Les vrais amis de Melissa

Remarquée pour son talent de photographe, Melissa, qui débute sa sixième, est choisie pour participer au journal annuel des étudiants (le « year book » américain). Sa mission : photographier les élèves du collège de Rocky Mountain et récolter des souvenirs d’événements marquants de l’année. Jeune fille idéaliste et un brin compliquée, Melissa rêve d’apporter au journal davantage d’équité en y faisant figurer non seulement les personnes les plus populaires, mais d’y ouvrir une place aux « boloss ».

Malheureusement, Anna, la rédactrice en chef, sabre rapidement ses espoirs : pas question d’inclure des élèves si inesthétiques et impopulaires !

Que choisira Melissa ? Rester fidèle à ses valeurs ou accepter d’entrer dans le moule ? 

Les vrais amis de Melissa relate avec un humour parfois grinçant le quotidien d’une préadolescente. Les thèmes qu’aborde Kristen Tracy sont multiples, comme la pression d’appartenance et scolaire, et s'insèrent avec réalisme dans un âge fortement chargé en questions identitaires. Un thématique d'actualité, celle du réseau social et ses risques en lien avec la popularité, n’est évoquée qu’en filigrane et aurait peut-être mérité d’être davantage exploitée. 

La narration du dilemme de Melissa (qui est partagée entre le monde des populaires et des perdants) peut sembler, aux yeux d’un lecteur adulte, tenir du cliché. Mais ce serait oublier les caractéristiques si particulières de l’adolescence, dont une tendance à une vision du monde clivée. Pour des lecteurs de cette tranche d’âge, on peut donc imaginer que les aventures de Melissa fassent miroir avec leurs propres préoccupations, et ce d’un ton accessible et léger.                     

Dédié à Judy Blume, une romancière de référence dans le monde de la littérature jeunesse américaine, régulièrement censurée par son approche ouverte de thèmes tabous, Les vrais amis de Melissa est le premier roman ado de Kristen Tracy à être traduit en français. L’information qu’une suite est déjà parue aux Etats-Unis permet de mieux saisir une fin d’histoire quelque peu inachevée, tout comme l’existence de certains personnages secondaires, à peine esquissés, que l’on pressent pouvoir prendre plus d’importance dans le second tome. 

Malgré une petite lenteur, les situations sont rocambolesques et drôles, parsemées de quelques pépites de sagesse, la couverture aux couleurs tranchées illustrée par Hubert Van Rie est attirante : le tout correspond bel et bien à une sympathique « rentrée littéraire des ados ».