Si d'aventure tu meurs

Sorti en mai 2010, ce roman évoque la rencontre entre un enseignant désabusé et une petite fille sidéenne qui va redonner du sens à sa vie. Il aura fallu dix ans à l’auteur pour écrire ce roman, issu d’une expérience vécue. Et pour en faire une histoire lumineuse.

Si l’expression « Coup de coeur » s’est trouvée beaucoup galvaudée, elle prend avec ce livre son sens étymologique et pourrait même se décliner en « Coup au coeur ». Il ne s’est pas écoulé huit jours entre la réception du manuscrit et la proposition d’édition tant celle-ci était évidente.
Si d’aventure..., aurait pu être un roman triste, ce n’est pas un roman triste ; sur les difficultés d’enseigner à des enfants malades, ce n’est pas le cas ; sur la douleur de perdre un être cher,non plus.
Si d'aventure... est une tranche de vie, avec Dorcas, la petite africaine, en héroïne éphémère mais tellement présente, orpheline de huit ans qui additionne et assume les qualités de caractère et de coeur et les handicaps avec une lucidité impressionnante. Il en ressort un personnage attachant dont le souvenir doux-amer restera longtemps (toujours?) tapi au fond de votre mémoire, balançant entre la tendresse de l’imaginaire et le souvenir mélancolique d’une expérience vécue.
Touchants aussi, tous ces autres gosses frappés par la maladie mais qui ont les joies, les peines, de tous les enfants de leur âge, malgré leur vie hachée par la douleur qu’ils combattent avec courage.
En contrepoint les qualités, mais aussi les travers, de ces enseignants mal préparés (mais qui pourrait l'être ?) à prendre en charge ce qui ne devrait pas exister et qui tentent d'inventer au jour le jour une façon de leur faire oublier la maladie… en oscillant entre la tentation du blindage égoïste et le déchirement inévitable de l'implication.
Rien de pesant pourtant et même une certaine «légèreté » dans l’écriture fluide de Pierre Luneval. Si d’aventure..., ne se laissera pas refermer avant la fin et vous habitera, longtemps après, d’un sentiment subtilement dérangeant.

MARCEL GILLET, éditions du Bord du Lot.