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Date de publication
Age-cible

Sabotage

Album
à partir de 8 ans
: 9782889080397
12.00
euros

L'avis de Ricochet

Drôle de monde que nous a ici créé l’auteur, Isabelle de Catalogne… On a l’habitude, depuis longtemps, de lire des histoires d’animaux au physique humain, réagissant en humain, et ne gardant d’animalier que l’apparence ; ici, l’anthropomorphisme coutumier est pris à rebrousse-poil, puisque ce sont les humains qui se retrouvent animalisés, tant dans leur esprit que sur leur corps. Ces étranges créatures, qui évoquent les faunes avec leur morphologie humaine et leurs pattes et queues d’animaux, se définissent comme loup, mouton ou âne…avec les différences de caractère et de régime alimentaire que cela comporte. Si le procédé qui consiste à s’appuyer sur l’incompatibilité carnivore – herbivore pour parler des différences n’est pas neuf, les personnages ambigus de l’illustratrice Marion Pradier ont de quoi surprendre et renouveler la métaphore, en jonglant entre identification et distanciation.
Sabotage est la suite directe de Papattes : dans le premier opus, la mère du petit Jean-Loup (le lecteur aura deviné à quelle espèce il appartient) se remarie avec Pierre, mouton de son état. Le pauvre louveteau devra composer avec ses impulsions carnassières pour accepter ce nouveau beau-père si différent… Etait donc abordée la thématique non pas du divorce – maintes fois vécu par Jean-Loup, qui a fini par s’y faire – mais celle de la nouvelle famille avec laquelle on ne se trouve aucune référence commune, du beau-père trop différent pour qu’on puisse vouloir s’y identifier au point de l’appeler Papa. Dans Sabotage, ce sont les relations demi-frère – demi-sœur qui sont traitées, cette fois-ci du point de vue de Caroline, la fille de Pierre, une brebisau caractère bien peu grégaire, plus âgée que Jean-Loup. Le ton reste le même : les deux demi-frangins vont mutuellement se tirer dans les pattes tout au long de l’ouvrage, avant de trouver un terrain d’entente autour de l’affection qu’ils portent à leurs parents respectifs, et de réaliser les multiples avantages que peuvent représenter un petit frère ou une grande sœur. Le tout traité avec des dessins très expressifs, et dans un registre d’écriture frais et moderne, qui ne tombe jamais dans le piège de la démagogie et du « faux jeune ».
Au-delà de la tolérance envers l’Autre, celui qui n’est pas de la même famille, de la même espèce, qui ne pense et ne mange pas pareil, les réflexions de Caroline tournent autour du fait de grandir, d’accepter de renoncer à certains grands principes enfantins et à l’individualisme de l’enfant unique pour protéger et servir de modèle à un plus petit : n’accepte-t-elle pas de tondre ses pattes pour tricoter une écharpe de laine à Jean-Loup ? Mettant en veilleuse sa fierté moutonnière tandis que son frère arrive à modérer son orgueil lupin…

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