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Le manga (1/2): des mangas pour tous les goûts

Chine, Japon, Corée
Escales en Asie de l'Est 3

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Pascale Joncour
12 mai 2021

Depuis 2006, après le Japon et devant les États-Unis et le marché asiatique, la France est devenue le plus gros consommateur de mangas au monde. Son marché représente désormais plus de 40 % des ventes du secteur de la bande dessinée en France, 42 % exactement en 2020, année de pandémie mondiale. Désormais, une BD vendue sur trois est un manga; une raison d’explorer les spécificités de cette littérature qui rencontre un si grand succès auprès des jeunes.


Tout d’abord, une question de vocabulaire, il sera ici principalement question de ce que l’on appelle le manga moderne, celui né après la Seconde Guerre mondiale et surtout finalisé, tout au moins dans les codes que nous lui connaissons aujourd’hui, par Osamu Tezuka (1928-1984). Son talent, son abondante production et ses inventions techniques et graphiques en font une des figures majeures de cet art et lui ont valu des titres comme le père du manga ou encore le dieu du manga. La bande dessinée japonaise a une longue histoire que nous n’aborderons pas ici dans sa globalité.

Osamu Tezuka
«Osamu Tezuka: une vie en manga» (©Pika éditions)

La réception du manga en France: évolution
L’édition de mangas en France va connaître plusieurs phases. La première, celle des pionniers, qui publieront quelques titres exigeants, plutôt à destination des adultes, à la fin des années 1970, début des années 1980. On peut citer la revue trimestrielle «Le cri qui tue», initiée par le Japonais Atoss Takemoto, désireux de faire connaître sa culture en Europe, et par l’écrivain et éditeur suisse Rolf Kesserling. Six numéros seulement paraîtront entre juin 1978 et mars 1981. On y trouve des auteurs phares, reconnus depuis, comme Osamu Tezuka, Takao Saitō, Yoshihiro Tatsumi… On peut aussi mentionner la première publication par Les Humanoïdes associés, dans sa collection Autodafé, de Gen d’Hiroshima de Keiji Nakasawa, poignante autobiographie retraçant la vie des survivants de l’explosion atomique d’Hiroshima le 6 août 1945.

Le cri qui tue et Gen d'Hiroshima
«Le cri qui tue», n° 1 (© Atoss Takemoto) et «Gen d’Hiroshima» (©Les Humanoïdes associés)

La deuxième phase, le lancement et l’implantation de la bande dessinée japonaise sur le territoire français, correspond aux années 1990, début des années 2000. Les premières séries proposées seront principalement les mangas des séries animées diffusées à la télévision, via les émissions pour la jeunesse, notamment Récré A2 (juillet 1978 - juin 1988) et le Club Dorothée (septembre 1987 - août 1997). En créant une attente auprès de leurs fans, elles ouvrent la brèche au manga en France. Avec le revers d’une réputation sulfureuse de sexe et de violence, certaines ayant subi les foudres du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) à leur diffusion.

Jacques Glénat ouvre le bal en 1990 avec la publication d’Akira, suite à l’énorme succès du film adapté de la série éponyme par l’auteur lui-même au Japon, d’abord sous la forme de 31 fascicules couleurs de 64 pages vendus en kiosque. Puis suivent Dragon Ball (1993), Ranma ½ (1994), et Sailor moon (1995), tous de gros succès du Club Dorothée, et One Piece (2000). En 1993, Dominique Véret fonde les éditions Tonkam qui publient Video Girl Aï (1994). D’autres grands éditeurs se lancent: Casterman avec Gon (1995); J’ai lu avec City Hunter (1996), Ken, le survivant (1999), Captain Tsubasa: Olive et Tom (1999); Dargaud, sous son label Kana, publie Les chevaliers du Zodiaque: Saint Seiya (1997). Sous ce label, Naruto sortira en 2002 (dernier tome en 2016). La machine est lancée.

Akira
«Akira (T.1). L’autoroute» (©Glénat )

À partir des années 2000, l’offre explose. Apparition de nouveaux éditeurs spécialisés: Pika (le plus gros éditeur de mangas aujourd’hui) en 2000, Akata en 2001, Ki-oon en 2003, Le Lézard noir en 2004, Kurokawa en 2005, Kazé manga en 2009, Komikku en 2012... Foisonnement de titres pour un public jeune conquis et curieux. Des éditeurs se démarquent par la volonté d’une politique éditoriale plus qualitative. Sous l’impulsion de Frédéric Boilet, créateur du mouvement graphique et littéraire transculturel Nouvelle manga en 2001, embauché en 2004, Casterman crée la collection Sakka et publie Jirō Taniguchi (L’Homme qui marche, Quartiers lointains, Le gourmet solitaire…), Kiriko Nananan (Blue, Every Day, Rouge bonbon…), offrant un autre regard sur le manga pour un public plus mature. Les éditions Akata se distinguent par leurs choix de séries souvent courtes abordant des sujets plus graves, comme le handicap (Perfect World) ou encore l’homosexualité (Le mari de mon frère, Don’t fake your smile). Les éditions Ki-oon abordent aussi le manga sous un angle plus pointu et sélectif comme nous l’explique Kim Bedene, éditrice, dans un entretien: Mangas = violence? (La Revue des livres pour enfants, Les nouveaux contours de la violence, n° 305, février 2019). En 2011, Karim Talbi et Étienne Barral créent Isan manga pour éditer des œuvres ou des auteurs issus du patrimoine japonais. Une politique déjà revendiquée par les éditions Cornélius, créées en 1991.

Qauartiers lointains - Bride stories - Vie de Mizuki
«Quartiers lointains (T.1)», de Jirō Taniguchi (©Casterman); «Bride stories (T.1)», de Kaoru Mori (©Ki-oon); «Vie de Mizuki (T.1). L’enfant» de Shigeru Mizuki (©Cornélius)

Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que le manga fait partie de la culture des jeunes avec des séries cultes et des nouveautés qui font le buzz dans les communautés de fans. Il a aussi fait des émules chez les jeunes créateurs. On parle désormais de manfra (manga français) ou global manga pour des titres réalisés par des auteurs occidentaux, une production qui se développe de plus en plus et dont Radiant de Tony Valente est l’un des plus beaux exemples puisque c’est un manga français traduit simultanément au Japon avec un indéniable succès.

Radiant
«Radiant (T.1)» (©Ankama)

Culture manga
En France, comme au Japon, le manga n’est pas qu’un simple livre, il appartient à toute une industrie culturelle englobant les séries animées (60% des séries publiées ont leur version «animes»), les films, les jeux vidéo, la musique, toute une gamme de produits dérivés, figurines, jouets, vêtements, etc. Cette industrie, qui s’adresse principalement aux enfants et aux adolescents, produit des communautés de fans, amateurs de ces différents supports, qui partagent leurs découvertes et échangent sur leurs séries préférées. Pour prendre la mesure de cet engouement, il faut se rendre à la Japan Expo, la plus grande manifestation dédiée au manga et à la culture japonaise qui se tient tous les ans au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte au début du mois de juillet (plus de 250 000 visiteurs en 2019 pour le 20e anniversaire de ce salon). Un public où se brassent les générations (le manga est arrivé en France au début des années 1990, il y a trente ans déjà), mais où se pressent majoritairement des jeunes qui révèlent leur appropriation de cette culture manga jusque dans l’art étonnant du cosplay, qui consiste à se travestir de la façon la plus proche possible en l’un des héros de sa série préférée.

Une enquête menée en 2012 par Christine Détrez et Olivier Vanhée, et publiée sous le titre Les mangados: lire des mangas à l’adolescence (Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2012), nous révèle le fonctionnement et l’importance de ces communautés de fans, qui échangent autour de leurs séries préférées dans les cours de récré et sur les réseaux sociaux. S’intéressant aux pratiques de lecture des ados, elle fait ressortir ce qui fait l’attrait spécifique du manga: une lecture distrayante, qui peut être brève (quelques chapitres) et s’insérer facilement dans un emploi du temps souvent chargé, un rendez-vous régulier avec des héros auxquels ils s’identifient sur la durée (les séries sont souvent longues, voire très longues) dans des histoires riches en émotions, en burlesque, en fantastique et en action. Bien que réalisée en 2012, cette enquête, très intéressante, garde toute sa pertinence.

L’analyse proposée par Jean-Marc Bouissou dans Manga: histoire et univers de la bande dessinée japonaise (Picquier, 2010) résonne très justement. Quand il écrit «Ce que répète le manga aux adolescents, c’est que le monde est difficile. Qu’ils ne doivent pas compter sur les adultes pour résoudre leurs problèmes à leur place. Que les relations entre filles et garçons sont compliquées. Que le sexe et l’attraction amoureuse sont un territoire inconnu, aussi inquiétant qu’attirant. Que la communauté a son lot de violences, de jalousies et de brebis galeuses…» (pp. 179-180), il a tout dit de ce qui fait le succès des mangas auprès des jeunes. Il y voit comme une version adolescente des «contes de fées»: ces histoires divertissantes et pleines de suspense, où se mélangent souvent fantasmagorie et réalisme, mettent en scène tous les aspects de leurs personnalités, traumatisme et pulsions compris, et parlent à leur mal-être adolescent. Ils peuvent y puiser des leçons de vie.

Culture manga - Les mangados - Manga
«Culture manga: introduction à la BD japonaise» (© Nouveau Monde); «Les mangados: lire des mangas à l’adolescence» (©Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou); «Manga: histoire et univers de la bande dessinée japonaise» (©Picquier)

Une catégorisation en fonction du lectorat visé
Si le manga en France est essentiellement vendu sous forme de petits fascicules au format poche (les tankôbons), au Japon, toutes ces séries sont d’abord prépubliées dans des magazines aux périodicités variées s’adressant à des publics très ciblés, mais où tout le monde peut y trouver son compte, du tout jeune enfant au senior. Pas un sujet que l’on ne puisse rencontrer dans une série de manga. Ces magazines comptent près de 300 pages avec une trentaine d’histoires dont on suit le récit, chapitre après chapitre, au fil du rythme de publication du périodique qui l’édite. En France, les communautés de fans lisent ces chapitres sous forme de scans médiocrement traduits, voire même en japonais en ligne. En fonction de leur popularité, ces chapitres, entre sept et dix, sont ensuite publiés en tankôbons. La catégorisation mise en place par ce circuit de prépublication dans la presse se retrouve dans les mangas édités. Notons cependant que ce mode de diffusion par les magazines de prépublication est aujourd’hui en perte de vitesse au Japon. Le numérique prendra-t-il le relais?

Pour les enfants, on parle de mangas «Kodomo» (enfant en japonais). Les protagonistes y sont très jeunes et souvent embarqués dans des péripéties loufoques et pleines de fantaisies propres à l'imaginaire enfantin. Pour ce public, peu de titres traduits en France, car les éditeurs se heurtent à une différence culturelle: leur ressort comique est souvent basé sur le scatologique, un humour qui fonctionne au Japon mais plus difficilement en France.

Le shônen s’adresse aux préadolescents et aux adolescents. Le fil conducteur de ces séries est principalement le parcours initiatique d’un jeune héros, souvent orphelin, naïf et volontaire, dans une quête où il gagnera en maturité en combattant pour le bien, passant de l’enfance à l’adolescence, voire à l’âge adulte en fonction de la durée de la série et de la volonté du mangaka. Ce héros est toujours accompagné d'un groupe d'amis, dont certains sont d'abord ses premiers antagonistes, avec lesquels il traverse toutes ses aventures. L’objet de la quête peut être un trésor, le cœur d’une fille, la réussite à une compétition ou à un examen, ou bien d’autres choses encore! Les plus connus sont Dragon Ball, One Piece et Naruto.

Le shôjo s’adresse aux jeunes filles pour leur proposer des histoires sentimentales. Cette catégorie, sans équivalent dans la bande dessinée franco-belge ou américaine, offre un panel de romances incroyables, allant des plus mièvres, voire franchement sexistes, aux histoires plus fines sur l’observation du sentiment amoureux. Elles se passent pour la plupart dans l’univers du collège ou du lycée, mettant en scène une héroïne naïve et peu sûre d’elle qui attire l’intérêt d’un des plus beaux gosses de l’établissement, celui que toutes les filles convoitent, garçon brillant ou excellent sportif. Il a invariablement le rôle d’initiateur, de protecteur dans une éducation sentimentale qui peut aller jusqu’aux premiers rapports sexuels. Des séries souvent stéréotypées, comme l’analyse Clarisse Gadala dans son article La cruche et le prince: les stéréotypes de genre dans les shôjos (La Revue des livres pour enfants, Stéréotypes, fin de partie?, n° 310, décembre 2019).

Le seinen vise les adolescents et les jeunes adultes, plutôt de sexe masculin dans l’absolu. Difficile de typer ces histoires, ici le champ des possibles est infini, elles s’adressent juste à un public plus mature et sont donc nettement moins aseptisées. On peut donc y trouver du sexe et de la violence. L’équivalent pour un public féminin est le josei, plus couramment appelé le ladies' comic ou le redikomi, une catégorie peu exploitée en France. Nana de Ai Yazawa en est l’un des plus beaux exemples.

Mentionnons juste le silver manga qui s’adresse aux seniors, inexistant en France. Et le Yaoi, ou encore Boy’s Love (raccourci en «BL»), manga de romance entre garçons et à la base principalement destiné à un public féminin. À découvrir, la très belle série courte BL métamorphose de Kaori Tsurutani chez Ki-oon, pour en savoir un peu plus sur le BL.

La plupart des éditeurs français ont adopté cette catégorisation en la convertissant en collection (shônen, shôjo, seinen et kids quand elle s’adresse aux petits). Mais elle est peu étanche au niveau du lectorat, tant pour l’identité sexuelle que pour l’âge, en France comme au Japon. Les filles lisent autant les shônens et les seinens que les garçons, les garçons ne s’interdisent pas les shôjos. Les frontières entre préados, ados et jeunes adultes sont mouvantes, les jeunes adultes peuvent trouver de l’intérêt à certains shônens, et la curiosité adolescente a de quoi se satisfaire avec de très bons seinens. Après 30 ans de pratiques éditoriales, les éditeurs français prennent de plus en plus de libertés vis-à-vis de cette segmentation.

Les genres
On peut aussi approcher les mangas par leur thématique avec un classement par genre. Les frontières y sont tout aussi poreuses mais il donne une idée du sujet principal de la série. Casse-tête de classification rigoureuse, abordons juste ici le manga de science-fiction et le manga de sport.

Le manga de science-fiction est peut-être le genre le plus fourni, principalement les récits post-apocalyptiques, et leurs variantes dystopiques comme le cyberpunk et les histoires de robots (mecha). Il faut dire que le Japon possède une expérience inégalée en matière de cataclysmes, ceux provoqués par la nature (séismes, typhons, tsunamis) ou provoqués par les hommes, comme les apocalypses nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki. De l’inclassable 20th Century Boy de Naoki Urasawa, science-fiction mâtinée de thriller, au formidable Asadora! (du même auteur), en passant par les œuvres de Tsutomu Nihei (Blame!, Biomega, Aposimz, la planète des marionnettes ou encore Knights of Sidonia) ou celles de Reiji Matsumoto (Capitaine Albator et son alter ego féminin Queen Emeraldas), les titres foisonnent. Le genre a inspiré l'historien et essayiste Pierre Pigot (Apocalypse Manga, Presses universitaires de France, 2013).

Le manga de sport (supôtsu manga) est également très populaire et rares sont les pratiques qui n’ont pas leur série. Les tournois et les compétitions sont l’occasion pour le héros de se confronter à ses limites. Que ce soit le football avec Captain Tsubasa, dont l’anime fit les beaux jours du Club Dorothée sous le titre Olive et Tom, le basket avec Slam Dunk, la boxe avec Ashita no Joe ou encore Ippo (série toujours en cours avec sa 6e saison, plus de 130 tomes!) pour ne citer que quelques-unes des plus populaires. Mais aussi le patinage artistique avec Blizzard axel, le sumo avec Hinomaru Sumo, des séries plus récentes. Le sport peut aussi être abordé sous l’angle du handicap comme dans Real ou Running girl.

Et on trouve aussi le manga de bastons, de voyous, de jumeaux (eh oui!), de samouraïs, tranche de vie, sentimental, historique, d’horreur, autobiographique, autour d’un hobby, érotique… et éducatif et informatif. La collection Les classiques en manga chez Nobi Nobi! propose des adaptations plus ou moins réussies de classiques de la littérature, du Roméo et Juliette de Shakespeare au Dracula de Bram Stoker, en passant par Le livre de la Jungle de Rudyard Kipling ou Le merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerlöf. Et bien sûr, influence américaine oblige, mais c’est aussi vrai pour la bande dessinée franco-belge, le manga de superhéros, dont la série My héro academia est l’exemple le plus populaire du moment!

Un conseil: ne jamais se laisser arrêter par l’étrangeté ou la loufoquerie du pitch en 4e de couverture de toute nouvelle série. Les résumés les plus abracadabrantesques peuvent révéler d’excellents titres!

Des codes spécifiques
Le premier obstacle que rencontre un néophyte en ouvrant un manga est son sens de lecture inversé. Au japon, la lecture se fait de droite à gauche. Les éditeurs français ont définitivement adopté ce sens de lecture, rééditant leurs séries cultes, initialement publiées dans un sens de lecture occidental, dans leur format original. Ce qui signifie pour un lecteur français de commencer le manga par la «fin». Sur la planche aussi, ce sens de lecture est à appliquer et déroute dans un premier temps. Une petite gymnastique à laquelle on se fait très vite. Certains éditeurs donnent même un petit «mode d’emploi» en fin de volume.

En raison de son mode de diffusion, répondant à un critère économique, cette bande dessinée est une bande dessinée du noir et blanc (à l’exception de quelques titres pour enfants ou de quelques séries publiées intégralement en couleurs). Loin de la desservir, ce traitement monochrome est tout un art grâce notamment à un emploi subtil des gris et surtout grâce à l’utilisation de trames, les screentones. Ce procédé peut simplement servir de motif, un vêtement par exemple, mais il sert surtout à accentuer les effets de volume.

Deuxième obstacle pour le néophyte, il doit plonger dans un univers visuel et narratif particulier avec des codes précis qui n’ont rien à voir avec ceux de la bande dessinée franco-belge. Le dessin, dans sa construction, les décors et les expressions des personnages, est ici entièrement au service du sens et de l’expression des émotions dans un style narratif qui ignore le texte descriptif.

Bien qu’ils n’aient pas été les premiers à jouer avec les cases, les mangakas utilisent leur agencement, à l’égal des dessins qu’elles encadrent, pour donner à ressentir: accentuer un mouvement à l’extrême ou souligner l’ambiance de la scène, offrir des changements de points de vue. Ce qui se traduit par des constructions de planches étonnantes. Ils ont aussi inventé le «mouvement subjectif», substituant à une action contemplée en regard extérieur le ressenti direct du mouvement en situant le regard au cœur même de l’action: sur le siège d’une moto, dans l’œil d’un sportif qui voit la balle ou le coup arriver sur lui.

Des détails dans le décor servent aussi la narration: les fameuses lignes de vitesse dans les mangas d’action (les speed lines) qui peuvent aussi exprimer l’exclamation d’un personnage ou un bruit violent. Les arrière-plans sont mis à contribution pour traduire le ressenti des personnages. On trouvera notamment dans certains shôjos une gamme d’éclairs et de zébrures, de petits cœurs, d’ondulations abstraites… Chaque mangaka peut développer son propre répertoire. La forme du phylactère peut également apporter une information sur l’humeur du personnage

Le plus connu des stéréotypes, le personnage aux grands yeux, qui n’est pas systématiquement utilisé, est à aborder avec cette volonté de faire ressentir les émotions. Les yeux focalisent l’expression des sentiments et des émotions des protagonistes de l’histoire. Le plus déroutant est sans doute l’emploi du super deformed (SD), stade ultime de l’inscription des émotions dans le physique des personnages. Ces formes caricaturées sont utilisées pour signifier que les héros sont emportés par leurs émotions et agissent comme des enfants. Ce procédé permet aussi aux dessinateurs nippons tenus par des délais très courts un sérieux gain de temps.

La rose de Versailles
Images intérieures de «La Rose de Versailles» de Riyoko Ikeda (©Kana)

Autre caractéristique, le manga est une bande dessinée très «sonore»: les onomatopées y occupent une place fondamentale. Celles-ci composent comme une bande-son dynamique. Elles permettent aussi d’exprimer toutes sortes de nuances que l’image seule ne peut traduire. Défi de la traduction parfois, elles transposent frottements, bourdonnements, gloussements… ou, de façon plus suggestive qu’un texte, ce qui est de l’ordre des sentiments.

Le passage du temps sera signalé par un détail dans le décor (la végétation, les vêtements, les fêtes qui ponctuent l’année japonaise); pour les retours dans le passé, les gouttières (espace entre les cases) adoptent le noir.

Happy et Ippo
Images intérieures de «Happy!» de Naoki Urasawa (©Panini manga) et de «Ippo» de George Morikawa (©Kurokawa)

Des titres
Dans le foisonnement des séries proposées sur le marché français, entre les anciennes devenues cultes et les nouveautés qui se publient chaque année, l’élaboration d’une bibliographie des incontournables est un exercice périlleux et forcément subjectif. Demandez à plusieurs ados de vous dresser la liste de leurs dix mangas préférés, aucune ne recoupera les mêmes titres.

Nous vous présentons cinq titres dans cinq catégories (le choix de ces titres et catégories n’engage que la rédactrice de cet article) et vous renvoyons à une sélection de 75 titres réalisée dans le cadre de la Japan Expo 2019 par le comité BD du Centre national de la littérature pour la jeunesse: Manga mania!: sélection manga pour tous les âges - édition 2019.

Les poids lourds indétrônables
Dragon Ball (42 tomes, série terminée): adapté d'une légende chinoise, ce manga, qui relate la quête de sept boules de cristal par un petit garçon à la force herculéenne et doté d’une queue de singe, mélange avec talent arts martiaux et humour «pipi-caca». C'est drôle, ça va vite et c'est rafraîchissant.

One Piece (97 tomes parus, série en cours): une délirante parodie des aventures de pirates. Un jeune garçon devient invincible grâce à un fruit magique et décide de devenir capitaine de pirates pour découvrir le trésor ultime: le One Piece. Une galerie de personnages hilarants.

Naruto (72 tomes, série terminée): le parcours initiatique de Naruto, apprenti ninja maudit, en quête de reconnaissance. La série se caractérise par une capacité à amener l’émotion au cœur des combats et à mener plusieurs intrigues de front, jouant de l'humour, du drame, de l'horreur comme du mythe.

Hunter X Hunter (36 tomes parus, série en cours): Gon, le jeune héros, est à la recherche de son père avec ses amis. L'examen de Hunter, le cycle de York Shin et Greed Island proposent une réflexion sur les notions de bien et de mal, le choix de vie. L'humour y côtoie de vrais drames.

Fairy Tail (63 tomes, série terminée): avec un trait léger, sans trame et peu de décors, l'auteur nous promène dans l’univers des magiciens, en suivant un groupe rassemblant de fortes personnalités. La règle étant que tout personnage soit un peu (!) fou, et toute situation excessive.

Les indétrônables
«Dragon Ball» (©Glénat); «One Piece» (©Glénat); «Naruto» (©Kana); «Hunter X Hunter» (©Kana); «Fairy Tail» (©Pika)

La relève
My hero academia (28 tomes parus, série en cours): comment entrer à la Hero Academia, la meilleure école pour former les super-héros, quand on n’a aucun pouvoir? Grâce à sa rencontre avec All Might, le plus puissant des justiciers et son idole, le jeune Izuku Midoriya, ado ordinaire, en pousse pourtant les portes pour un apprentissage extraordinaire…

Assassination classroom (21 tomes, série terminée): un professeur extraterrestre encourage sa classe de «fortes têtes» à le tuer d’ici la fin de l’année scolaire, sinon, il détruira la Terre. Derrière ce procédé un peu brutal, ce manga aborde avec sensibilité les difficultés de l’échec scolaire et la problématique de l’intégration à un groupe pour des adolescents «hors norme».

Seven deadly sins (41 tomes, série terminée): une princesse part à la recherche de sept mercenaires pour libérer son royaume. Elle rencontre l’un d’eux, qui a pour compagnon un cochon qui parle. Il se joint à sa quête, d’autant plus qu’il a des intérêts personnels à retrouver ses anciens compagnons. Une série haletante, pleine de rebondissements et de mystères.

One-punch man (22 tomes parus, série en cours): dans ce Japon du XXIe siècle où les méchants sont devenus légion, Saitama, super-justicier de 25 ans, invincible grâce à une droite imparable, les combat avec une telle facilité qu’il commence à s’ennuyer. Entre en scène un cyborg justicier qui souhaite devenir son disciple...

Demon slayer: Kimetsu no yaiba (16/23 tomes parus, série en cours): Japon, début du XXe siècle, la quête d’un modeste marchand de charbon pour retrouver l’ogre qui a massacré son village et transformé sa sœur en monstre. Une série atypique, entre conte, histoire d’horreur et shônen classique.

La relève
«My hero academia» (©Ki-oon); «Assassination classroom» (©Kana); «Seven deadly sins» (©Pika); «One-punch man» (©Kurokawa); «Demon slayer: Kimetsu no yaiba» (©Panini manga)

Les coups de poing
20th Century Boys (édition deluxe, 11 tomes, série terminée): des enfants jouent à la fin du monde, qui menace d’aboutir à la vraie fin du monde, sur fond de secte. L’ennemi caché ne cesse de se dérober et les héros sont pris dans des filets qui les dépassent. Héroïsme et émotion sont au rendez-vous avec une réflexion sur le monde contemporain.

GTO - Great Teacher Onizuka (25 tomes, série terminée): une série devenue légendaire: un étudiant raté devient professeur-stagiaire pour plaire aux filles, mais trouve sa vocation: intéresser et sauver les élèves. Ses méthodes de choc salutaire sont l’occasion d’histoires à la fois drôles, excessives et émouvantes.

Death Note (13 tomes, série terminée): un lycéen surdoué et désabusé découvre un étrange cahier appartenant à un dieu de la mort. Grâce à son terrible pouvoir, il extermine les criminels pour bâtir un monde utopique. Recherché par un détective prodige, une joute cérébrale s’engage...

L'attaque des Titans (édition colossale, 10/11 tomes parus, série en cours): dans une cité forteresse, les humains survivent tant bien que mal aux attaques des monstrueux Titans, des êtres gigantesques qui les dévorent. Parmi cette communauté, des jeunes gens se portent volontaires pour le Bataillon d’exploration, chargé de mener des attaques au-delà du mur…

Kingdom (60 tomes parus, série en cours): dans une Chine ancestrale alors divisée en sept royaumes et en proie à de nombreux conflits, le jeune Shin s'engage dans l'armée dans l'espoir de devenir un grand général de guerre. Un excellent seinen avec de beaux personnages, sur fond d'histoire, de guerre et de politique.

Les coups de poing
«20th Century Boys» (©Panini manga); «GTO - Great Teacher Onizuka» (©Pika); «Death Note» (©Kana); «L'attaque des Titans» (©Pika); Kingdom» (©Meian)

Les curiosités
Gon (7 tomes, série terminée): dans des paysages préhistoriques, Gon, un bébé tyrannosaure orphelin, fait face, dans de courtes aventures, aux nécessités de la vie: chasser, manger, jouer, dormir. Cette série sans texte au graphisme crayonné, bien documentée et foisonnante de détails, dépeint le règne animal dans toute sa beauté et sa cruauté.

Hanada, le garnement (5 tomes, série terminée): Hanada, le pire garnement du village, fait tourner tout le monde en bourrique jusqu’au jour où il échappe à un accident. Désormais, il voit des fantômes qui viennent lui demander de l’aide pour rejoindre l’au-delà. Drôle et émouvant!

Mon histoire (13 tomes, série terminée): shôjo atypique qui passe au second plan le beau garçon cool et donne la vedette à son meilleur ami, un archétype du gros balourd. En sauvant une jeune fille des griffes d'un pervers, ce drôle de héros éveille chez celle-ci des sentiments amoureux.

Le voyage de Kuro: histoire d'une itinérante (7 tomes, série terminée): étrange et envoûtant voyage que celui de Kuro, gamine vêtue de noir transportant un cercueil sur le dos, accompagnée d’une chauve-souris qui parle, et de deux drôles de fillettes. Une série fantastique et noire, à veine poético-gothique, très originale.

L'enfant et le maudit: Siuil, a Run (10/11 tomes parus, série en cours): une petite fille est recueillie par un être mystérieux à tête d’animal, qui veille sur elle avec une infinie tendresse. Dans ce monde, une étrange malédiction sépare «ceux de l’extérieur», les maudits, mi-hommes mi bêtes, de «ceux de l’intérieur», retranchés dans les villes. Fort et envoûtant.

Les curiosités
«Gon» (©Pika); «Hanada, le garnement» (©Ki-oon); «Mon histoire» (©Kana); «Le voyage de Kuro: histoire d'une itinérante» (©Kana); «L'enfant et le maudit: Siuil, a Run» (©Komikku)

Les «Kawaï» pour les petits
Chi, une vie de chat (12 tomes, série terminée): Chi, petit chat recueilli par une famille, y découvre les joies et les petits malheurs du quotidien. Manga en couleurs et avec un sens de lecture à la française, cette série séduit petits et grands par sa fraîcheur, sa tendresse et son humour.

Roji! (11 tomes, série terminée): Yuzu et sa sœur Karin partent à la découverte des rues de leur ville sous l'œil mystérieux de leur chat Zanzibar. Le fantastique et le merveilleux vont parsemer leurs rencontres. Petite série méconnue, merveille de poésie enfantine et d'humour.

Les petits vélos (7 tomes parus, série en cours): formidable Mr Véloutre, patron du Strade Bianche, un café-pizzeria et magasin de vélo, fan de cyclisme et prêt à tout pour partager sa passion, entouré de personnages attachants: Monsieur Tapir, client régulier qui va au travail à vélo, un mangaka raton laveur et sa serveuse-mouton.

Lucika Lucika (10 tomes, série terminée): Lucika, petite fille espiègle, vit le quotidien comme une aventure avec un grand A. Son regard sur le monde est tantôt naïf, tantôt malicieux, au grand dam de sa famille qui a parfois du mal à la suivre. Tout en couleurs, ce manga nous entraîne dans un monde de tendresse et de poésie.

Minuscule (8 tomes parus, série en cours): Hakumei et Mikochi sont deux fillettes minuscules qui vivent dans un tronc d'arbre et se déplacent à dos de scarabée. Elles vivent de petites aventures à la fois très quotidiennes et très loufoques où animaux et humains font bon ménage. Des histoires pleines de douceur, de poésie et de fantaisie.

Les kawaï
«Chi, une vie de chat» (©Glénat); «Roji!» (©Ki-oon); «Les petits vélos» (©Komikku); «Lucika Lucika» (©Ki-oon); «Minuscule» (©Komikku)

Pour conclure, puisque tout peut se raconter ou être expliqué en manga, quelques séries pour découvrir son univers et le travail de ceux qui le créent au Japon, bien éloigné de celui des autrices et auteurs de bandes dessinées en France:

Bakuman (20 tomes, série terminée): la série à lire pour comprendre comment travaillent les mangakas, du moins ceux qui créent les séries que nous lisons en France.

Hitman: les coulisses du manga (4 tomes parus, série en cours): bienvenue dans l’univers impitoyable de l’édition de mangas  avec Ryûnosuke fraîchement embauché par le célèbre hebdomadaire de prépublication le Weekly Shônen Magazine.

Trait pour trait, dessine et tais-toi (3/5 tomes parus, série en cours): l'étonnante autobiographie de l’autrice du manga historique Le tigre des neiges, qui a reçu le Fauve - Prix jeunes adultes au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême en 2020.

Libraire jusqu’à l’os (4 tomes, série terminée): libraire dans une librairie dédiée aux mangas et dessinatrice, Honda exploite ici son activité professionnelle dans une série drôle et instructive sur le circuit de diffusion de ce genre dans son pays d'origine.

Univers du manga
«Bakuman» (©Kana); «Hitman: les coulisses du manga» (©Pika); «Trait pour trait, dessine et tais-toi» (©Ankama); «Libraire jusqu’à l’os» (©Soleil)

Pascale Joncour est chargée du fonds de référence Bandes dessinées au Centre national de la littérature pour la jeunesse (Bibliothèque nationale de France). Elle est responsable du comité de lecture et co-responsable de la rubrique bandes dessinées au sein de la Revue des livres pour enfants.


Bibliographie

Ouvrages de recherche
«30 ans de manga en France: le meilleur de la bande dessinée japonaise en 100 titres», in Atom, la culture manga, n° 15, Septembre/octobre/novembre 2020, Custom Publishing France
Apocalypse Manga, de Pierre Pigot, Presses universitaires de France, 2013
Culture manga: introduction à la BD japonaise, de Fabien Tillon, Nouveau Monde éditions, Nouveau monde graphic, 2020
Dragon Ball: le livre hommage, de Valérie Précigout, Third éditions, 2016
Génération otaku: les enfants de la postmodernité, de Hiroki Azuma, Hachette littératures, 2008 (Haute tension)
Histoire du manga: le miroir de la société japonaise, de Karyn Nishimura-Poupée, Éd. actualisée, Tallandier, 2016, (Texto)
Histoire(s) du manga moderne, 1952-2014, de Matthieu Pinon, Lauret Lefebvre, nouvelle éd., Ynnis, 2016
Japan Expo: le meilleur de la culture japonaise, de Sébastien Floc'h, photographies de Jess Grinneiser et Valéry Guedes, Hachette heroes, 2019
Le choc Akira: une (r)évolution du manga, de Rémi Lopez, Third éditions, 2019
«Le manga» in Lecture jeune, hors-série n° 1, février 2021, Lecture jeunesse
Les mangados: lire des mangas à l’adolescence, de Christine Détrez et Olivier Vanhée, Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2012
Les mangas pour jeunes filles, figures du sexuel à l'adolescence, de Joëlle Nouhet-Roseman, Érès éd., 2011, (La vie devant eux)
Manga, de Nicole Coolidge Rousmaniere et Matsuba Ryöko, traduction de l'anglais Jean-François Cornu, Kana, La Martinière, 2020
Manga 10 000 images, revue sur la bande dessinée japonaise, n° 3: Le manga au féminin, H, 2010
Manga 10 000 images, revue sur la bande dessinée japonaise, n° 1: le Yaoi, H, 2012
Manga & sport: une passion japonaise, d’Antony Teixeira, Third éditions, 2021
Manga: histoire et univers de la bande dessinée japonaise, de Jean-Marie Bouissou, Picquier, 2010
Rumiko Takahashi, reine du manga, de Pauline Croquet, Pix'n love éditions, 2020 (Pop'n love )

Et deux sites à consulter pour trouver toutes les informations sur les séries que vous recherchez:
Manga news
Manga sanctuary

Mangas cités dans l’article
20th Century Boys, de Naoki Urasawa, Génération comics, 2002-2007 (22 tomes, série terminée); éd. Deluxe, Panini manga, Seinen, 2014-2016 (11 tomes); Perfect édition, Panini manga, Seinen, 2020
Akira, de Katsuhiro Ōtomo, Glénat, 1990-1996 (14 tomes, série terminée); Glénat, 1999-2000 (6 tomes, série terminée); ré-ed. Glénat 2016-2019
Aposimz, la planète des marionnettes, de Tsutomu Nihei, Glénat, Seinen manga, 2018- (6 tomes parus, série en cours)
Asadora: feuilleton manga!, de Naoki Urasawa, Kana, Big Kana, 2020- (4 tomes parus, série en cours)
Ashita no Joe, scén. d’Asao Takamori, dessin de Tetsuya Chiba, Glénat, Vintage, 2010-2012 (13 tomes, série terminée)
Assassination classroom, de Yusei Matsui, Kana, Shônen Kana, 2013-2018 (21 tomes, série terminée)
Bakuman, scén. de Tsugumi Ohba, dessin de Takeshi Obata, Kana, Shônen Kana, 2010-2014 (20 tomes, série terminée)
Biomega, de Tsutomu Nihei, Glénat, Seinen manga, 2009-2010 (6 tomes, série terminée)
BL métamorphose, de Kaori Tsurutani, Ki-oon, Seinen, 2019-2021 (5 tomes, série terminée)
Blame!, de Tsutomu Nihei, Glénat, Seinen manga, 2000-2004 (10 tomes, série terminée); éd. Deluxe, Glénat, Seinen, 2018-
Blizzard axel, de Nakaba Suzuki, Nobi Nobi!, Shônen, 2019-2020 (6 tomes, série terminée)
Blue, de Kiriko Nananan, Casterman, Sakka, 2004; Casterman, Écritures, 2008, 2012, 2018
Capitaine Albator: le pirate de l'espace: l'intégrale, de Reiji Matsumoto, Kana, 2013
Captain Tsubasa: Olive et Tom, de Yōichi Takahashi, Glénat, Shônen manga, 1999
Chi, une vie de chat, de Kanata Konami, Glénat, Kids, 2010-2015 (12 tomes, série terminée)
City Hunter, de Tsukasa Hōjō, J'ai lu, Manga, 1996-1999 (36 tomes, série terminée); 2e éd., Génération comics, Manga, 2005-2010 (32 tomes, série terminée)
Death Note, scén. de Tsugumi Ohba, dessin de Takeshi Obata, Kana, Dark Kana, 2007-2009 (13 tomes, série terminée)
Demon slayer: Kimetsu no yaiba, de Koyoharu Gotouge, Panini manga, Shônen, 2016- (16/23 tomes parus, série en cours)
Don’t fake your smile, de Kotomi Aoki, Akata, M, 2020- (6/9 tomes parus, série en cours)
Dracula, de Stacy King, d'après Bram Stocker, dessin de Virginia Nitouhei, Nobi Nobi!, Les classiques en manga, 2020
Dragon Ball, d’Akira Toriyama, Glénat, Manga, 1993-2000 (42 tomes, série terminée); 2e éd. Glénat, Shônen manga, 2010-2013 (42 tomes); Perfect édition, Glénat, Shônen manga, 2009-2015 (34 tomes)
Every Day, de Kiriko Nananan, Casterman, Sakka, 2005
Fairy Tail, de Hiro Mashima, Pika, Pika shônen, 2008-2018 (63 tomes, série terminée)
Gen d’Hiroshima, de Keiji Nakasawa, Humanoïdes associés, 1983; Vertige graphic, 2003-2011; Intégrale, Vertige graphic, 20016-2018
Gon, de Masashi Tanaka, Casterman, 1995-2000 (7 tomes, série terminée); Pika, Pika shônen, 2015-2016 (7 tomes, série terminée)
GTO - Great Teacher Onizuka, de Tôru Fujisawa, Pika, 2001-2003 (25 tomes, série terminée)
Hanada, le garnement, de Makoto Isshiki, Ki-oon, 2017-2018 (5 tomes, série terminée)
Hinomaru Sumo, de Kawada, Glénat, Shônen manga, 2015- (21/28 tomes parus, série en cours)
Hitman: les coulisses du manga, de Kouji Seo, Pika, Pika shônen, 2020- (4 tomes, série en cours)
Hunter X Hunter, de Yoshihiro Togashi, Kana, Shônen Kana, 2000- (36 tomes parus, série en cours)
Ippo, de George Morikawa, Kurokawa, 2007- (130 tomes parus, série en cours)
Ken, le survivant, scén. De Buroson, dessin de Tetsuo Hara, J'ai lu, Manga, 1999-2001 (27 tomes, série terminée); repris sous le titre Hokuto no Ken: deluxe, Kazé, Ultimate, 2013-
Kingdom, de Yasuhisa Hara, Meian, 2018- (60 tomes parus, série en cours)
Knights of Sidonia, de Tsutomu Nihei, Glénat, Seinen manga, 2013-2016 (15 tomes, série terminée)
L’attaque des titans, de Hajime Isayama, Pika, Pika seinen, 2013- (33/34 tomes, série en cours); édition colossale, Pika, Pika seinen, 2015-2021 (11 tomes, série terminée)
L'enfant et le maudit: Siuil, a Run, de Nagabe, Komikku, 2017-2021 (10/11 tomes parus, série en cours)
L’Homme qui marche, de Jirô Taniguchi, Casterman, 1995, 2003, 2012, 2015, 2017
Le gourmet solitaire, de Jirô Taniguchi, Casterman, Sakka, 2005; Casterman, Écritures, 2013, 2016, 2018
Le livre de la Jungle, de Crystal S. Chan, d’après Rudyard Kipling, dessin de Julien Choy, Nobi Nobi!, Les classiques en manga, 2018
Le mari de mon frère, de Gengoroh Tagame, Akata, 2016-2017 (4 tomes, série terminée)
Le merveilleux voyage de Nils Holgersson, de Nori Ichikawa, d’après Selma Lagerlöf, Nobi Nobi!, Les classiques en manga, 2017
Le voyage de Kuro: histoire d'une itinérante, de Satoko Kiyuduki, Kana, Made in, 2010-2019 (7 tomes, série terminée)
Les chevaliers du Zodiaque: Saint Seiya, de Masami Kurumada, Kana, Shônen Kana, 1997
Les petits vélos, de Keiko Koyama, Komikku, 2016- (7 tomes parus, série en cours)
Libraire jusqu’à l’os, de Honda, Soleil, Soleil manga, Shônen, 2020-2021 (4 tomes, série terminée)
Lucika, Lucika, de Yoshitoshi Abe, Ki-oon, 2013-2016 (10 tomes, série terminée)
Minuscule, de Takuto Kashiki, Komikku, 2015- (8 tomes parus, série en cours)
Mon histoire, scén. de Kazune Kawahara, dessin d’Aruko, Kana, 2014-2017 (13 tomes, série terminée)
My héro academia, de Kohei Horikoshi, Ki-oon, Shônen 2016- (28 tomes parus, série en cours)
Nana, d’Ai Yazawa, Delcourt-Tonkam, Sakura, 2002- (21 tomes parus, série en cours)
Naruto, de Masashi Kishimoto, Kana, Shônen Kana, 2002-2016 (72 tomes, série terminée)
One Piece, d’Eiichiro Oda, Glénat, Manga, 2000- (97 tomes parus, série en cours); éd. originale, Glénat, Shônen manga, 2013-
One-punch man, scén. de One, dessin de Yusuke Murata, Kurokawa, 2016- (22 tomes parus, série en cours)
Perfect World, de Rie Aruga, Akata, L, 2016-2021 (12 tomes, série terminée)
Quartiers lointains, de Jirô Taniguchi, Casterman, Ecritures, 2 vol., 2002-2003; Intégrale, Casterman, Ecritures, 2010; 2017
Queen Emeraldas: intégrale, de Reiji Matsumoto, Kana, 2014
Radiant, de Tony Valent, Ankama, 2013- (14 tomes parus, série en cours)
Ranma ½, de Rumiko Takahashi, Glénat, Manga, 1994-2002 (38 tomes, série terminée); édition originale, Glénat, Shônen manga 2017-
Real, de Takehiko, Kana, Big Kana, 2005- (14 tomes parus, série en cours)
Roji!, de Keisuke Kotobuki, Ki-oon, 2012-2018 (11 tomes, série terminée)
Rouge bonbon, de Kiriko Nananan, Casterman, Sakka, 2008
Roméo et Juliette, de Megumi Isakawa, d'après William Shakespeare, Nobi Nobi!, Les classiques en manga, 2015
Running girl: ma course vers les paralympiques, de Narumi Shigematsu, Akata, M, 2020 (3 tomes, série terminée)
Sailor moon, de Naoko Takeuchi , Glénat, Manga, 1995-1998 (18 tomes, série terminée); nouvelle éd. , Pika, Pika shôjo, 2012-2014 (12 tomes, série terminée); eternal éd., Pika, Pika shôjo, Purple shine, 2020-
Seven deadly sins, de Nakaba Suzuki, Pika, Pika shônen, 2014-2021 (41 tomes, série terminée)
Slam Dunk, de Takehiko Inoue, Kana, Sônen Kana,1999-2004 (31 tomes, série terminée); 2e éd., Kana, Shônen Kana, 2019-
Trait pour trait, dessine et tais-toi, d’Akiko Higashimura, Ankama, L, 2020- (3/5 tomes, série en cours)
Video Girl Aï, de Masakazu Katsura, Tonkam, 1994-1997 (15 tomes, série terminée); 2e éd., Tonkam, 2008-2012


Image de vignette: couverture du livre Manga: histoire et univers de la bande dessinée japonaise (©Picquier)


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