Te revoir un jour

La passion du père de McLean, le basket, l'aura perdu : du jour au lendemain, sa femme l'a quitté pour un célèbre entraîneur de son équipe préférée. Depuis, cet ancien restaurateur est devenu consultant culinaire : il remet à flot des établissements, et déménage tous les six mois. McLean, qui en veut énormément à sa mère, le suit, en profitant pour réinventer sa personnalité à chaque déménagement. Jusqu'à Lakeview, où elle commence par donner son vrai prénom au lycée. Et où elle rencontre David, Deb, Riley...
Sarah Dessen est une reine de la psychologie adolescente, du malaise qui cherche son issue, des sentiments étouffés qui finissent par s'exprimer. Son héroïne et narratrice McLean n'échappe pas à ce talent délicat. Juste et émouvante, trop tôt grandie avec le divorce de ses parents, la lycéenne fuit toute sorte d'engagement de peur de souffrir à nouveau. Il faudra une brigade de cuisine un peu folle, une maquette géante de la ville, et surtout des amis généreux pour qu'elle accepte enfin sa vie, et un avenir en continuité avec le passé. Tous les personnages sont soignés, croqués en quelques phrases, et jamais là par hasard. L'histoire du quotidien, d'apparence légère, permet toutefois de mettre au jour assez vivement les blessures de chacun. La progression de McLean se fait insensiblement, par des petits détails et dans un grand naturel. Par exemple, remplir les placards de sa cuisine, c'est aussi accepter de s'ancrer quelque part... Cette finesse, les choix originaux d'arrière-plan (le basket, les restaurants) finissent, encore une fois, de démarquer Sarah Dessen de la masse des auteurs pour jeunes filles en fleur.