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Date de publication
Age-cible

Comment mettre une baleine dans une valise ?

Sélection des rédacteurs
Anne Casterman
Album
à partir de 6 ans
: 9782930941332
13.50
euros

L'avis de Ricochet

Que prendre avec soi, lorsqu’il faut partir ? Pour le personnage imaginé par Guridi, la réponse est sans appel : sa baleine. Mais s’il existe des valises « pour violons, pour trompettes, pour bouteilles, pour jumelles, pour manteaux », personne n’a encore inventé de bagage permettant d’accueillir l’un des plus grands animaux marins… d’où la question posée par le titre de l’ouvrage : comment mettre une baleine dans une valise ? L’album explore des tentatives, propose des solutions.

Dédié « [à] toutes les personnes qui luttent jour après jour pour survivre dignement en fuyant l’horreur », Comment mettre une baleine dans une valise? aborde, sans jamais la nommer explicitement, la question de la migration. Alors que nous suivons le personnage dans la préparation de son bagage encombrant, en toile de fond se dessine, tout en délicatesse et suggestion, la brutalité de l’exil. Ainsi, au-delà du problème technique qu’elle pose, la mise en valise de la baleine évoque métaphoriquement la difficulté de choisir ce que l’on prend avec soi lors d’un départ précipité, la souffrance ressentie devant l’obligation de se séparer peut-être du plus important. L’incongru de la situation – comme le personnage le précise, « [l]es baleines n’aiment pas les valises : elles aiment la mer immense et bleue » – laisse les lecteurs·rices libres d’imaginer ce que le cétacé représente, tout en leur faisant prendre conscience de l’impossibilité d’empaqueter certaines choses. Trop gros, certains biens affectionnés doivent être abandonnés. Trop immatériels, d’autres éléments résistent aux emballages : comment prendre nos souvenirs dans nos bagages ? Comment s’assurer de ne pas oublier saveurs et odeurs? Où ranger paysages et visages chers ? Et que faire des êtres aimés dont il faut pourtant se séparer ? Autant d’éléments qui, comme la baleine, se laissent difficilement mettre dans une valise.

Le personnage, sans traits définis, se fond dans la masse anonyme de celles et ceux qui n’ont pas d’autre choix que de partir et qui parcourent le monde à la recherche d’une vie meilleure. Cet anonymat nous fait également prendre conscience que, demain, il pourrait s’agir de nous. Le questionnement prend alors un tournant plus intime – quelle est ma baleine à moi ? – et plus empathique.

Sur le fond blanc de la page se détachent les silhouettes du personnage, en bleu, et de la baleine, en rouge – une sobriété délicate qui rend l’histoire d’autant plus poignante. Jouant sur le plein et le vide, le proche et le lointain et les rapports de tailles, les illustrations évoquent tout à la fois la relation du personnage à sa baleine, sa détresse devant l’impossible empaquetage de l’animal, la force douloureuse de celui ou celle qui, ayant dû réduire ses possessions au strict minimum, peut dire : « [m]aintenant j’ai tout ce qu’il me faut ».

C’est beau, doux et délicat, terriblement douloureux aussi. Un album poignant et indispensable.

Présentation par l'éditeur

Si vous deviez partir précipitamment, sans promesse de retour, qu'aimeriez-vous absolument emporter avec vous ? Il existe des valises pour presque tout : pour violons, pour trompettes, pour bouteilles, pour jumelles, pour manteaux... mais pas pour baleines !

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