Valse avec le diable

1944, dans la campagne française. A moins de vingt ans, Jeanne, Ninette, Manuela et Marcel vivent la guerre d'assez loin ; ils sont plus ou moins concernés mais tendent à prendre les événements avec une certaine légèreté. Cependant, les caractères divergent et Marcel le falot est fier d'être enrôlé dans la milice tandis que Jeanne la romantique tombe amoureuse d'un garçon qui se trouve être juif...
Au centre du roman, Manuela, fille d'un douanier qui aide aussi les clandestins à sortir de France, est espionnée par un responsable de la milice. La guerre bascule et s'accélère, et un étau se resserre, fait de quiproquos et de hasards malheureux.

La quatrième de couverture promet « une belle leçon d'Histoire par un grand monsieur de la littérature jeunesse ». C'est un juste hommage à Bertrand Solet, et une reconnaissance pour ce roman en particulier. Nuancé, rythmé, dramatique, il rend parfaitement compte du gris ambiant de cette période troublée de fin de guerre. L'insistance est mise sur la jeunesse des protagonistes, au fond peut-être trop enfants pour avoir la force de se positionner du côté de la justice – même leurs parents n'agissent pas tous clairement. Il n'empêche que certain(e)s sauront résister : la nature humaine est interrogée ici dans toute sa complexité.
Les personnages alternent dans l'action, et l'effet choral captive le lecteur qui en sait parfois plus, parfois moins. La valse du titre est parfaite, jusqu'à l'épilogue ouvert sur des avenirs... Classicisme et finesse se conjuguent avec aisance.