Le Seigneur aux mains rouges

Auvergne, milieu du XIIème siècle. Le chevalier Perceval est le fils de Philippe d’Aiglemort, ancien croisé devenu brigand, surnommé « le seigneur aux mains rouges ». Le très jeune homme, qui a honte de son père, part vers le sud avec son écuyer et frère de lait Guillain. Mais on ne se débarrasse pas comme ça des Diables Rouges de Philippe d’Aiglemort, et Perceval croise sans cesse le chemin de son père. Une rédemption est-elle possible ?
Claude Merle ne fait pas dans le détail : Perceval est un vrai héros, beau, courageux, toujours prêt à sauver la veuve et l’orphelin, à se mettre au service des nobles causes au mépris de sa vie. A côté de lui, le rondouillet et souvent amusant Guillain sert de faire-valoir, tout en ayant ses propres qualités. Un narrateur omniscient accompagne les deux jeunes gens d’abord en Auvergne, puis en Limousin et enfin dans le Languedoc (les trois parties de l’ouvrage). A chaque fois, l’intrigue flirte à un moment ou un autre avec le fantastique (la vieille femme aux corbeaux, le Faucon Rouge…), nimbant ce classique roman d’aventures d’une aura de mystère. Mais l’histoire finit toujours par retomber dans le réalisme, et on peut d’ailleurs apprécier le côté documentaire très naturel que l’auteur a su faire passer : les us et coutumes de la chevalerie se découvrent au fil de la vie quotidienne des deux personnages principaux. L’Histoire n’est pas absente, avec le conflit entre Louis VII de France et Henri II d’Angleterre, les complots des barons… Et comme de bien entendu, Perceval trouve à la fin « une vraie princesse de légende » (il le dit lui-même). Du solide, très bien écrit, rythmé simplement : pourquoi forcément toujours chercher l’originalité si on passe un excellent moment de lecture ?