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Sally Nicholls

Catherine Gentile
1 septembre 2008

Vous abordez dans ce roman un sujet très difficile. Comment avez-vous eu l’idée d’écrire sur cela ?
Sally Nicholls: J’ai commencé à y penser après la mort de la mère d’une de mes amies. J’ai réfléchi à la présence des êtres et à leur absence, parfois brutale, aux questions autour de la mort, à toutes ces interrogations (celles que se pose aussi Sam dans le livre) auxquelles on ne sait pas très bien répondre d’ailleurs. Puis j’ai consulté beaucoup de documentation sur les enfants malades, recueilli des anecdotes et je me suis dit qu’il y avait quelque chose à creuser et de la matière pour écrire un livre.

Pensez-vous que l’on peut parler de tout aux adolescents ?
S.N. : Oui, absolument. J’en ai la conviction très forte. Tout dépend bien sûr comment on leur en parle. Le sujet que j’aborde, la maladie, la mort d’un enfant, c’est terrible, c’est vrai. Mais c’est encore plus difficile quand on ne prend pas le temps d’en discuter. Là, en lisant le livre, on l’apprivoise, on peut prendre le temps d’y réfléchir. Pour moi, il n’y a rien de pire que le déni ou les non réponses.

Lors de la sortie de votre livre en Angleterre, vous avez rencontré des adolescents qui ont lu le livre. Quelles ont été leurs réactions ?
S.N. : Oui j’ai rencontré beaucoup de lecteurs, suis allée dans les classes et les réactions ont été positives. Un site web a été créé par mon éditeur en Angleterre, où les lecteurs peuvent réagir. Par exemple, une fillette atteinte de leucémie a écrit pour dire qu’elle avait encore plus envie de se battre après avoir lu l’histoire de Sam. De nombreuses familles d’enfants malades me disent également que ce livre les aide.

Avez-vous été confrontée à la leucémie ?
S.N.  : Non, ce roman n’est pas du tout basé sur une expérience personnelle. Mais lorsque j’ai décidé d’écrire l’histoire de Sam, j’ai lu, j’ai rencontré des enfants malades. Car la leucémie est assez fréquente, hélas, chez les enfants. Et ce qui m’a frappée avant tout, c’est leur force et la vitalité que beaucoup pouvaient conserver, parfois jusqu’à la fin de leur vie !

Dans le roman, Sam et son ami Félix se demandent s’il y a une vie après la mort. Qu’en pensez-vous vous-même ?
S.N. : Je suis un peu partagée sur la question. D’un côté, je suis rationnelle et lucide et je ne le crois pas. Mais cependant, une autre partie de moi-même, plus intuitive, plus spontanée, aimerait y croire, aimerait penser qu’il n’y a pas de disparition complète de l’individu après sa mort. Parce que cela donne de l’espérance ! Cependant, je ne suis pas prête à adhérer à une idéologie ou à une quelconque doctrine religieuse. Je pense simplement que les gens malades, les enfants qui vont mourir parce qu’ils sont atteints d’une maladie incurable, s’interrogent forcément sur ces questions.

Sam se demande pourquoi Dieu rend les enfants malades. Il trouve cela très injuste. Et vous ?
S.N. : Oui, Sam se pose la question, forcément, et il émet des hypothèses. Son ami Félix réagit très violemment en disant que Dieu n’a rien a voir là-dedans, qu’il n’y a pas d’explication satisfaisante.
Je ne crois pas en Dieu, mais l’idée que je m’en fais n’est pas le vieil homme bon et sage qui régit le monde des hommes. Pour moi, Dieu serait plutôt une force spirituelle qui pourrait nous aider à mieux vivre.

Sam écrit un livre. Cela l’aide à mieux vivre. Pensez-vous que l’écriture peut aider à surmonter des épreuves ?
S.N. : Oui. L’écriture peut avoir une fonction thérapeutique, elle peut aider à mieux vivre. J’ai beaucoup travaillé sur la question du deuil, rencontrer aussi des parents dont les enfants sont morts et qui se font des reproches, qui culpabilisent et qui ont beaucoup de peine à faire leur deuil. Alors je me dis qu’écrire est l’une des manières d’aider au deuil, pour récupérer le contrôle sur des événements auxquels on ne peut rien, on ne peut agir.

Sam dresse les listes de ses envies. Des choses qu’il voudrait faire avant de mourir. Vous avez écrit des listes semblables pour vous ?
S.N. : Oui (rire). Devenir écrivain et publier un livre (fait) – Aller dans l’espace – Monter à bord d’un dirigeable, comme Sam (fait) – Faire du jonglage (je m’entraîne quand je peux mais j’ai encore du travail...) – Admirer une aurore boréale – Avoir un enfant – Assister au concert de clôture de la saison d’été à Londres – Traverser le Pacifique sur un radeau...

Et vos projets ? D’autres livres en chantier ?
S.N. : Je viens de terminer un livre qui s’intitule La saison des secrets. Il reprend un personnage du folklore anglais, The green man, qui incarne les forces de la nature, une figure de dieu qui meurt et revit chaque année. L’autre personnage est une petite fille élevée à la campagne par ses grands-parents. Mais la fin est heureuse, cette fois !

 

 

Propos recueillis par Catherine Gentile

 

Voir la critique de Quand vous lirez ce livre sur Ricochet

 

 

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Illustration d'auteur

Sally Nicholls

britannique