par le conseil des Sages du Kiff pour aller chercher la Sainte Etiquette dans la forêt interdite, ce afin de réconcilier les différentes tribus de la Cité entre elles. Guidé par un certain Virgil, il entame une descente au centre de la terre.
A partir de la Divine Comédie de Dante, Jean-Bernard Pouy réalise un réquisitoire par l’humour contre l’univers des marques et ses dérives. Rencontrés à chaque Cercle par Ali, les damnés de l’Enfer sont organisés en tribus qui n’ont pas su se mettre d’accord de leur vivant : les Reboques, les Zadidasses, les Lévisses, Les Nokias et les Zoranges… La Sainte Etiquette est supposée pouvoir effacer toutes les différences et, à défaut de réconcilier les quartiers de la Cité, éviter les carnages entre les habitants. Lumineuse, cette ligne narrative est servie avec talent par une écriture pleine de saveur. Le narrateur omniscient laisse le héros, type du jeune de banlieue, s’exprimer dans un discours indirect libre très amusant, qui retranscrit ses émotions brutes, ses remarques terre-à-terre sur un monde inconnu que nous, lecteurs, reconnaissons. Les marques, les acronymes ou les noms célèbres sont écrits comme ils se prononcent : « Saigneur des Zanos », « Ochan », « le effetrois », « aireuherre »… et on prend rapidement conscience de l’intoxication dont nous sommes quotidiennement victimes. Ali Ghiéry, c’est aussi l’Algérie, et ce voyage est l’occasion pour l’adolescent d’un retour sur lui-même. La quête se fait initiation, réflexion sur la vie difficile dans la Cité qu’on n’ose cependant pas quitter, sur le sentiment d’exclusion ressenti par rapport à tous ceux qui n’y habitent pas… Pour Ali, les marques perdent de leur intérêt (elles sont même dangereuses), et les sourates du Premier Grand Rap – sorte de bréviaire de la Cité, en fait des citations d’auteurs - atteignent une dimension supplémentaire. La conclusion absurde est tout à fait dans l’esprit du créateur du Poulpe (chez Baleine). Ce roman très riche et salvateur s’apprécie à partir de 12 ans.