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Prix suisse du livre jeunesse 2022: le quinté de tête

Découvrez les ouvrages finalistes du Prix suisse du livre jeunesse 2022, laissez-vous emporter par ces récits et ces illustrations qui ont su convaincre les cinq membres du jury. Cet article paraît simultanément en allemand dans Buch&Maus et en italien dans Il Folletto

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Bérénice Capatti
16 mars 2022

Le Prix suisse du livre jeunesse 2021 avait récompensé Martin Panchaud et son roman graphique expérimental Die Farbe der Dinge (Edition Moderne). Depuis la cérémonie de remise du Prix, les finalistes ont pu parler de leur travail dans différents lieux: à Zurich, à Morges, à Lausanne, à Genève... Nous avons été témoins des rencontres, de l’intérêt du public, et des nouvelles éditions dans d’autres langues: voir ces livres poursuivre leur chemin donne du sens à notre travail de jurés.

Nous voici maintenant à la troisième édition avec un jury partiellement renouvelé. Quelle joie de retrouver Valérie Meylan, déjà présente les années précédentes, et quel plaisir de faire la connaissance de nouveaux membres: Véronique de Sépibus, présidente de cette édition, Marion Arnold et Stefan Schröter. Dès la première réunion, fin septembre, cette rencontre de cultures et d’identités s’est avérée extrêmement précieuse.

Membres du jury
Membres du jury (© Yvonne Böhler, © Vincent Vernois, © Palma Fiacco)
Membres du jury
Membres du jury (© Ekko von Schwichow, © Donat Bräm)

Cette année, plus de cent titres envoyés par septante-cinq maisons d’édition étaient en lice. Comme toujours, les albums prédominent et les premières publications abondent, ce qui confirme la tendance des dernières années. Une présélection de vingt-deux titres nous a occupés quelques mois, puis nous avons discuté des cinq finalistes en janvier. Il est toujours compliqué de ne sélectionner que quelques livres du lot, mais le travail d’analyse, que nous menons ensemble, est stimulant et nous permet de parvenir à une position commune. Les points de vue des membres du jury concordent ou divergent, mais une curieuse alchimie se crée peu à peu et la sélection finale a ceci de magique qu’elle réussit inexplicablement à mettre tout le monde d’accord. Ce qui saute aux yeux, compte tenu des cinq finalistes de cette année, c’est le travail remarquable du Bolo Klub. Ce collectif d’illustrateurs et d’illustratrices est un vivier de nouveaux talents, dont certains ont été formés à la Haute école d’Art et de Design de Lucerne. En effet, trois des finalistes sont – ou ont été – rattachés à cette association. Les éditions OSL (Œuvre Suisse des Lectures pour la Jeunesse) se distinguent aussi par leur politique au long cours au service de la littérature jeunesse; elles ont publié Mony heisst mein Pony, un des livres sélectionnés.

Moni heisst mein Pony
Couverture et image intérieure de «Moni heisst mein Pony» (© OSL)

Dans cette brochure, Andrea Gerster relève le défi de la transcription des passages nés sous forme poétique créée pour un usage oral, le «Spoken Word». Ce sont des textes brefs, originaux et intelligents, sur la quotidienneté et l’expérience des enfants et des adolescents qui transmettent le plaisir de jouer avec la langue. Les illustrations de Lika Nüssli rythment le livre, en accord avec l’esprit désinvolte des mots. Un travail commun que l’autrice et l’illustratrice pratiquent souvent, au cours de performances où oralité et dessin s’unissent en direct.

Le voisin, édité par La Joie de lire, est le premier ouvrage de Walid Serageldine. L’auteur, jeune bernois lié au Bolo Klub, a créé un album sans texte au format horizontal qui met en scène une cohabitation difficile entre voisins, représentés sous la forme d’un rhinocéros et d’une famille d’éléphants. Les planches se succèdent, limpides et amusantes, et racontent une histoire du quotidien jamais banale, que même les plus petits pourront apprécier. Les nombreux détails en font un livre à regarder et à re-regarder.

Le voisin
Couverture et image intérieure de «Le voisin» (© La joie de lire)

Laura D’Arcangelo, autrice de Herr Bert und Alfonso jagen einen Dieb, publié chez Atlantis, a elle aussi fait partie du Bolo Klub. Son album raconte une drôle d’enquête policière. L’humble monsieur Bert et son basset Alfonso, accusés de plusieurs larcins, partent à la recherche du véritable voleur pour le démasquer. Le rythme de la narration, l’humour et l’interaction parfaite entre le texte et les images en font un titre qui plaira aux lecteurs et aux lectrices de tous les âges.

Herr Bert und Alfonso jagen einen Dieb
Couverture et image intérieure de «Herr Bert und Alfonso jagen einen Dieb» (© Atlantis)

Astor du locarnais Tito Moccia, sorti chez Antipodes, est un livre où les images sont prépondérantes; images en outre très originales, car elles semblent faites entièrement de pointillés. On dirait presque de figurines à découper! Astor le marin part, avec le submersible qu’il s’est construit, à la découverte des merveilles de la mer et en révèle les profondeurs et la variété extraordinaire, sans expliciter une morale écologique. L’amour pour cet univers transparaît sur chaque planche de l’ouvrage, à la fois poétique et rigoureusement scientifique. L’auteur a, en effet, étudié la biologie et s’est consacré à la recherche sur les parasites marins.

Astor
Couverture et image intérieure de «Astor» (© Antipodes)

Es war enimal und wird noch lange sein de Johanna Schaible est un album surprenant. Les pages se font toujours plus petites jusqu’à la moitié du livre, pour ensuite grandir à nouveau: une forme qui s’adapte parfaitement au contenu. Ce titre, édité par Hanser, raconte notre histoire depuis la création de l’univers jusqu’au moment précis où nous nous trouvons maintenant; puis il se tourne vers le futur et nous questionne sur ce que nous voulons faire de notre vie et de notre monde. Un ouvrage original qui est à la fois un voyage fascinant, une réflexion philosophique et une explosion de créativité dans laquelle chacun et chacune, des plus petits aux adultes, peut se trouver.

Es war einmal und wird noch lange sein
Couverture et image intérieure de «Es war einmal und wird noch lange sein» (© Hanser)

Le jury se réunira une dernière fois sous la direction experte d’Elisabeth Eggenberger qui, cette année encore, assure le secrétariat du Prix. Notre travail touche presque à sa fin: nous attendons impatiemment de voir ces livres recevoir la reconnaissance qu’ils méritent le 28 mai, durant les Journées Littéraires de Soleure. Ce jour-là les titres finalistes seront primés et le vainqueur sera annoncé: un bel hommage au travail des auteurs et des autrices, mais également à celui des maisons d’édition, qui ont vu dans ces ouvrages une étincelle capable d’illuminer quiconque les ouvrira.

Article traduit par Myriam Héritier