L'expédition H. G. Wells

Dépôt d’objets empruntables de la Ville de New-York, Phénoménothèque Centrale Supérieure de la Ville de Paris, Dépôt d’objets empruntables commémoratifs à Londres (dit Le Burton)… Ces bibliothèques pas comme les autres renferment des trésors de la littérature, à savoir les objets les plus fous que les écrivains ont pu imaginer, passés dans le monde réel.
Le premier tome de la série, La malédiction Grimm , proposait une (dangereuse) incursion dans les contes de fée. On y croisait déjà une des héroïnes, la jeune Jaya, employée au dépôt de New-York. Ici, Leo, rejeton d’une famille de scientifiques, s’intéresse au legs Wells et donc à la fameuse machine à remonter le temps de l’auteur du même nom. Après avoir mis un certain temps à la retrouver, Leo et Jaya vont s’appliquer à prévenir des distorsions historiques afin de ne pas perturber le présent. Ils vont sauver le monde, quoi…

Touffu à l’image de sa couverture, le roman suit son intrigue principale mais la mignote de mille digressions, détails qui donnent saveur à la lecture tout en la brouillant. J’ai apprécié la créativité fourmillante de l’auteur qui trouve le moyen d’initier les jeunes aux classiques littéraires sans user le moins du monde de pédagogie. Toutefois, je me suis aussi perdu dans les allers-retours temporels et j’aurais aimé croiser plus longtemps Marc Twain ou Edison, tout un arrière-plan historique. On pense à Jasper Fforde et L'affaire Jane Eyre : voyager dans les livres n’est pas nouveau, mais il faut savoir convaincre le lecteur de son univers et rester crédible, provoquer une mise en abyme. C’est chose plutôt bien faite avec Polly Shulman. Et puis, les bibliothécaires vont se pâmer devant le rangement hyper-précis des objets du dépôt, inspiré de la classification Dewey (voir aussi la note finale).