Elizabeth Laird
1. Julia Eccleshare, dans Books for Keeps (Mai 1997), a écrit : "L'une des forces de Kiss the Dust réside dans l'aperçu que cela donne aux jeunes lecteurs anglais du passé de ceux qui deviennent réfugiés ici." Beaucoup de vos livres sont basés sur une question morale, culturelle ou politique -- un thème bien représenté dans " the Literacy Hour " . Kiss the Dust parle des Kurdes. Est-ce que, pour celle-ci ou pour d'autres publications, vous avez décidé d'écrire sur un dilemme posé et ensuite construit l'histoire autour, ou est-ce que le dilemme s'est imposé d'après l'histoire?
Dans Kiss the Dust, j'ai essayé d'écrire une histoire sur la guerre. J'étais intriguée par le fait que, bien que la deuxième guerre mondiale soit terminée depuis 50 ans, il y a toujours autant de livres qui en parlent, et les gens ne semblent pas capables de s'en remettre. Nous continuons même à chanter victoire. A tout le temps regarder les guerres qui se sont passées il y a longtemps, c'est facile d'avoir l'impression qu'elles sont vraiment distantes dans le temps, qu'elles ne nous concernent pas vraiment. Nous pouvons facilement nous laisser aller sur les horreurs de la guerre, mais il y en a toujours dans le monde, et des millions de gens sont tués et deviennent réfugiés chaque année. Nous voyons les victimes sur nos écrans de télévision, et d'une manière ou d'une autre nous prenons un air absent. Nous trouvons cela difficile de les voir comme de vraies personnes, des individus, qui essayent de survivre face à de terribles événements. Je voulais écrire sur une guerre moderne, donner vie à une histoire de notre temps.
2. Nous reviendrons sur vos publications particulières plus tard, mais passons rapidement à votre nouvelle série pour Macmillan, Wild Things. Votre bibliographie montre que vous avez travaillé pour un grand nombre d'éditeurs, mais je crois que ce sont vos premiers livres avec Macmillan. Comment est-ce arrivé?
Cette idée de série sur la vie sauvage en Afrique vient de Macmillan, de l'éditeur d'ici, qui s'appelle Marion Lloyd. Je voyageais beaucoup à travers l'Ethiopie à ce moment, rassemblant les histoires populaires des différents groupes ethniques présents ici, et j'ai pensé que c'était une brillante idée. Quand elle m'a demandé si je voulais le faire, j'ai dit oui tout de suite.
3. Le troisième titre, Leopard Trail, met en scène un parfait scélérat, en la personne du patron du père du personnage principal, mais ces séries tendent à être plus légères, plus basé sur l'aventure que la plupart de vos autres travaux. Néanmoins, on entrevoit une certaine mélancolie sous-jacente, en relation avec la mère d'Afra. Est-ce que de tels thèmes s'insinuent toujours dans votre travail, même quand vous essayez activement de les tenir à distance ?
Je ne pense pas que vous puissiez réellement " rentrer " dans une histoire si les personnages n'ont pas à la fois des côtés positifs et négatifs. Les vrais gens ont tous des problèmes et des difficultés dans leur vie, et si vous voulez vous intéresser aux personnages d'un livre, vous avez besoin de les voir sous toutes les coutures. Je crois que je serais vite lassée de mes personnages s'ils n'avaient pas à faire face à des événements réalistes, parfois durs.
4. La publicité de Macmillan pour la série mentionne des voyages d'étude au Kenya. Que retrouve-t-on de ces recherches dans ces écrits ? Est-ce que cela suit ou précède les premiers brouillons ?
Les recherches pour Wild Things étaient véritablement passionnantes.
Je suis partie 4 fois, 3 fois au Kenya et une fois en Ethiopie. Je me suis retrouvée un peu trop près d'un rhinocéros affamé, j'ai été poursuivi par un éléphant, j'ai regardé les loups dans les montagnes retirées du Sud-Ouest de l'Ethiopie, utilisé un cheval mort comme appât pour attraper des hyènes enragées, et observé le peu courant zèbre de Grevy en compagnie des guerriers Maasai. Le prochain voyage est dans une forêt d'Afrique Centrale pour observer les chimpanzés. La partie recherche est absolument nécessaire avant de passer à l'écriture des nouvelles. Je veux que chaque détail soit parfaitement précis.
5. Il y a quelque chose qui rappelle le roman policier pour adulte, le thriller et le récit d'aventure dans la manière dont vous décrivez vos personnages adultes - aussi bien dans ces nouvelles séries que dans de plus vieux titres comme Hiding Out. Est-ce quelque chose dont vous êtes consciente, ou allez vous me surprendre en disant que vous ne lisez pas de récits d'aventures pour adultes ?
Vraiment ? Je ne savais pas cela. Et non, je ne lis pas de récits d'aventures pour adultes !
6. Hiding Out montre une certaine influence du cinéma, avec une mise au point qui se rapproche ou s'éloigne du récit suivant les chapitres. Ce qui est impressionnant dans cette nouvelle, c'est la façon dont vous utilisez ce " point de vue changeant " pour développer tous les changements émotionnels : les sentiments de Peter, abandonné, alors qu'il tente de survivre dans la grotte française, et les tensions conjugales entre ses parents qui augmentent encore quand ils découvrent qu'il a été laissé derrière. Encore une fois, ce qui me fascine c'est de savoir si cette structure était évidente dès les premiers plans de cette nouvelle ou si elle s'est développée au cours de l'écriture ?
Oh , je ne m'en souviens vraiment pas. Une fois que j'ai écrit une nouvelle, c'est comme si j'oubliais volontairement tout le procédé d'écriture. Je pense que tout ceci est d'abord calculé. C'est ce que je fais en général, mais les choses évoluent également d'elles même, au fur et à mesure que vous écrivez.
7. Revenons à vos publications. Votre mari est écrivain sur les affaires au Moyen-Orient, une question s'impose donc : dans quelle mesure son travail a-t-il influencé un livre comme Kiss The Dust?
Mon mari n'arrête pas de publier tout un tas de choses sur le Moyen-Orient, est bien sûr cela m'influence. En fait, Kiss the Dust était une idée de lui à la base. Il avait suggéré une nouvelle à propos des Kurdes. Il m'a entraînée vivre à Bagdad dès que nous avons été mariés, et nous sommes allé au Kurdistan pour nos premières vacances en Irak. Je trouvais cela incroyable.
8. Votre titre Graffix, The Listener, a été présélectionné pour les NASEN Award, à cause de la façon dont il traite des besoins des personnes âgées. Dans quelle mesure avez vous collaboré avec l'illustrateur, et est-ce que cela vous plairait de produire un autre titre " graphique " ?
Malheureusement, je n'ai pas du tout collaboré avec Pauline Hazelwood , en fait, je ne l'ai même jamais rencontrée ! Mais j'aime vraiment la façon dont elle a fait le livre.
9. Les illustrations de Jason Cockcroft dans Secret Friends sont sensibles et évocatrices, mais que pensez-vous de la présentation générale du livre par Hodder ? Mon sentiment est qu'elle suggère trop un livre pour jeune lecteur alors que l'histoire, intensément triste, est vraiment destinée à des lecteurs plus âgés, qui cherchent des livres présentés différemment. C'est un livre splendide, qui a été sélectionné à juste titre pour de nombreux prix - raison de plus pour qu'il soit produit sous une forme ayant plus de chances de plaire aux lecteurs visés. C'est plus un sermon qu'une question ! Des commentaires ?
Oui, je suis assez d'accord. C'était une nouvelle difficile à publier, parce qu'elle était trop courte, et il y a eu tout un tas de discussions pour savoir si elle était vraiment à sa place dans la liste des livres d'Histoire. Je ne suis pas sûre que la réponse soit celle-ci.
10. C'est un peu la même chose, mais dans une moindre mesure, pour On The Run, publié par Mammoth, votre histoire d'un soldat secouru et soigné par une fille plus jeune pendant une guerre civile, dont les détails et l'emplacement exact sont volontairement vagues. Aviez-vous un conflit particulier en tête quand vous écriviez ?
Non, je ne suis pas d'accord cette fois. Je pense que On the Run a plutôt un côté pour adulte (surtout avec la nouvelle édition, qui sort prochainement). Je ne suis pas sûre de la raison pour laquelle je garde l'emplacement aussi imprécis. Je suppose que j'avais vaguement les Balkans à l'esprit, mais comme j'ai vécu à Beyrouth pendant la guerre civile, j'y ai sûrement mis un peu de Liban également.
11. Forbidden Ground, votre histoire d'une fille d'un village qui déménage à la ville, et qui est dégoûtée par l'audace d'un garçon qui tombe amoureux d'elle, se situe de la même façon dans un pays étranger mais non identifié. Quelles étaient vos raisons pour ne nommer ni le pays ni la ville ?
Forbidden Ground vient d'un voyage au Maroc, et j'imagine que j'aurais pu identifier l'endroit exact, mais je voulais que cette nouvelle ait un côté plus universel. Je pense que figer les choses dans un endroit précis peut parfois inhiber l'imagination du lecteur.
12. Combien y aura-t-il de titres Wild Things ? Combien en avez-vous écrit ? Etes-vous en train d'en écrire un ?
J'ai écrit 5 nouvelles Wild Things jusque là (avec un léopard, un babouin, un éléphant, un rhinocéros et un loup éthiopien), et je vais attaquer le sixième. Ça parlera d'un zèbre. Si tout se passe bien, je continuerai certainement et j'en ferai plein d'autres.
13. Quand vous revenez d'un voyage de recherche, est-ce que vous utilisez des " accessoires " pour vous aider à garder cette recherche vivante?
Non! Je m'assoie juste dans un fauteuil, je ferme les yeux et j'essaie de me souvenir. Les souvenirs sont beaucoup plus vivants que les photographies, si vous faites vraiment l'effort de chercher dans votre mémoire.
14. Pouvez-vous décrire pour ACHUKA la pièce dans laquelle vous travaillez, ainsi que vos méthodes d'écriture, y compris le papier, les stylos, les machines que vous utilisez ?
Mais c'est une tâche impossible ! OK. Allons-y.
Je partage un bureau avec mon mari, qui écrit sur le Moyen-Orient à l'autre bout de la pièce. Il y a des fenêtres sur 3 côtés de notre pièce de travail, qui donne sur un superbe parc. Sur le quatrième côté c'est notre salle de lecture, entourée d'étagères. Nous avons un poêle à bois qui nous tient bien chaud en hiver, mais produit beaucoup de poussière. Je ne nettoie jamais la pièce de travail, qui est toujours dans une sorte de vieux et riche désordre organique, mais en tout cas ça n'a pas l'air de déranger. J'écris toujours d'abord sur un bout de papier (le derrière d'un vieux manuscrit tapé) avec mon stylo préféré, puis je vais dans une autre pièce et je dicte ce que j'ai écrit à mon ordinateur portable, qui transcrit cela en texte. Je ne peux plus guère taper parce que j'ai une épaule mal en point à force de trop écrire !
15. Vous êtes née en Nouvelle-Zélande, mais vos parents étaient écossais. Dans quelle mesure vos racines écossaises sont-elles importantes pour vous?
Très importantes. Je me sens chez moi en Ecosse.
16. Vous avez étudié les langues à l'université. Lisez-vous de la littérature étrangère pour enfant, et si oui pensez-vous qu'il y ait des choses qui mériteraient d'être traduites et plus largement publiées?
Non, je suis désolée, je ne lis pas de littérature étrangère pour enfant, mais je pense que c'est vraiment dommage qu'il y ait si peu de livres traduits en anglais. Il y a des années, j'ai lu Flood Warning, et A Thousand Million Francs de Paul Berna, et je me suis dit qu'ils étaient brillants. J'aimerais voir beaucoup plus de livres étrangers traduits en anglais.
Voir aussi :
- la version originale de cet entretien sur Achuka