Ce n'est pas tous les jours facile

Lorsque les enfants ont la parole, leur regard sur les adultes n’est pas tendre…

La narratrice de Ce n’est pas tous les jours facile d’Elisabeth Corblin en témoigne. Dans ce récit à la première personne, une fillette raconte une journée avec sa mère et, pour elle, l’essentiel de ses difficultés provient des insupportables comportements maternels. Du matin au soir, elle fait tout de travers : elle se lève tôt, elle travaille, elle mange des choses impossibles et elle se lave ! Insupportable, n’est-ce pas ?

On perçoit l’humour du procédé. Voir le monde à l’envers est une modalité connue des récits satiriques puisque cela met à distance, et exemplifie des attitudes, des principes qu’on interroge.

Vu du côté de la petite fille, se lever à 7h00 pour travailler à 8h30 n’est pas seulement incompréhensible, c’est répréhensible. En conséquence, l’héroïne mène la vie dure à sa mère, et c’est bien mérité. Autrice et illustratrice, Elisabeth Corblin joue sur les deux tableaux, aux paroles douces amères répondent une vision pagailleuse et caricaturale des adultes, grimaçants, stressants. La maman est caractérisée par sa robe de chambre à fleurs du matin au soir, ses cheveux en désordre, les adultes c’est n’importe quoi ! Le dessin nerveux et coloré de l’illustratrice joue sur les superpositions, les accumulations et on a parfois une impression de jungle.

Seul répit, l’histoire du soir. Quoique…

Une vision acidulée de la vie moderne et des contraintes enfantines ; un regard tendre néanmoins pour dédramatiser (peut-être) les contraintes qui pèsent sur les épaules des mères : ce n’est pas tous les jours facile ? Bien vu !