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Date de publication
Age-cible

Mariedl, une histoire gigantesque

Sélection des rédacteurs
Album
à partir de 4 ans
: 9782930938608
17.90
euros

L'avis de Ricochet

Basée sur une histoire vraie, ce récit d’un apprentissage violent de la discrimination touchera les enfants sensibles à l’injustice. Mais c’est surtout le traitement graphique de Laura Simonati qui marquera les mémoires, pour le rendre inoubliable. Elle prend le parti de son héroïne, Mariedl, et traite le monde à la mesure de son gigantisme. C’est elle qui devient l’échelle et le monde autour d’elle s’en trouve tout diminué. Silhouette pyramidale sur la couverture de l’album tout en hauteur à son image, la jupe verte comme un très grand sapin de son Tyrol natal, Mariedl est figurée valise à la main, partie pour arpenter le monde.

Car si le personnage de la petite fille grandie trop vite, et surtout beaucoup trop, émeut son entourage, voire attire les quolibets, cela stimule son courage lorsqu’elle décide de signer avec le directeur d’un cirque pour gagner l’argent qui lui permettra d’aider sa famille. Las, ce cirque est un freak show, une galerie d’êtres humains marginalisés par une différence trop visible ou accentuée pour le spectacle : même si l’auteure ne formule pas de jugement dans le texte, les situations décrites sont assez explicites pour que les plus jeunes lecteurs aient l’occasion de réfléchir aux préjugés avant d’en avoir trop eux-mêmes.

Le texte joue un rôle particulier dans l’album ; il envahit l’image de ses bâtonnets noirs et obliques, comme le crépitement mécanique d’un orgue de barbarie, instrument de cette époque, sans musique, il occupe la page dans une mise en scène visuelle de la violence subie, mais aussi de la force de la réaction de Mariedl, penchée elle aussi vers l’avant pour lutter contre l’adversité. Les éléments clés sont soulignés pour accompagner, encourager l’oralisation, ce qui confère à l’ensemble un aspect dramaturgique très intéressant, en lien avec la dimension théâtrale de l’illustration. Le dessin est également symbolique, très inspiré par l’art des rues ou du spectacle, sa dimension grotesque, au cirque, dans le théâtre de masques, le défilé de carnaval, les diablotins des processions : cette dimension « folklorique » est très présente, mais elle représente le public, spectateur complaisant du désarroi de Mariedl et de ses compagnons d’infortune. Le freak show de Laura Simonati est sur les gradins, pas sur la piste… et Mariedl est épargnée dans cette galerie de grimaces. La palette reste dans des tonalités naturelles, évocatrices de l’environnement a priori plutôt bienfaisant, la montagne, le village, les gens connus : vert, brun, noir, bleu ciel, rose aussi, environnement dont l’artiste donne une représentation pseudo-naïve, où la double-page fait office de scène, que ce soit pour imaginer Mariedl dans sa maison, dans son village, ou pour représenter le spectacle d’une piste aux étoiles mortifiées – qui se révoltent avec l’héroïne lorsqu’elle envahit l’image et la scène sous un masque terrifiant pour faire ravaler leurs rires humiliants aux spectateurs friands du malheur d’autrui –, ou encore celui, caricatural, des gradins ou de la rue.  

Laura Simonati a reçu le prix Bologna Ragazzi Opera Prima 2023 au Festival de Bologne pour cette histoire gigantesque de Mariedl, un album étonnant, d’une grande richesse technique et symbolique qui lui confère un caractère très émouvant. Le personnage attachant de Mariedl restera certainement dans la mémoire des enfants comme un modèle de lutte pour la dignité et la tolérance.

Présentation par l'éditeur

Mariedl est si grande, si gigantesque, qu’elle n’est jamais tranquille : tous la dévisagent et s’exclament à son passage. Ricanements et moqueries sont son lot quotidien.

Alors, le jour où un petit homme moustachu apparaît et lui propose de rejoindre son cirque, Mariedl le suit. Il l’emmènera dans toutes les villes d’Europe, elle sera le clou de son spectacle ! Hélas, une fois sur scène, Mariedl