Délinquante

A l’âge d’Edna, les potes, « c’est de la balle ». Seule fille de la bande, l'adolescente doit assurer. Pour attirer l’attention, mais aussi pour susciter l’admiration de ses amis, elle vole à l’étalage : clé USB, topette de whisky, grolles ou n’importe quoi de pas trop volumineux, mais suffisamment coûteux pour que son audace en impose. Et Edna prend goût à ce picotement qu’elle éprouve au moment de passer à l’acte : « Je me vautr[e] dans l’interdit comme un chat dans le soleil, je me sen[s] héroïque, une sensation de puissance m’envahi[t]... »
Le métier demande de l’imagination – dérober un CD ou un DVD serait superflu et dépourvu de tout intérêt –, mais aussi un minimum de prudence. Lorsqu’elle rencontre Gustave, le jeune photographe la met en garde : « un jour, tu vas te faire prendre. On finit toujours par se croire invincible à ce jeu-là. »

Les éditions Sarbacane proposent des textes brefs et percutants dans cette collection de mini-romans adressée aux 12/14 ans. Avec talent, Martine Pouchain se glisse dans la peau d’une jeune cleptomane prête à toute esbroufe « pour exister ». En une soixantaine de pages, elle parvient à dire l’inconfort de l’adolescence, le besoin de reconnaissance, la peur de décevoir et l’intensité des premiers sentiments amoureux. Son récit est rythmé, dense et saisissant.