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Date de publication
Age-cible

Un sale gosse

Sélection des rédacteurs
Josiane Bardon
Roman
à partir de 14 ans
: 9782812600043
8.50
euros

L'avis de Ricochet

Nathan attend dans une salle d'interrogatoire de la police, devant un grand miroir qu'il sait être une glace sans tain. Il se souvient : son père parti vivre avec une autre femme, sa mère aux petits soins pour ce fils unique, sa bien-aimée Ella qui a osé le trahir et qui l'a payé... Que s'est-il passé cet après-midi dans le pré qui justifie la présence de Nathan dans les locaux de la police ?
Roman court de 150 pages, Un Sale Gosse est cependant d'une grande densité. C'est d'abord un long monologue intérieur de Nathan, qui revisite à la fois les liens étouffants, malsains qu'il entretient avec sa mère, et les événements juste passés. Seuls quelques dialogues avec un policier (réduit à "la moustache") entrecoupent ce long flot de pensées, et encore le narrateur continue-t-il à exprimer pour nous ses idées sous forme d'italique. Il n'y a pas vraiment de logique narrative, ce qui correspond bien au caractère instable de Nathan ; il procède par associations d'idées qui peu à peu dévoilent la vérité. Celle-ci n'est pas celle que l'on attendait, mais sa lourdeur symbolique, ses conséquences sur la jolie Ella seront tout de même terribles. Cet après-midi dans le pré renvoie Nathan dans le monde de l'enfance : irresponsable, rageur sans réflexion, il n'a imaginé qu'une vengeance certes violente, mais digne d'un petit garçon habitué à dominer son entourage… comme il le dit d'ailleurs lui-même : "Mais justement, je ne veux pas devenir adulte !" (p. 87). L'absence de sa mère puis son refus de le soutenir le stupéfieront complètement. Nonchalant et égoïste, le jeune homme pense et parle comme il agit, en se laissant guider par ses instincts. Il utilise un vocabulaire familier, grossier, et des petites interjections en anglais. Il parle de son « honneur », une notion abstraite, toute subjective et le seul sentiment qu'il semble connaître. Superbes, les deux dernières phrases du roman sont à double sens, autorisant selon qu'on le veuille ou non une rédemption de cet anti-héros. On n'aime pas Nathan, on le plaint à la rigueur, mais, reflet à la fois des zones sombres de chacun et d'une société un peu déboussolée, on ne peut pas l'oublier…