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Bonne fête maman: 12 livres qui célèbrent les relations mère-enfant

A l’occasion de la fête des mères qui approche, Ricochet a cueilli pour vous 12 ouvrages tour à tour drôles, émouvants, sensibles ou poétiques, qui mettent à l’honneur les mamans et les belles relations qu’elles ont tissées avec leurs enfants. De quoi offrir un beau bouquet de livres à toutes les mamans !

Je t'aimerai toujours

1. Mon tout petit, de Germano Zullo et Albertine, La Joie de Lire, 2015
Album, dès 3 ans

Un trait au crayon identifiable immédiatement comme celui d'Albertine, un texte d'une totale sobriété de son compagnon Germano Zullo, c'est un drôle d'objet que nous présente ce duo si talentueux, complémentaire et atypique de la littérature jeunesse.

Mon tout petit c'est l'histoire de la vie: une maman attend un enfant, qui naît, grandit, puis dépasse sa mère qui, elle, rapetisse, jusqu'à disparaître. Mon tout petit c'est un flip book à faire défiler vite ou doucement selon qu'on a envie de voir la vie d'un coup ou de s'arrêter à un moment particulier, c'est un texte qui se lit d'une traite ou qu'on savoure phrase après phrase. C'est une espèce de pas de deux tout en douceur au cours duquel chaque acteur mène la danse à tour de rôle.

L'objet est d'une grande beauté, le papier épais, le coffret contenant le livre est raffiné, c'est évidemment un livre à offrir aux futurs parents tant le message d'amour est fort. Peut-être trop fort? Le lien entre la mère et le fils semble si intense qu'on a de la peine à imaginer que quelqu'un d'autre puisse trouver sa place dans ce couple exclusif. (VM)

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Couverture et image intérieure de «Mon tout petit» (©La Joie de Lire)

2. Je t’aimerai toujours, de Robert Munsch et Camille Jourdy, Les éditions des éléphants, 2020
Album, dès 3 ans

Je t’aimerai toujours est sorti pour la première fois outre-Atlantique en 1986, et il est devenu au fil du temps un incontournable des librairies comme des bibliothèques municipales et familiales anglo-saxonnes. Pour la première fois depuis sa sortie, ce texte, qui est devenu un classique de la littérature jeunesse, est enfin accessible en France grâce aux éditions des éléphants.

Dans Je t’aimerai toujours, il est notamment question de l’amour indéfectible d’une maman pour son enfant. Mais aussi du temps qui passe et de l’amour infini d’un enfant pour sa maman. Et également des enfants qui deviennent adultes, des parents qui vieillissent et des enfants qui, devenus grands, deviennent à leur tour des parents… Il est, somme toute, question de transmission et du cycle de la vie dans cet album! Le fil conducteur est une berceuse chantée par une maman à son bébé qui va grandir, l’étonner, l’émerveiller – mais aussi lui en faire voir de toutes les couleurs! Malgré tout, cette berceuse revient à intervalles réguliers car quels que soient les tracas du quotidien, une maman aime son enfant:

Aussi longtemps que je vivrai,
Toujours je t’aimerai.
Jusqu’à la fin des temps,
Tu seras mon enfant.

Un jour cependant, elle ne terminera pas la chanson car elle est trop âgée et affaiblie. C’est la fin d’une vie et son fils prend le relais. En effet, le bébé du tout début de l’album est devenu père et il est prêt à transmettre à son tour la chanson de sa maman entendue depuis son enfance.

Dans Je t’aimerai toujours, l’attachement immense qui relie un parent à son enfant est presque palpable et cette histoire de transmission entre les générations ne peut que toucher au cœur ses lecteurs, petits et grands. C’est Camille Jourdy qui signe les illustrations pour cette édition et ce choix est à saluer. Elle a composé des images à la gouache et aux crayons de couleur de toute beauté. Elle n’a pas son pareil quand il s’agit de représenter le monde de l’enfance et on aurait envie de visiter ses planches!

Pour finir, je tiens à dire que je souhaite une longue vie à Je t’aimerai toujours! (GF)

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Couverture et image intérieure de «Je t'aimerai toujours» (©Les éditions des éléphants)

3. Maman, d’Hélène Delforge et Quentin Gréban, Mijade, 2018
Album, dès 4 ans

Le miracle: «Mamamaammammammamamammmmama.»
Le grand moment: «Mama.»
L’impérieux: «Maman!»
L’implorant: «Mâââââmaaaaaaaan.»
Le flemmard: «M’man.»
Le possessif: «Ma maman à moi.»
Le fâché: «Ma mère.»
Le cool: «Mam’s.»
Le préféré: «Maman chérie que j’aime à la folie.»

Tant de déclinaisons affectueuses! Tant de Mamans différentes et pourtant si semblables… Chacune s’est oubliée pour un tout petit marmot, lové au creux de son ventre pendant neuf mois. Puis soudain, le voilà projeté dans notre monde souvent passionnant, surprenant, mais aussi terriblement brutal. Maman, notre stabilité, notre port d’attache, celle qui sait souffler sur un cauchemar pour le rendre ridicule.

L’ouvrage d’Hélène Delforge et Quentin Gréban est un véritable hymne à ces héroïnes du quotidien, dans toute leur magnifique diversité. Les textes sont incisifs, tissés de mots si justes, fusant directement jusqu’au cœur. Les images à l’aquarelle, occupant la pleine page de droite, sont autant de portraits délicats de mères, parfois soucieuses, profondément aimantes, se débattant avec les paradoxes de l’éducation ou dévastées suite à la disparition de leur enfant. Sur la gauche, les textes sont mis en page de manière aérée, donnant l’impression que les mots ont encore plus de puissance et d’exactitude. En-dessous, un dessin au trait, comme esquissé, vient compléter la narration principale entre l’aquarelle et le texte, ajoutant un détail savoureux ou une histoire hors du cadre. L’ensemble s’accorde avec finesse, les lignes des images répondant aux caractères typographiques, créant des significations éclatantes, aux sonorités saisissantes.

Faisant preuve d’une sensibilité à fleur de peau, Hélène Delforge et Quentin Gréban ouvrent la porte à de multiples histoires, toutes si différentes et auxquelles le lecteur s’identifie pourtant si facilement, véritables odes à l’amour inconditionnel d’une Maman. A lire ensemble pour vivre toute une palette d’émotions ou à offrir en doux témoignage d’une reconnaissance infinie. (MB)

4. Maman n’est pas d’ici…, de Julianne Moore et Meilo So, Steinkis, 2014
Album, dès 4 ans

Dans cet album, des filles et des garçons narrent l'histoire de leurs mères, des immigrées qui ont toutes quitté leur pays d'origine pour vivre aux Etats-Unis. L'une d'elles avait dix ans lorsqu'elle est arrivée en bateau en compagnie de son grand-père «avec une valise et c'est tout» et elle «a dû apprendre une nouvelle langue ici parce qu'on comprenait pas bien ses mots». Une autre se singularise en collant trois becs à son môme et en cuisinant des plats de son pays qui «embaument ou empestent, ça dépend». Devant leurs copains, tous ces enfants appellent leur mère «maman», mais en réalité et dans l'intimité elles restent leur Mutti, mom ou Amam.

Julianne Moore s'est inspirée de sa propre histoire (sa mère écossaise a immigré aux Etats-Unis en 1950) pour écrire ce récit sur la migration et l'intégration. Et ça se sent, puisqu'elle aborde avec amour et intelligence les petites et grandes particularités de ces mères venues d'ailleurs. Qu'elles soient africaines, italiennes, eurasiennes ou européennes, ces femmes assument leur identité avec un bel aplomb. Les illustrations de Meilo So soulignent avec brio cette multiculturalité, source de richesse. Au-delà des différences, un élément les rassemble toutes: la maternité! (EP)

5. Mes deux mamans, de Bernadette Green et Anna Zobel, Talents Hauts, 2021
Album, dès 5 ans

Elvi a deux mamans. Son ami Nicolas dit le comprendre mais ne peut s'empêcher de se demander: laquelle est la vraie maman de sa copine? Une «vraie» maman, Elvi en a deux. Nicolas insiste et Elvi poursuit son explication page après page.

Avec beaucoup de délicatesse, l'album délivre ici un message nécessaire qui lutte contre certaines remarques qui reviennent par habitude et contre les idées trop bien ancrées. Evidemment, Elvi a deux vraies mamans, pareillement inquiètes de son bien-être et attentives à son évolution. Et, avec beaucoup d'onirisme, Elvi répond en ajoutant aussi le petit soupçon qui crée la magie du récit: sa vraie maman est celle qui est parfois une pirate, qui fait la roue en haut des montagnes et qui tricote des hamacs pour les ours polaires. De quoi clore le débat et les interrogations de Nicolas avec gentillesse et efficacité. Voilà un album drôle et féerique à mettre entre toutes les jeunes mains! (DM)

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«Maman» (©Mijade), «Maman n’est pas d’ici…» (©Steinkis), «Mes deux mamans» (©Talents Hauts)

6. Mon amour, d’Astrid Desbordes et Pauline Martin, Albin Michel Jeunesse, 2015
Album, dès 5 ans

Quel enfant ne s’est jamais préoccupé de la finitude de l’amour maternel? Le petit blondinet de cet album n’échappe pas à l’inquiétude. Sa maman va donc chercher à le rassurer, dans un long discours, en fait une longue phrase qui va utiliser le système du point/contre-point, l’inscrivant aussi dans la double page. Ce sera l’amour «quand tu penses à moi et quand tu oublies», «quand je pense à toi et quand j’oublie», «contre moi» (physiquement) et «contre moi» (symboliquement), «parce que tu es mon enfant, mais que tu ne seras jamais à moi», etc. Les jeux de langage fusent, le dessin donne sens aux mots, et Archibald n’a plus qu’à s’endormir le sourire aux lèvres. Epurés et doux, les dessins aux traits précis sont modernes (un petit côté rétro très actuel) mais pourront également s’inscrire à travers le temps. Parce qu’aimer un enfant, c’est pour toujours… Un album excessivement fin, au fond conséquent, et à qui il ne manque peut-être qu’une ou deux situations liées au travail des parents pour l’aspect réaliste. (SP)

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Couverture et image intérieure de «Mon amour» (©Albin Michel Jeunesse)

7. Ma maman est bizarre, de Camille Victorine et Anna Wanda Gogusey, La Ville brûle, 2020
Album, dès 6 ans

Il n’y a pas qu’une seule façon d’être une maman, et cet album plein de vie nous en offre un bel exemple. Les illustrations d’Anna Wanda Gogusey sont un festival dynamique où les couleurs déclinent toutes les nuances de l’arc-en-ciel pour peindre un monde joyeux et festif dont la vitalité qui en émane est adoucie par le choix d’utiliser leur version pastel ainsi que par la portraitisation de cette maman sous l’apparence d’une biche. Car si l’univers raconté par Camille Victorine est empreint de la force de cette maman d’aujourd’hui, indépendante et engagée, cela n’empêche en rien de partager tendresse et douceur.

La petite fille est la narratrice, et chaque circonstance de leur vie commune est présentée comme un choix différent par rapport au rôle traditionnel attribué à la mère par la société occidentale; la femme vit seule avec son enfant, fréquente avec elle les cafés, rencontre souvent des ami.e.s pour écouter du rock, manifeste pour les droits des femmes… Elle sait aussi retrouver son âme d’enfant. Le ton choisi par l’auteure reste neutre, ce qui renforce son impact: cette vie-là, c’est peut-être un choix, peut-être un combat, mais ce n’est pas une déclaration de guerre, juste l’affirmation du droit de chacun.e à vivre comme il ou elle l’entend. On vit comme ça, et c’est comme ça, constate l’enfant sous la plume de Camille Victorine. Mais ce portrait d’une maman que d’autres enfants trouvent «bizarre» est empreint de l’amour inconditionnel et admiratif que ressent généralement une petite fille pour son modèle; elle la suit partout et en participant ainsi à sa vie s’en trouve éduquée sur l’autonomie, l’indépendance, la liberté de pensée, en même temps que sur l’art, la joie, la vie sociale et le respect d’autrui.

L’enfant raconte et dessine, et l’on se prend à imaginer que les magnifiques contreplats qui enveloppent cette histoire (pleins de vignettes bleues ornées, parées comme des rubans et des colifichets, comme on disait autrefois pour désigner des articles de coquetterie typiquement féminins), sont l’œuvre de cette petite fille-faon libérée d’anciennes entraves dépassées. Elle est l’enfant sauvage d’une maman bizarre: quel beau programme! (VC)

8. Le plus bel été du monde, de Delphine Perret, Les fourmis rouges, 2021
Album, dès 6 ans

L'heure des vacances a sonné pour cette mère et son enfant. Tous deux s'élancent sur les routes, direction la maison familiale. Une fois sur place, la vie s'écoule au rythme des chants d'oiseaux, d'une balade dans la nature ou d'une grillade au feu de bois. Ces moments privilégiés sont l'occasion de renouer avec le passé, de goûter aux conserves oubliées ou encore de dénicher des trésors au grenier. C'est aussi le temps d'observer les insectes et d'apprendre à nouer les lacets de ses souliers.

Paysages à l'aquarelle, dessins d'insectes, de feuilles ou de cow-boys, Delphine Perret raconte dans le détail les journées ensoleillées partagées entre mère et fils. Dans cette maison familiale de vacances où le temps semble suspendu, les protagonistes savourent l'existence comme une fête des sens. Le titre n'est pas trompeur, il s'agit bien du plus bel été du monde. Un album lumineux et positif, une ode à la contemplation qui s’adresse à tous les publics. (EP)

9. Ma mère, de Stéphane Servant et Emmanuelle Houdart, Thierry Magnier, 2015
Album, dès 7 ans

Derrière cette couverture sauvage et intrigante, se dessine l'histoire d'une mère, vue à travers les yeux de son enfant. Si l'exercice n'est pas nouveau, il vaut la peine ici que l'on s'y attarde. Dès les premières pages, on plonge littéralement au cœur de cette relation où il est surtout question d'amour, mais pas que... En effet, cette mère évoquée sans tabou et dans tous ses états rassure parfois (lorsqu'elle a «dans le coeur une renarde tapie au terrier») ou inquiète souvent (comme quand elle danse «dans d'obscures forêts» et que sa fille craint qu'elle ne se perde en chemin). Heureusement que cette femme peut compter sur l'amour de son partenaire (qui arrose ses racines) et de sa fille (qui possède au cas où une lampe-tempête, une boussole et un smartphone).

Devant tant d'ambivalences et de larmes versées, finit par grandir un malaise. S'agit-il d'une femme qui court avec les loups? Ou d'une mère borderline?… Un album introspectif (qui s'adresse plus aux adultes qu'aux enfants) porté par des illustrations grandioses et qui laisse une grande liberté d'interprétation! (EP)

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«Ma maman est bizarre» (©La Ville brûle), «Le plus bel été du monde» (©Les fourmis rouges), «Ma mère» (©Thierry Magnier)

10. Pour toute la vie... et même après, de Shinsuke Yoshitake, Milan, 2021
Album, dès 8 ans

Si tout change tout le temps, ce n'est pas le cas du lien indéfectible qui existe entre une mère et son enfant. Pour illustrer son propos, Shinsuke Yoshitake décrit le quotidien contrasté de la vie d'un bambin, des caprices aux sautes d'humeur en passant par les cheveux qui poussent trop vite et les bienfaits d'un bain après avoir joué l'explorateur dans la forêt. Puis, l'adolescence pointe son nez, les activités de l'enfance laissent la place à d'autres. C'est le temps des discussions enflammées et des jeux vidéo en solitaire. La petite veste verte dans laquelle le héros flottait est devenue ajustée et c'est avec elle qu'il prend son envol. Après un long temps d'absence, mère et fils se retrouvent. La famille compte désormais quelques membres de plus… «Il s'est passé tellement, tellement de choses. Et ce n'est pas fini.»

Un petit livre, tout en intelligence et en finesse, qui retrace le parcours d'une vie – de l'enfance à l'âge adulte – à travers les yeux aimants d'un parent. Un grand coup de cœur. (EP)

11. La plus grande chance de ma vie, de Catherine Grive, Rouergue, 2017
Roman, dès 13 ans

Les parents de Juliette travaillent à la Française des Jeux, et la jeune fille a toujours senti que la chance était avec elle. Mais un jour, subitement, les petits problèmes s'accumulent, du portable oublié à la course sous la pluie, le tout sur fond de rejet de Juliette par son père. Et puis les gros problèmes s'invitent: les parents se séparent, et Juliette apprend qu'elle n'est pas la fille de ses parents (chut: je vous dis simplement qu'il ne s'agit pas d'une adoption). Pourquoi? Comment? Quel avenir inventer à partir d'un passé faussé?

Basé sur un fait divers impressionnant, le roman est raconté en «je» par l'héroïne, qui rend compte à la fois de son quotidien lambda et de ses interrogations profondes. Malgré le mot «triste» qui revient souvent, Juliette sait user de légèreté, par petits mots, par petites touches qui sondent sa personnalité. A la fois forte et fragile, elle mène le roman en équilibre et en suspens. Car si ses origines sont assez rapidement annoncées, tout le cheminement psychologique de la famille constitue des inconnues surmontées l'une après l'autre. La relation tourmentée avec le père est également un axe fort du livre, un axe destructeur à petit feu... Le lecteur est très facilement happé dans les filets de cette naissance pas comme les autres, et la concision de l'ouvrage sait aussi laisser place à la réflexion: à découvrir. (SP)

12. L’aube sera grandiose, d’Anne-Laure Bondoux, Gallimard Jeunesse, 2017
Roman, dès 14 ans

Titania emmène quasiment de force sa fille adolescente Nine jusqu'à une cabane au bord d'un lac. La nuit tombe, et elle sera longue: il s'agit pour Titania de retracer, enfin, les origines de sa famille… La mère Rose-Aimée, les jumeaux Octo et Orion, le vélo, les amours et les déménagements, «un potage au tapioca avec des croquants poivrés et des tartines thon-tomates»: toute une filiation haute en couleurs, en anecdotes et en sentiments se dessine à Nine. Il faut dire que Titania, écrivain, sait s'exprimer avec le sens du rythme. Mais la jeune Nine est-elle prête à accueillir dans la réalité ces proches qu'elle ne soupçonnait pas?

Conteuse généreuse, Anne-Laure Bondoux possède le don trouble de raconter avec un panache de fiction ce qui pourrait très bien advenir dans le monde réel. Bien qu'elle ne soit pas le «je» de l'histoire, Rose-Aimée est LE personnage principal, femme supposément fragile qui se révèle forte pour défendre ses enfants. Au fil des pages, nous suivons donc l'enfance puis l'adolescence de Titania avec un plaisir jamais voyeur mais forcément empathique, en anticipant comme Nine sur les futurs événements.

Les révélations fortes interviennent assez tard, précipitant le pourquoi de la venue cette nuit-là à la fameuse cabane. Passé et présent se rejoignent alors, et l'auteure donne la main à la dernière génération avec un sens de la continuité parfait. Tout se passe comme si l'esprit d'une famille se heurtait, se perdait, se retrouvait, mais surtout se transmettait à travers les années et les enfants. Illustré de petits dessins de la fille d'Anne-Laure Bondoux, le roman est un faux page-turner qui dissimule une vraie et fine étude psychologique.

«Sans rien dire à personne, et grâce à ses seules économies, Rose-Aimée venait d'acheter cette étrange cabane, tout au bout du chemin, et tout au bord du lac. Isolé au milieu des arbres du plateau, le lieu devait servir, à l'origine, de poste d'observation pour des équipes d'ornithologues. Peu à peu, les ornithologues l'avaient délaissé, et il avait fallu qu'un drôle d'échassier dans le genre de Rose-Aimée vienne s'y percher pour lui redonner vie.» (p. 162) (SP)

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«Pour toute la vie... et même après» (©Milan), «La plus grande chance de ma vie» (©Rouergue), «L’aube sera grandiose» (©Gallimard Jeunesse)

Les chroniqueuses: Marie Barras (MB), Véronique Cavallasca (VC), Gaëlle Farre (GF), Valérie Meylan (VM), Déborah Mirabel (DM), Emmanuelle Pelot (EP), Sophie Pilaire (SP)


Image de vignette : image intérieure de Je t’aimerai toujours (©Les éditions des éléphants)