Le démon des brumes

Raphaël voit d'un mauvais œil l'arrivée du nouveau, Melvil, beau gosse ténébreux qui pourrait bien lui ravir la jolie Laura. Bizarrement, Melvil attire toutes les sympathies autour de lui, y compris celle du jaloux. La situation devient tendue, un peu absurde, tandis que des morts suspectes interviennent et qu'Apolline, la meilleure amie de Laura, est victime de visions effrayantes à propos d'une Fille de la Brume...
L'humour du roman est en grande partie contenu dans le fait que le lecteur sait ce dont il est question grâce à la préface, alors que les héros, le lunaire Raphaël en tête, ne sont que des victimes. Démon séculaire réincarné en jeune adolescent, Melvil a en effet besoin d'être aimé par une Fille de la Brume pour exister. Laura possède cette qualité, et il va tout faire pour la séduire, l'air de rien et du haut de son langage châtié moyenâgeux.

Luc Blanvillain avait l'habitude d'user d'un rire par le biais de son écriture savoureuse, mélange de ressentis très contemporains et de phrases qui fusent. Elles sont moins nombreuses ici, quoique certaines situations restent hilarantes (voir la prof de latin connectée sur Facebook). L'auteur explore le genre policier avec des fonctionnaires fatigués, des jeunes lycéens à qui on ne la fait pas, mâtinant le tout d'un fantastique ne se privant pas de se moquer de lui-même. Laura a lu Twilight, elle est donc prête à tomber dans les bras de Melvil...
La fin est sans doute un peu rapide, très ouverte. Mais l'ensemble bien troussé intrigue, capable de se dynamiter jusque dans ses fondations : l'Etang de la Brume sera sur le point d'être démoli pour construire un ensemble immobilier... Les démons ont-ils encore vraiment leur place au XXIe siècle ? Luc Blanvillain nous laisse avec cette question sans réponse, et le sourire aux lèvres.