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Date de publication
Age-cible

Ma mère est une sirène, où les mots sont parfois comme les poissons, difficiles à pêcher

Roman
à partir de 8 ans
: 9791021401952
14.95
euros

L'avis de Ricochet

« Ma mère est une sirène ». Thomas en est persuadé. Il pense en effet qu’elle a été frappée d’une malédiction, qu’elle s’est transformée en sirène et qu’elle n’a pas pu résister à l’appel de l’océan. Face/en réaction au mutisme de son père Luc, c’est en tous les cas ainsi que le jeune garçon explique et justifie le « départ » ainsi que l’absence de sa mère. Or si l’on suit le raisonnement du jeune garçon, et si la mère de Thomas est une sirène, cela fait donc de lui un « presque-poisson ». En tant que « presque-poisson », il entend retrouver Catherine dans l’océan. Aussi décide-il d’embarquer un matin avec Luc et de prendre la mer, pour soi-disant l’accompagner à la pêche et rejoindre enfin sa mère…

Cet album traite de la difficulté d’un père à mettre des mots sur la douleur liée à la disparition de son épouse, morte en couches. Afin de ne pas faire souffrir son fils et de ne pas à avoir à revivre ce deuil, Luc préfère retenir ses mots, se taire et réparer ses filets. Thomas voudrait, lui, que son père parle enfin, il aimerait lui confier sa crainte qu’un jour Luc prenne dans ses filets sa mère… Mais il redoute la colère de son père. Il préfère donc se taire et rêver. Les bouches sont cousues comme les filets de pêche de Luc.

Pour décrire cette incommunicabilité ainsi que la tristesse liée à la perte de Catherine, Benoît Broyart oscille entre des mots extrêmement concrets et pragmatiques qui s’enchaînent dans un schéma syntaxique entêtant et des métaphores filées en rapport avec l’eau, distillées par touches dans le texte. Ce va et vient entre réalité et poésie participe d’une puissance d’évocation telle, que le lecteur en est tout de suite ému. Comme Luc, on se retrouve de fait à retenir nos larmes. Cet équilibre instable entre réalité et fantasmagorie est très justement illustré par des collages surréalistes de Laurent Richard, réalisés à partir de dessins, de photos ou de cartes marines et rehaussés de manière constante par du blanc, du noir et du bleu. Si les bouches restent fermées, les illustrations parlent d’elles-mêmes. Elles sont autant de fenêtres ouvertes sur le monde intérieur des personnages.

Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à cet album ainsi qu’à ses personnages est finalement de se taire et d’écouter encore et encore le ressac doux-amer des mots qui le constituent.

Présentation par l'éditeur


"La mer aspire Thomas et l'enfant tombe dans l'eau. Il se laisse descendre sans chercher à se débattre. Il va rejoindre sa mère. L'eau n'est pas froide malgré la tempête. Une fois en dessous, elle a la même température que celle du bain. [...] Si Catherine est une sirène, il est un presque-poisson."


Texte fort sur le travail de deuil, l'absence de la mère et sur la difficulté de trouver les mots pour en parler. Les illustrations de Laurent Richard et l'écriture de Benoît Broyart font de cet ouvrage, un album original, émouvant et profond, à mettre entre toutes les mains.

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