La fille verte

Après un déménagement mal vécu, une toute jeune fille découvre le jardin attenant à son immeuble. Face à une pression maternelle : des « On mange ! » répétitifs et une incompréhension paternelle : « Tu as de beaux cheveux » , elle se réfugie de plus en plus souvent dans ce petit havre de paix. Elle se lie avec un chat gris, laisse une araignée et des papillons l’approcher, des oiseaux faire leur nid sur sa tête… Le rêve envahit la réalité et l’héroïne laisse la douceur simple de la nature apaiser son cœur et son corps affolés. Puis, alors que sa première fleur vient de lui pousser, elle accepte de revenir parmi les siens, qui ne l’avaient pas oubliée comme elle le croyait…
D’un « je » au présent et de phrases courtes mais serrées, le texte introspectif devient un long poème en prose, ode à la nature et aux saisons autant que cri silencieux d’une pré-adolescente perturbée. Sous le regard attentif du chat gris, la jeune fille finit de se perdre parmi les mousses et les arbres, avant de revenir à la vie humaine. C’est un peu lyrique, parfois lancinant de sourde douleur, toujours équilibré par la force de la nature immuable. Avec beaucoup d’originalité, Vincent Cuvelier impose cette dernière en plus beau modèle à suivre qui soit. La façon imperceptible de passer du jardin rêvé au quotidien difficile de la jeune fille, et vice-versa, impressionne de virtuosité. Les illustrations aux tons délavés, de nature enfantine, apportent une vision concrète, rassurante et complémentaire du récit. Un magnifique album sur le fait de grandir, et d’en avoir mal…