Les Sources du Mal

Kalem est un des derniers survivants de la tribu des Kashken massacrée par la Bête, le Mal. Il n’a de cesse de se venger mais comprend que son rôle est supérieur à ses intentions personnelles : il doit sauver les habitants des différents mondes en rétablissant la balance entre le Bien et le Mal. Accompagné du colosse Aktoul, de la jolie Kiahâla et du fragile Kiol, aidé en pensé par le sage Mn’hau, Kalem va affronter différents émissaires de la Bête.

Les Sources du Mal regroupe Le Vent de la colère et Les Sources du Mal précédemment parus en 1996 et 1997. Effectivement, le lecteur identifiera deux aventures successives, assez semblables. Le thème est on ne peut plus classique : un jeune orphelin est lancé dans une quête au départ intime mais qui le dépasse bientôt, car il se révèle être un « élu ». Des mondes différents troués de passages interdits, des tribus d’êtres fantastiques, des compagnons de route, une dose d’amour, un peu d’humour, tous les ingrédients sont là pour un bon récit dans la tradition du genre. Et pourtant, on s’ennuie un peu. A-t-on déjà trop vu de fantasy en littérature de jeunesse et cet énième compilation lasserait-elle ? Marie-Sabine Roger n’est pas en cause, c’est plutôt la logique éditoriale de recyclage qui ne fonctionne pas ici. Les deux récits touffus gagnent à être lus l’un après l’autre, et non pas l’un dans l’autre. En effet, construits sur le même schéma narratif, ce sont deux aventures closes, avec chacune une dose suffisante de rebondissements et de personnages. Le narrateur évoque plusieurs fois l’idée d’une progression du héros (« A cette époque, il n’était qu’un jeune Kashken ignorant, qui venait de perdre les siens […] », p. 359), pas franchement perceptible à une lecture in extenso. Perdu dans un gros tome d’actions ininterrompues, Kalem n’est plus visible. Certes, l’auteur a revu, corrigé (et augmenté) les deux premiers ouvrages pour n’en faire qu’un, mais l’exercice n’est pas probant. Les Sources du Mal semble bien une histoire de qualité, correctement écrite et traitée très honorablement, malheureusement victime d’un phénomène à la mode.