21 printemps comme un million d'années

Victor et Juliette se connaissent depuis l’enfance et vivent une de ces amitiés qui s’apparentent presque à des liens familiaux. Le jeune homme est toujours là pour son amie, malgré les fréquents coups de folie et de tête de cette dernière. Mais cette apparente insouciance ne cacherait-elle pas un secret plus sombre, une peur de ne pas pouvoir profiter de la vie assez longtemps ?

Ce roman très émouvant se construit comme un long souvenir raconté par Victor aux petites filles hospitalisées ayant partagé un épisode de la vie de Juliette. Ce mode de récit permet quelques incartades et touches d’humour où le narrateur s’adresse à son auditoire, ce qui allège la forte teneur émotionnelle de son propos général. Ces moments sont également, pour l'auteure, des occasions pour glisser quelques références très sympathiques à la pop culture permettant de s’attacher encore davantage au personnage de Victor. Le fait que ce dernier et Juliette partagent une histoire d’amitié et non d’amour est appréciable, car cela distingue l’ouvrage de ce dont on pourrait avoir l’habitude (comme par exemple, sur le même thème, avec Nos étoiles contraires ou Five Feet Apart) et confère à leur relation une dimension encore plus forte et réaliste.

En effet, Juliette et Victor ne sont pas toujours ensemble, ni très tendres l’un envers l’autre. Cela permet de les percevoir comme des individus et non comme un couple, de les apprécier pour eux-mêmes. Si, au départ, la caractérisation de la jeune femme peut légèrement exaspérer de par son côté un peu cliché de fille exubérante et spontanée qui fascine tout le monde, le roman creuse par la suite sa personnalité pour en montrer les multiples facettes. De plus, la question de la maladie fait partie intégrante de l’histoire mais n’est pas abordée de manière lourde ou insistante, ce n’est pas le sujet principal, ce qui restreint le pathos tout en n’empêchant pas l’émotion. Portée par un charmant duo, l’intrigue se dévore, narrée dans une magnifique écriture poétique, à l’image du titre, qui donne un avant-goût de la merveille à venir.